Deux ans après les événements du premier film, Laurie est toujours traumatisée, et vît maintenant chez son amie Annie et son père le shérif. Le docteur Loomis lui, profite un max de cette situation en publiant un nouveau livre. Mais Michael Myers n’est pas mort et en cette période d’Halloween, il est bien déterminé à retourner chez lui et à retrouver sa sœur.
Avis de Rick :
En 2007, Rob Zombie avait livré un remake du film culte de John Carpenter. Les avis étaient partagés, mais une chose est sûre, le remake semblait vouloir prendre une direction totalement différente de la saga originale, sans pour autant s’en éloigner totalement (cahier de charge oblige). Les fans en général ont criés au scandale face à certains changements. Le film, divisé en deux parties, nous dévoilait tout d’abord la jeunesse de Michael Myers, et l’humanisait au maximum (contrairement à ce qui avait été fait dans la saga dans les épisodes 4, 5 et 6). Cette partie était vraiment très réussie, visuellement, en termes d’ambiance. La seconde partie, s’occupant de remaker le film original, était de moins bonne facture, car bien plus classique et expéditive, et nous montrait un Michael Myers bien plus violent, et une fin laissant peu de chances à une suite.
Et pourtant, un Halloween 2 fut rapidement envisagé et une date de sortie prévue pour les Etats Unis : Août 2009. Rob Zombie ne devait pas être de la partie, et plusieurs scénaristes et réalisateurs ont tentés de donner suite à son remake. En vain. Rob finira par revenir, en écrivant et réalisant le film en un temps record, ce qui pouvait faire peur. Ce qui donna encore plus peur aux fans de la saga originelle, c’était le fait que Rob voulait justement s’en éloigner et donner sa vision personnelle de Michael Myers, pour de vrai cette fois, sans concessions. Enfin l’occasion de voir un épisode qui se démarque des autres, de mon côté, même si la saga pouvait déjà être divisée en trois catégories (les deux premiers opus, excellents, la trilogie plus fantastique et peu passionnante allant du 4 au 6, et les deux derniers opus post-scream, à la qualité relative). Rob Zombie emmène encore la saga ailleurs, et bien que ce nouvel opus fut très attendu, il fut accueillit très froidement par la presse et le public en Amérique, si bien qu’en France, il ne nous arriva que directement en dvd. Ce qui faisait d’ailleurs peur, au départ.
Hors, il n’en est rien, et je le rappelle, cette chronique ne représente que mon avis personnel. Mais si le film n’est pas exempt de défauts, Rob Zombie signe à mon goût le meilleur opus depuis le Halloween 2 original de Rick Rosenthal il y a presque 30 ans. Une réussite donc inespérée, qui fit crier bien des fans (tous ?), et dans un sens, je peux les comprendre. Mais lorsqu’on leur sort une suite banale, ils crient car il n’y a rien de neuf. Quand on change tout, ils crient également au scandale. Rob Zombie a bien compris que le tour de la saga et de l’histoire avait été fait avec les 8 épisodes originaux, et il nous offre donc enfin du changement. Et du gros changement. À la fin du précédent film, Laurie, en sang, tirait une balle dans la tête de Michael Myers. Fatal, sauf que dans le genre, le mal ne meurt jamais. Et là, pour le coup, Rob opte pour la facilité, il faut bien l’avouer. Les choses ne nous seront pas expliquées clairement (voir pas du tout), et l’ambulance transportant son corps heurte une vache (oui oui) en plein milieu de la route. Ce début ne donne pas vraiment envie d’aller plus loin, on se demande si le père Rob respecte le genre, le parodie, s’en moque ouvertement. Heureusement, passé ces quelques séquences, et même si les justifications sont minces, Michael revient, dans un passage d’une bonne vingtaine de minutes se déroulant dans un hôpital (hommage au Halloween 2 de l’époque), où sont Laurie et Annie, les deux survivantes du massacre, avec le docteur Loomis. Mais bien vite, cette ouverture, superbement mise en scène (photographie, grain, tournage en 16mm), s’avère être un rêve, et le film débute réellement, deux ans après les évènements. Et c’est bien là que commence la relecture totale de la saga par Rob Zombie, c’est là que pour les fans commence le carnage. Pourtant, Halloween 2, même s’il reste parfois maladroit dans le traitement de certaines idées, s’avère très intéressant.
Au niveau du scénario, Rob oublie donc tout ce qui a été fait et change tout. Pour le meilleur, et aussi parfois pour le pire (enfin le médiocre nous dirons). Ainsi, c’est une aventure totalement inédite n’ayant rien à voir avec les autres épisodes qui nous est proposée, et l’histoire n’a plus rien à voir également. Laurie est devenue accro aux médicaments, elle voit un psy, normal, après les épreuves qu’elle a endurée dans le premier opus, le fait d’avoir vu ses amis se faire tuer, de se faire poursuivre, et de perdre également sa famille. Le traitement de son personnage est donc tout à fait logique. Il en est de même pour Annie, l’autre survivante (une des grandes différences entre l’original et le remake, Annie survivait). Son traitement est intéressant, même si malheureusement, son personnage ne prend vie que dans les scènes avec Laurie. Il sera très peu exploité en dehors de ses conflits avec Laurie, ce qui nous donnera d’ailleurs des scènes intéressantes et bien trouvées, axant plus le film vers un côté réaliste et psychologique.
Scout Taylor-Compton, qui joue Laurie, s’en sort beaucoup mieux que dans le premier opus, elle est convaincante la plupart du temps, le traitement plus intéressant de son personnage devant y être pour quelque chose. Danielle Harris, qui revient pour la quatrième fois dans la saga, s’en sort également très bien, et Rob en profitera pour insérer des images de l’actrice jeune (elle jouait la nièce de Michael dans les épisodes 4 et 5) dans son métrage, images finalement touchantes, dans la version Director’s Cut. Mais les trois gros changements par rapport à la saga originale proviendront du traitement des personnages de Michael Myers, du docteur Loomis et du shérif Brackett. Dans les films originaux, le shérif n’était guère très important. Ici, son rôle prend de l’ampleur, et son personnage est sans doute un des mieux traités du métrage. Brad Dourif trouve son rôle le plus intéressant depuis des années ici (il apparaîssait la même année dans le remake (relecture) de Bad Lieutenant par Werner Herzog). Jusque là, le film effectue un sans faute, chacun de ses personnages étant bien développé et ayant au moins une scène sortant du lot.
C’est le reste qui choqua bien plus les fans de la saga. Le docteur Loomis, rescapé également du premier film, et toujours joué par Malcom MacDowell (Orange mécanique), change totalement. Il est devenu un homme avide de pouvoir et d’argent, profitant des tristes événements ayant eu lieu pour sa propre gloire. Si ce changement est plutôt intéressant, bien que paraissant parfois trop caricatural, et pourrait être tout à fait plausible, le changement brutal qui s’opère entre le Loomis du premier remake et le Loomis de cette suite est grand, bien trop grand. Si cela peut décevoir, choquer ou autre, autant dire que ce changement apporte tout de même quelques grandes scènes, notamment une séance de dédicace. Rob voulait rendre son docteur Loomis détestable, il réussit, de sa première scène à sa dernière. Et Myers dans tout ça ? Rob change encore une fois tout, et tente d’humaniser au maximum son personnage, si bien qu’il n’a absolument plus rien à voir, si ce n’est le couteau et le masque. Pourtant, son masque, Michael ne le portera pas tout le temps, marchant durant quelques séquences à visage découvert. Myers est devenu une sorte d’âme errante, au look de clochard, avec sa barbe, sa capuche et son… couteau. Changement n’ayant donc rien à voir avec le Myers d’avant. Ici, il crie, il grogne, il est extrêmement violent. Les scènes de meurtres justement, venons en. Myers n’aura jamais été aussi violent. Aussi à l’aise avec un couteau qu’à mains nues, il trucide pratiquement tous ceux qu’ils croisent. Le nombre de morts doit tourner autour de 20, pour le plus grand plaisir des amateurs d’hémoglobine, et si certains meurtres restent très classiques, voir convenus (le meurtre lors de la soirée, dans le van, scène rappelant d’ailleurs quelque peu Halloween 6), le reste fonctionne parfaitement. Si ce n’est que certains meurtres, notamment dans la première partie, ne se justifient pas. On pensera aux meurtres dans le champ, ne servant vraiment à rien, mais ceux là auront au moins le mérite d’être réussis, violents, et très bien mis en scène. Le constat est donc plutôt bon pour le moment, si ce n’est certains passages injustifiés par le scénario, et donc totalement gratuits.
Malheureusement l’ensemble du film souffre parfois un peu trop de ce déséquilibre, entre les scènes plus intimes concernant Laurie, avec Annie, le shérif, ou bien sa psychologue (Margot Kidder), et ses meurtres gratuits du à l’errance de Michael. Même les séquences de Loomis semblent parfois trop isolées par rapport au reste, mais rapidement, son personnage prend de l’importance pour la suite de l’histoire, notamment au niveau du traitement du personnage de Laurie. Et dans tout ça, pourquoi Michael revient-il encore ici pour s’en prendre à sa sœur ? Rob tentera de nous l’expliquer, en faisant revenir sa mère (Sheri Moon Zombie) d’entre les morts. Si ces scènes purement fantastiques tranchent avec le côté réaliste du reste du film, et que les raisons de ce retour restent bien minces (« Il faut réunir la famille Michael »), il faut bien avouer que l’intention est louable, et que Rob Zombie balance la mythologie d’Halloween au sein de son propre univers, avec persos destroys, marginaux, le tout dans une ambiance très sombre et vulgaire, avec des scènes totalement surréalistes. Et puis, ces baisses scénaristiques sont palliés par la mise en scène de Rob, absolument sublime et maîtrisée de bout en bout. Le bonhomme a fait des progrès depuis le premier film, c’est indéniable, et chaque plan de son métrage est un pur plaisir pour les yeux. Nerveuse et découpée pour les scènes de meurtres ou de poursuites, plus posée pour les scènes intimistes, rien à redire, Rob a maîtrisé son film, et ce en un temps record (à peine un an entre l’écriture et la sortie cinéma). La dernière demi-heure du métrage sera une partie très intéressante, mélangeant malheureusement trop les bonnes idées (la scène finale, le traitement du shérif, Annie) aux mauvaises (Michael retournant une voiture à mains nues, la fête). Halloween 2 souffre donc de ce déséquilibre scénaristique, au service d’une mise en scène bien aiguisée. Autre point pouvant décevoir bien des fans, le score musical de Tyler Bates, ne reprenant aucun des thèmes originaux, préférant reprendre certains passages d’ambiance du précédent remake, et développant de nouveaux morceaux très réussis. Preuve de plus que Rob veux s’éloigner de la saga et nous livre sa vision personnelle, on accroche, ou pas du tout. Pourtant, si on parvient à rester objectif et à mettre de côté certaines différentes avec le mythe de base qui oui, fait hurler les fans, Halloween 2 est une excellente suite au remake, le meilleur opus depuis longtemps.
Titre : Halloween II
Année : 2009
Durée : 1h45 (version ciné), 2h (version Director’s Cut)
Origine : U.S.A.
Genre : Slasher
Réalisateur : Rob Zombie
Scénario : Rob Zombie, d’après l’oeuvre de John Carpenter et Debra Hill
Acteurs : Malcom MacDowell, Scout Taylor-Compton, Tyler Mane, Sheri Moon Zombie, Danielle Harris et Brad Dourif