[Film] Golden Kamuy, de Kubo Shigeaki (2024)

Sugimoto Saichi est un héros de la guerre russo-japonaise de 1904-1905. Après la guerre, il apprend alors l’existence d’un trésor de 75 kg d’or accumulé par les Aïnous et caché à Hokkaidō. Ce dernier réalise que des tatouages de prisonniers permet de localiser le trésor.


Avis de Rick :
Golden Kamuy, sans même le savoir, il suffit de jeter un œil à son visuel pour comprendre que c’est une adaptation de manga, et d’animé. Et à ce jeu-là, j’admets sans honte avoir un peu laissé tomber l’animation Japonaise, bien que je me laisse parfois aller à quelques séries, sur les conseils d’amis avisés (et connaissant un minimum mes goûts). Tout ça pour dire que Golden Kamuy, mon premier contact avec le film fut le trailer diffusé au cinéma, à Roppongi, juste avant la projection de Godzilla Minus One en Novembre dernier. Sans être totalement emballé, le spectacle avait l’air honorable et divertissant. J’ai commencé à mesurer l’ampleur du phénomène en voyant des dizaines de cosplayers différents aux couleurs des personnages lors de mon passage fin Décembre 2023 au Comiket, plus grand salon du Japon. Du coup, j’étais un peu plus curieux, surtout que le casting mettait en avant Yamada Anna, qui m’a toujours semblé bonne actrice, avec des choix parfois intéressants (Liverleaf). Il n’aura donc fallu qu’attendre la sortie du film en physique et digital au Japon (et apparemment, sur Netflix ailleurs) pour juger. Et au final, c’était bien sympathique en effet, bien que parsemé de petits et gros défauts, certains inhérents au genre (l’adaptation de manga). Mais par contre, ce que personne ne nous dit, c’est que Golden Kamuy, c’est surtout une immense introduction de deux heures. Pas de résolution de l’intrigue, non, le trésor que nos personnages cherchent n’est toujours pas trouvé à la fin, le vilain très méchant n’est pas vaincu, tout ça est en suspens, pour un possible second épisode. En l’état, espérons que ce second opus débarque en effet, car n’avoir qu’un début d’histoire et devoir passer sur un autre média pour avoir la suite, c’est pas cool. Golden Kamuy donc, qu’est-ce que c’est ?

Dans les faits, c’est très simple. L’ancien soldat Sugimoto Saichi, quasiment immortel vu ses faits d’arme lors de la guerre (au moins, le côté souvent immortel des héros de manga se retrouve au cœur même de l’intrigue pour une fois, pour s’en amuser) va faire équipe avec Asirpa, une Ainu qu’il rencontre par hasard, pour retrouver un gros magot. Pour le retrouver, il va falloir mettre la main sur des prisonniers en fuite, puisque la carte menant au trésor a carrément été tatouée à même la peau des prisonniers. Sauf qu’ils ne sont pas les seuls à être après le trésor. Alors, sans épiloguer pendant des heures, Golden Kamuy se regarde facilement. On sent qu’il y a du budget, ce qui nous donne une belle reconstitution d’époque, des combats dynamiques, de nombreux décors où se trouvent une multitude de figurants. Visuellement, le travail de caméra et de photographie ont de la gueule. Le ton est souvent léger, sans pour autant oublier d’être parfois violent quand il le faut, et c’est toujours appréciable, même s’il n’y a rien de réellement choc. L’intrigue commence très rapidement, et on est vite lancé aux côtés de Sugimoto l’immortel et de Asirpa, qui se révèlent plutôt attachants en plus. Leur dynamique fonctionne très bien à l’écran d’ailleurs, ce qui nous pousse à vouloir en savoir plus, à les suivre pour les voir réussir. Un bon gros point oui. Mais si visuellement, c’est propre, dynamique, souvent avec pas mal d’action (des poursuites, des combats, des fusillades, des explosions), il faut aussi dire que dès que le film a besoin d’utiliser l’imagerie numérique, ça pique déjà un peu plus les yeux. Enfin, il faut néanmoins modérer tout ça, car tout dépend en réalité de l’élément en CGI. Très tôt, un ours vient attaquer les personnages, et à ma grande surprise, et bien il était plutôt bien fait. On se doute qu’il est numérique, mais rien qui ne vient réellement choquer ou nous sortir du film. Là, Golden Kamuy fait mieux par exemple que Prey sur Disney +. Mais l’instant d’après, quand un grand loup blanc débarque, ça le fait beaucoup moins, et on a immédiatement l’impression de voir un loup qui se serait évadé d’un dessin animé.

Je caricature et exagère un poil, mais on n’en est pas loin par moment suivant les plans, tant la bête manque totalement de naturel. Alors, le film ne se prenant pas toujours au sérieux, on n’a pas envie de lui taper dessus pour ça, mais tout de même. Le contraste entre le loup et l’ours est flagrant. Et le reste ? Hautement divertissant, sauf lorsque l’on se rend compte qu’il ne reste plus beaucoup de temps au compteur, et que l’intrigue est très loin d’être résolue. D’ailleurs, le grand méchant de l’intrigue arrive assez tardivement dans le récit du coup, et il manque de caractérisation. Au-delà de nos deux héros, c’est souvent le cas. Et puis oui, il n’y a pas de réelle fin, et ça, c’est bien le plus grand défaut du métrage. On s’attache aux personnages, on veut les voir réussir, on suit l’aventure avec amusement (certains gags font vraiment mouche), les combats ont de la gueule, et puis le film s’arrête, de manière totalement abrupte. Certes, il ne se termine pas totalement sur un cliffhanger, mais plutôt sur du développement de personnage (développement plutôt réussi d’ailleurs dans le fond), mais ça n’en reste pas moins du coup un final assez amer. Un peu comme si Dune Partie 1 n’avait jamais eu de Partie 2. Du coup, on ne peut qu’espérer voir débarquer un Golden Kamuy 2 très prochainement, histoire d’avoir la fin de l’aventure, en espérant que le métrage ne nous fasse pas le même coup une seconde fois. Difficile du coup de vraiment conseiller le métrage. On y passe un très bon moment, tout en restant clairement sur notre faim au bout du compte. Divertissant, prenant amusant, frustrant. Le film devrait malgré ses faiblesses trouver son public.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un film d’aventures plaisant
♥ Rythmé
♥ La dynamique entre les deux personnages
♥ L’humour fonctionne bien
♥ L’action de bonne tenue
⊗ Des CGI inégaux
⊗ Manque de caractérisation des méchants
⊗ Juste une première partie en réalité
note2
Golden Kamuy, c’est très sympathique, rythmé, amusant par moment, violent à d’autres. Bref, on passe deux heures plaisantes, avant de comprendre que l’on n’aura pas le fin mot de l’histoire ici.


Titre : Golden Kamuy – Gôruden Kamui – ゴールデンカムイ
Année : 2024
Durée :
2h08
Origine :
Japon
Genre :
Aventures
Réalisation :
Kubo Shigeaki
Scénario :
Kuroiwa Tsutomu d’après le manga de Noda Satoru
Avec :
Yamazaki Kento, Yamada Anna, Yamoto Yûma, Maeda Gordon, Ohtani Ryôhei, Yanagi Shuntarô, Takagi Katsuya, Kiba Katsumi, Ôkata Hisako et Makita Sports
Golden Kamuy (2024) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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