A la fin de la seconde guerre mondiale, Shikishima Kôichi, un pilote kamikaze, est l’un des seuls survivants de l’attaque de Godzilla sur une petite île. De son retour au pays, Kôichi souffre de trauma, de culpabilité, et s’installe avec Noriko, avec qui il adopte une petite fille qui a perdu ses parents durant les bombardements. Godzilla refait alors surface.
Avis de Rick :
Autant le dire tout de suite, et même si ceux qui viennent souvent sur ce site le savent, je suis un grand fan de Kaiju Eiga, et donc un grand fan de Godzilla. Tout en reconnaissant que tous les films ne sont pas bons, car Fukuda Jun aura fait énormément de mal au roi des monstres durant les années 60, en lui donnant un fils, en lui faisant affronter Jet Jaguar, Megalon et j’en passe. Autant dire que vivant maintenant au Japon, l’opportunité de voir Godzilla sur grand écran était grande, et à ne pas rater. Quelques jours à peine après sa sortie, j’y étais, confortablement installé au cinéma de Roppongi, prêt à en prendre plein les yeux, plein les oreilles, et à être conquis. Surtout qu’après passage en festival, et avec les premiers retours Japonais, l’espoir est là, ce Godzilla est même l’un des mieux noté de toute la saga. Pourtant, je suis à la fois totalement conquis par certaines choses, intrigué par d’autres, et déçu par certains éléments. Godzilla Minus One fait en tout cas un choix qui n’avait jamais été fait dans la saga, à savoir être un film d’époque, se déroulant juste après la seconde guerre mondiale. En ce sens, l’on pourrait même dire que le métrage est une relecture du Godzilla original. Ce côté relecture, on ne le retrouve pas que par la période où se déroule le métrage (de 1945 à 1947), mais aussi par la volonté du métrage, passé son ouverture qui en met déjà pleins les yeux, de retarder le retour de la bête, de nous faire patienter, de nous le faire craindre en réalité, exactement comme le personnage principal, survivant de la première attaque, et traumatisé depuis. Mais bon, avant de parler de ce qui nous intéresse tous, à savoir Godzilla et la destruction, parlons de tout ce qui entoure le roi des monstres, car il y a beaucoup de choses à dire. Des bonnes, des un peu moins bonnes, mais rien qui ne fasse du film un mauvais film. Passé donc une première attaque, le métrage va s’axer en premier lieu, pendant quasiment une bonne heure, sur les personnages humains.
Il y a donc le survivant, Kôichi, souffrant du trama, de la culpabilité également, surtout qu’il est, à la base, censé être un pilote kamikaze, qui a donc échoué puisqu’il est toujours en vie. L’idée du personnage, de son trauma, de son installation avec Noriko avec qui il a une relation platonique, l’adoption d’une petite fille orpheline après la guerre, tout ça, c’est du tout bon sur le papier. Nous avons là enfin un Godzilla qui s’axe sur un tout petit groupe de personnage, et les développe, contrairement à beaucoup d’opus (bons ou pas). Beaucoup de choses sont intéressantes dans le propos, dans le développement. Là où ça coince malheureusement un peu à ce niveau, c’est dans l’interprétation. Kôichi est interprété par Kamiki Ryunosuke, que l’on avait vu affronter Kenshin dans les opus 2 et 3, avant de faire un petit retour dans le quatrième film, ou dans la dernière adaptation de XXXholic. Le rôle qu’on lui donne, l’alchimie qu’il doit avoir avec les autres, les émotions qu’il doit véhiculer, on a parfois l’impression que c’est un peu trop pour lui. Lors de certaines scènes, il parvient à être convaincant et à rester sobre, alors qu’à d’autre, il manque quelque chose. À l’opposé, j’ai trouvé Hamabe Minami (Shin Kamen Rider) très convaincante dans le rôle, même si le scénario lui fait parfois prendre quelques décisions étranges, notamment lors d’une scène clé, qui m’aura du coup fait un poil sourire, en me disant que non, la situation aurait pu être évitée très simplement. Tout ça, c’est un peu dommage pour un film qui veut autant mettre ses personnages en avant. Rien qui ne rende le film pleinement mauvais, mais un casting qui sent parfois un peu plus le choix de studio pour avoir des têtes d’affiche bankable plutôt qu’un choix de réalisateur en tout cas. Ou alors, c’était un peu trop pour le réalisateur d’écrire le scénario, réaliser, mais aussi s’occuper des CGI. Car venons-en au cœur du film, Godzilla.
Autant le dire, les scènes où Godzi apparaît sont pour la plupart excellentes, la bête est majestueuse, impressionnante, et d’ailleurs, en sortant de la séance, on se sera dit, un ami et moi, que le Japon pour le coup a fait de gros progrès visuellement, en CGI. C’est très propre, beau, un soin particulier a été porté à la fois à Godzilla, à la destruction environnementale et aux explosions. Cerise sur le gâteau, vu dans de bonnes conditions (donc, au cinéma avec le son qui pète), chaque utilisation du rayon atomique de Godzilla donnera des petits frissons aux fans. C’est simplement grandiose, et la caméra sait parfaitement capturer et iconiser le monstre, si bien que c’est un réel plaisir pour les yeux. Certes, du coup, les apparitions de Godzilla ne sont pas si nombreuses, mais incroyablement marquantes. Il est de nouveau la bête destructrice de l’après-guerre qui vient terroriser. Et comme le film a l’audace de se terminer sur un deus ex machina qui est au final tout sauf un vrai happy ending, on a bien envie de lui pardonner ses défauts. Ils sont présents, on les voit, mais en fonction de notre affinité avec le genre, et de ce que l’on est venu chercher, ça nous donne pile ce que l’on attendait avec un sérieux à toute épreuve. Dans le fond, sans doute plus simpliste et direct que Shin Godzilla, mais tout aussi efficace. Et petite mention pour la musique, signée Satô Naoki (qui avait déjà fait du bon boulot sur Parasyte pour le même réalisateur, et sur la saga Kenshin), qui livre une partition très sombre et grave, en adéquation avec le film donc, en plus de reprendre forcément le fameux thème iconique d’Ifukube.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Godzilla, qu’il est beau ♥ Des scènes impressionnantes ♥ Une mise en scène qui sait iconiser sa créature ♥ Des idées intéressantes ♥ Un film sombre et sérieux |
⊗ Un casting pas parfait vu l’ambition du script |
Godzilla Minus 1 fait un sans-faute en ce qui concerne Godzilla en lui-même. C’est impressionnant, jouissif, parfaitement filmé. Au niveau du reste, le scénario a pas mal d’ambitions et d’idées, et c’est louable, même si tout ne fonctionne pas toujours. |
Titre : Godzilla Minus 1 – ゴジラ-1.0
Année : 2023
Durée : 2h05
Origine : Japon
Genre : The king is back
Réalisation : Yamazaki Takashi
Scénario : Yamazaki Takashi
Avec : Kamiki Ryunosuke, Hamabe Minami, Yamada Yuki, Aoki Munetaka, Yoshioka Hidetaka, Ando Sakura et Sasaki Kuranosuke
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