Des extraterrestres, venus d’un système nébulaire détruit, planifient l’invasion de la planète Terre en prenant comme couverture un parc d’attractions pour enfants. En réalité, la tour Godzilla qu’ils ont construit leur sert à contrôler Gigan et King Ghidorah qui détruisent tout sur leur chemin. Godzilla et Anguirus tentent d’arrêter les deux monstres de l’espace.
Avis de Rick :
En 1971, la Toho avait fait appel à un nouveau réalisateur, un débutant, pour donner suite aux aventures de Godzilla et donner un second souffle à la saga. La mission était accomplie haut la main, entre son message écolo, la noirceur de son propos, le psychédélisme de son visuel. Mais la Toho fut très mécontente du résultat, et Godzilla contre Hedora 2 fut annulé, et le réalisateur chassé loin de la saga. Oui, ça se passe comme ça. Du coup, la Toho ne perd pas de temps pour lancer la production d’un nouvel opus, et voilà qu’ils vont nous rechercher Fukuda Jun pour la mise en scène, déjà responsable de Ebirah en 1966 et surtout du Fils de Godzilla en 1967. Oui sa participation à la saga n’aura pas été glorieuse, entre l’invention de Kaijus ratés (Ebirah) et un des opus les plus enfantins de la saga, mais tant que ça marche, la Toho ne se pose pas de questions, surtout que c’est l’assurance d’avoir là un métrage visant un plus large public que le précédent. Du coup, retour à un ton très léger, peu de risques, retour de Kaijus appréciés et bien connus (Anguirus, King Ghidorah), création d’un Kaiju peu inspiré mais qui pourtant sera un des préférés des fans avec Gigan, et une histoire peu inspirée et surtout peu originale. Oui, après Hedora, pas parfait mais qui prenait des risques, la saga régresse. Il suffit de jeter un œil à l’histoire pour s’en rendre compte. Un parc pour enfants, des envahisseurs très méchants qui veulent anéantir la Terre (ouais encore), Godzilla protecteur de la Terre. On commence à connaître la formule, même si celle-ci est épuisée. Car oui, les envahisseurs vont encore une fois contrôler les Kaijus pour s’en sortir, et vont encore envoyer King Ghidorah.
Seule réelle nouveauté au programme donc, Gigan, Kaiju assez improbable, avec sa crête, ses mains en forme de crochets, sa scie circulaire sur le thorax, son œil rouge unique lui donnant un air de cyclope, oui comme le fameux X-Men, d’ailleurs il lancera un rayon avec son œil aussi. Surprise également, Godzilla, sauveur de la Terre, se traîne partout son second, Anguirus, un peu comme dans un mauvais film de kung-fu où le vieux maître est toujours suivis par son second un peu boulet sur les bords. Sinon, rien de bien neuf à l’horizon avouons le. Cet opus n’est certainement pas le pire, mais n’est absolument pas dans les meilleurs non plus. Il faut dire qu’entre son ton enfantin qui nous fera souvent lever un sourcil (encore), et l’usage de plans venant des films précédents, ça sent le produit fait à la va vite pour continuer la saga alors que personne n’avait d’idées. C’est l’impression que l’on a. La première heure va faire basiquement ce que la saga fait souvent. À savoir une trop longue introduction. Les personnages sont peu intéressants, le ton est léger, notre héros est un dessinateur de manga, ce qui permettra au film d’insérer une idée fort étrange dans le récit. Oui, Godzilla, toujours avec Anguirus donc, parle maintenant. Enfin, parle… Les monstres se parlent en émettant un son de vinyle 33T rayé depuis des années, et ce qu’ils se disent s’affiche à l’écran dans des bulles façon manga. Une idée improbable qui pourra faire rire dans une première heure au final calme et peu intéressante.
L’amateur de Kaijus devra lui véritablement attendre la dernière demi-heure pour que le film se réveille. Malheureusement, là aussi le résultat n’est pas fameux. Entre les stock shots de King Ghidorah venant de ses précédentes apparitions (et donc pas forcément raccord avec le reste), un Gigan improbable, Anguirus qui basiquement passe la demi-heure à se prendre des coups et à finir au sol pour se relever et ainsi de suite, le spectateur n’aura pas grand-chose à se mettre sous la dent. Certes le combat en lui-même sera long, et donc dans un sens généreux, mais quand l’ensemble n’est pas fameux, un combat long peut se révéler ennuyeux. Car Fukuda Jun n’est pas un réalisateur de génie, le montage peine à dynamiser l’ensemble, certains plans sont même ridicules, lorsque l’on verra Gigan prendre la pose à côté de King Ghidorah par exemple. Curiosité par contre, pour la première fois, nous verrons Godzilla saigner. Lorsque Gigan le chargera et parviendra à le blesser avec la scie circulaire au niveau de sa poitrine, Godzilla saignera ! Et oui, il est plus humain, plus gentil, et donc plus vulnérable. Autre moment ridicule qui restera dans les mémoires, l’apparence des envahisseurs une fois vaincu, qui ne sont en réalité que des cafards qui parlent. Oui, on tombe bas, et la saga n’a plus peur du ridicule depuis le temps. Un mauvais opus de plus pour la saga et pour Fukuda. Reste quelques rires, l’introduction de Gigan, improbable, parfois ridicule, mais qui a son charme.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Gigan ♥ On rigole parfois |
⊗ Un ton toujours enfantin ⊗ Les stocks shots des précédents ⊗ Des idées ridicules ⊗ Un combat au final trop long |
Plutôt que d’innover, la Toho fait revenir Fukuda Jun dans la saga, et livre un opus inutile, qui rappelle en moins bien tout ce qui précédait. On se souviendra surtout de Gigan, et on se dira que le pire vient juste ensuite… |
Titre : Godzilla contre Gigan (Objectif Terre, Mission Apocalypse) – Chikyū Kōgeki Meirei: Gojira tai Gaigan – 地球攻撃命令 ゴジラ対ガイガン
Année : 1972
Durée : 1h29
Origine : Japon
Genre : Kaiju Eiga
Réalisation : Fukuda Jun
Scénario : Kimura Takeshi et Sekizawa Shinichi
Avec : Ishikawa Hiroshi, Umeda Tomoko, Hishimi Yuriko, Takashima Minoru, Fujita Zan, Nishizawa Toshiaki, Murai Kunio et Shimizu Gen
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