Lorsqu’une mission audacieuse conduit une équipe de sous-marins de haute mer dans une ouverture mystérieuse au fond de l’océan, ils découvrent un monde sous-marin perdu et réveillent son ancienne race d’êtres d’un autre monde.
Avis de Cherycok :
Vous connaissez Dark Temple Motion Picture ? Non ? Dark Temple Motion Pictures est une boite de production indépendante anglaise créée en 2016 et spécialisée dans les films d’horreur à petit budget. Soit leurs films sont réalisés sur commande à partir d’un concept / idée spécifique d’un acteur de l’industrie, soit ce sont des histoires originales bien de chez eux. Leur principe est simple, réaliser plusieurs films chaque année, puis les vendre à l’international soit en format physique, soit en VOD / SVOD. On leur doit des bobines telles que Death Ranch, Werewolf Castle ou encore Escape From Cannibal Farm. Ils ont également produit des films dans l’univers de Cthulhu, comme Freeze, The Barge People, et donc Gods of the Deep, le film du jour. L’œuvre de Lovecraft est tombée dans le domaine public. Enfin, pas complètement. Bref, c’est compliqué. Quoi qu’il en soit, j’adore l’univers, je masterise même depuis de nombreux mois des campagnes de L’Appel de Cthulhu, un jeu de rôle tiré de l’univers de Lovecraft. Donc forcément, un film qui met sur son affiche un simili Cthulhu, ça titille ma curiosité. Et même si la note de 3.2/10 sur IMDB me faisait craindre le pire, j’espérais éviter le navet et tomber sur un nanar. Les Grands Anciens semblent m’avoir entendu car Gods of the Deep est un putain de nanar, un comme on n’en fait plus depuis très longtemps ! J’ai ri, mais j’ai ri !
L’univers de Lovecraft est tellement vaste que beaucoup de petites productions y voient là un terrain propice aux bobines horrifiques diverses et variées. Charlie Steeds, à la barre de quasiment toutes les productions Dark Temple Motion Pictures, réalise ici un tout petit film fauché jouant la carte du cinéma horrifico-fantastique. Quand on n’a pas d’argent et qu’on veut par exemple faire un slasher, pourquoi pas. Mais quand on n’a pas d’argent et qu’on se lance dans une bobine avec des sous-marins, des fonds marins, et des créatures extraterrestres, c’est prendre le risque de paraitre complètement cheap. Les décors sont ce qu’ils sont, c’est-à-dire qu’on a l’impression que les acteurs errent dans une escape game, et pas des plus réussies. Bandeaux leds de chez Action, des tuyaux en PVC, de la tôle, des écrans mal branlés, des panneaux avec plein de boutons, du ruban adhésif de scène de crime, une échelle pliable en aluminium léger de chez Brico Dépôt, un couvercle de poubelle en guise d’écoutille (qu’ils ont en plus installé à l’envers) … Oui, le cheap est clairement là, mais à l’instar de ces productions SF fauchées qui ont fait suite à Alien dans les années 80, on retrouve ce même charme désuet et surtout les mêmes fous-rires lorsqu’on fait arrêt sur image et qu’on voit sur le même plan un mec en surjeu, du scotch mal collé, ou encore un rideau de perles dans une des pièces. Oui, un rideau de perles dans un sous-marin ! Tout de ce qui est censé être un sous-marin et un rover à la pointe de la technologie, semble avoir été construit avec du matériel de récupération à bas prix ou avoir été réalisé par un enfant pour son projet scientifique de fin d’année. Les films The Asylum ressemblent à des putains de chefs d’œuvres à côté de cette bobine. On sent que le film fait de son mieux pour surmonter ce budget riquiqui, mais il ne gruge personne. Qui dit tout petit budget dit casting composé d’inconnus. Et ici, ils sont parfois en roue libre totale. On sent le tournage rapide sans réelle direction d’acteur, avec une mention spéciale pour le héros qui semble avoir ingurgité trop de Red Bull et qui passe son temps avec les yeux écarquillés.
Le film est court, 1h14 au compteur génériques compris, et si on met de côté les 15 premières minutes un peu longuettes, il trouve son rythme. Film de petites pièces et de couloirs, budget oblige, il tente d’instaurer une ambiance claustro et y arrive par très petites doses. Mais la plupart du temps, on ne peut s‘empêcher de regarder les décors autour des personnages et de voir la pauvreté de l’ensemble. Le design et même la conception de la créature sont plutôt réussis, avec un look très ressemblant à Cthulhu sans qu’il ne soit jamais cité, et on sent que le film mise beaucoup sur elle. Tout le monde semble en être conscient, et ils savaient très bien qu’il ne fallait pas qu’ils se loupent sur ce point-là. Bon, on voit bien que c’est un mec en costume, que ses « ailes » en tissu auraient pu être repassées un peu mieux, qu’il fait un bruit de baleine, et que la seule chose qu’il fait c’est juste agiter les mains et la tête (pour faire bouger ses petits tentacules en caoutchouc qui lui servent de menton), mais c’est peut-être le truc visuel le mieux fait du film. Le scénario se torche le fion avec les principes scientifiques, par rapport à la pression sous-marine par exemple, personne ne semble s’inquiéter de la fuite et de l’eau qui pénètre dans le sous-marin, mais bon, en même temps, quand on s’allume une clope dans un sous-marin à 37000 pieds de profondeur ou qu’on tire à l’intérieur avec une mitraillette, faut pas trop être regardant sur le QI des personnages. Le travail de caméra est acceptable mais dès que l’action se lance, à mi-film, lorsque ça devient une bobine horrifique plus classique (avec quelques moments gores) le réalisateur se contente d’agiter sa caméra. Soit il se dit « ouais, trop cool l’effet que ça fait », soit juste il ne sait pas comment filmer et il panique. J’ai plus l’impression que ça permet de cacher la misère. Tout ça pour dire qu’il ne faut pas se laisser avoir par l’affiche du film. On pourrait croire à un film qui genre Abyss (1989), mais on est clairement plus proche d’un ersatz de Alien italien du début des années 80 réalisé avec le budget café de Abyss. Ça fera plaisir aux amateurs de mauvais films qui font rire, car on rigole beaucoup du film, mais les gens normaux se sentiront sans doute souillés par ce Gods of the Deep.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le design de la créature sous-marine ♥ Plutôt rythmé ♥ Et wouala ! |
⊗ Les décors en carton-pâte ⊗ Des acteurs en roue libre ⊗ Qu’est-ce qu’on se marre ! ⊗ L’action ⊗ Les dialogues horribles |
Note : Note nanar : |
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Mélangez Underwater et Alien, ajoutez-y une pincée de H. P. Lovecraft, le tout avec un budget plus que famélique, et vous obtenez Gods of the Deep, un nanar de compétition comme on n’en faisait plus depuis longtemps. J’ai ri, mais j’ai ri ! |
Titre : Gods of the Deep / Les Dieux des Profondeurs
Année : 2023
Durée : 1h14
Origine : Angleterre
Genre : Cthulhu version Wish
Réalisateur : Charlie Steeds
Scénario : Jerome Reygner-Kalfon, Sebastien Semon, Charlie Steeds
Acteurs : Derek Nelson, Makenna Guyler, Kane Surry, Tim Cartwright, Rory Wilton, Rowena Bentley, Chris Lines, Lisa Gorgin, Rosie Edwards, David Lenik, Scot Scurlock