[Film] Game Night, de John Francis Daley et Jonathan Goldstein (2018)


Toutes les semaines, Max et son épouse Annie, tous deux très compétiteurs, organisent une Soirée Jeux avec tous leurs amis. Cette semaine, cependant, la soirée se tient chez Brooks (Kyle Chandler), le frère de Max, un homme séduisant et riche à qui tout réussit. Seulement voilà : Brooks a engagé une entreprise spécialisée dans les jeux de rôle, pour simuler son enlèvement, et embarquer ses invités dans une murder party ultra-réaliste. Mais les apparences sont trompeuses, et bien vite, Max et Annie comprennent que les deux kidnappeurs de Brooks sont de véritables criminels…


Avis de Cherycok :
Il y a des films qu’on garde pour plus tard, qu’on sait qu’on regardera quand certaines conditions seront remplies. Les films trop longs et un peu lents, on garde ça quand on n’a pas de sommeil à rattraper et qu’on ne risque pas de s’endormir devant. Les films d’horreur et les nanars, je garde ça pour quand je suis tout seul. Oui, ma femme Iris n’est clairement pas très friande de ce genre de marchandise. Et puis il y a les films qu’on garde pour quand on est crevés, ou qu’on a un coup de mou, pour telle ou telle raison. On les sort à ce moment-là histoire de voir un truc léger, ou fun, ou les deux à la fois. Et c’est ainsi que nous nous lançâmes dans Game Night, un film qui après visionnage de la bande annonce n’avait rien d’exceptionnel mais qui semblait remplir le cahier des charges. Mais parfois, il ne faut pas se fier aux apparences car dans le film qui nous intéresse ici, le résultat est bien plus drôle qu’on aurait pu l’imaginer. Bien entendu, ce n’est pas du grand cinéma, ça n’en a d’ailleurs pas la prétention, mais Game Night est le genre de petit film très divertissant, très sympathique, où tout le monde s’amuse comme des petits fous, nous y compris.

Réalisé par les scénaristes de L’Incroyable Burt Wonderstone, Comment Tuer Son Boss ou encore Spiderman Homecoming, Game Night fait partie de ces films à concept qu’on a vu déferler après le succès mondial de Very Bad Trip. Ici, tout va tourner autour du jeu de société, même si cela n’est qu’un prétexte pour inclure dans le film du mystère, de l’action, et surtout beaucoup de comédie. Humour absurde, burlesque, et même noir, le film va jouer sur les mécaniques du polar, voire du thriller, et s’en amuser. Il va jouer également sur les quiproquos possibles entre le jeu de rôle, qui sera l’élément déclencheur de l’histoire, et la réalité. Les deux réalisations semblent avoir envie de raconter quelque chose de différent, et leur mécanique semble très bien rôdée. Même si la mise en place est un poil longue, mais nécessaire pour nous présenter les personnages, le film s’emballe soudain et la comédie prend tout son sens. Un peu comme si tous les personnages attendaient le coup de feu pour se lancer dans moult péripéties. A partir de là, le rythme ne faiblit que rarement. Les situations rocambolesques vont s’enchaîner, l’histoire va aller de surprise en surprise, de retournement de situation en retournement de situation. On a parfois l’impression que tout n’est que prétexte pour enchaîner les moments cocasses, et au final le scénario n’est jamais crédible car une telle situation est improbable. Néanmoins, on ne lui en tient que peu rigueur car l’ensemble fonctionne sans réel accroc. Certes, l’ensemble est au final assez prévisible, et le suspense ne pointe que rarement le bout de son nez. Mais les réalisateurs ont la bonne idée d’injecter pour les vingt dernières minutes un nouveau personnage, et en quelques sortes relancer le scénario, avec du coup un nouveau dénouement, lui aussi prévisible, il est vrai, mais néanmoins très fun.

Game Night fonctionne en partie grâce à son casting impeccable et les personnages qu’ils interprètent. Ils sont volontairement clichés, entre le jeune Ryan et son attrait pour les bimbos écervelées, le black jaloux, le couple qui n’arrive pas à avoir d’enfant ou encore le frère qui a tout vu tout vécu, mais c’est ce qui fait au final leur force, car les acteurs mettent tout en œuvre pour nous faire rire. Et ça marche ! Mention très spéciale pour Jesse Plemons (Paul, The Irishman), accessoirement sosie hallucinant de Matt Damon, tout simplement parfait en voisin ultra space et malaisant depuis que sa femme l’a quitté. L’alchimie entre eux est visible immédiatement et elle est à l’origine de bon nombre de scènes improbables.
Tout ceci serait bancal sans une réalisation qui tient la route et on sent que John Francis Daley et Jonathan Goldstein ont essayé de faire les choses bien. Le montage est des plus dynamiques, le film fourmille d’idées de mise en scène, et se permet même un (simili) plan séquence du plus bel effet lors de la scène de l’œuf de Fabergé. Est-ce que ce plan séquence est un hommage à Quentin Tarantino (qui aime bien ce genre de procédé, à qui les deux réalisateurs rendent hommage à deux reprises (pour Pulp Fiction et Django Unchained), je ne sais pas. Mais une chose est sûre, c’est que les clins d’œil / hommages sont nombreux et que les deux réalisateurs semblent être des férus de cinéma, voire de pop culture de manière générale. Mais bien que certains de ces clins d’œil soient bien amenés et souvent funs, d’autres arrivent parfois comme un cheveu sur la soupe, justement comme pour nous dire d’un ton un peu forcé « vous voyez, un connait bien nos classiques ». Mais qu’importe au final puisque John Francis Daley et Jonathan Goldstein arrivent à trouver ce point précis où l’humour fonctionne sans jamais tomber dans le lourdingue, voire le vulgaire. Et dans le petit milieu de la comédie américaine des années 2010, c’est assez rare pour être signalé.

LES PLUS LES MOINS
♥ L’humour
♥ Des dialogues bien fichus
♥ Rythme qui ne faiblit pas
♥ Excellent casting
⊗ Prévisible
⊗ Mise en route un peu laborieuse
A mi-chemin entre The Game (1997) et Crazy Night (2010), Game Night est une comédie qui fonctionne bien et qui est constamment capable de nous faire rire grâce à un casting solide, un bon rythme, des situations rocambolesques et une fraicheur de tous les instants. Ce n’est pas du grand cinéma, mais on s’amuse du début à la fin.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Comme exprimé dans la chronique, les références à la pop culture, et plus particulièrement au cinéma sont très nombreuses dans le film. Citons par exemple La Nuit des Morts Vivants, La Horde Sauvage, L’Incroyable Hulk, Pac Man, Cluedo, Robocop, 58 Minutes pour Vivre, Terminator 2, Jurassic Park, Philadelphia, Braveheart, American History X, Matrix, Eyes Wide Shut, Memento, …
• Le film est dédié au cascadeur John Bernecker qui est mort en juillet 2017. Il avait participé aux cascades de Battleship (2012) dans lequel était présent Jesse Plemons qui incarne dans Game Night le personnage de Gary, le voisin bizarre.
• Suite au succès du film et son bon score au box-office américain, une suite est envisagée, même si les réalisateurs planchent d’abord sur une adaptation en long métrage du personnage de Flash.


Titre : Game Night
Année : 2018
Durée : 1h40
Origine : U.S.A
Genre : La vie est un jeu
Réalisateur : John Francis Daley, Jonathan Goldstein
Scénario : Mark Perez

Acteurs : Jason Bateman, Rachel McAdams, Kyle Chandler, Sharon Horgan, Billy Magnussen, Lamorne Morris, Kylie Bunbury, Jesse Plemons, Michael C. Hall

 Game Night (2018) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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