Un jeune homme transporte partout avec lui un grand panier en osier. À l’intérieur, se trouve son frère siamois, un monstre au visage déformé. Ensemble, ils traquent les médecins qui les ont séparés pour se venger.
Avis de John Roch :
Bien avant que le maire Rudy Giuliani (aidé par les investissements immobilier massifs de Disney, ça ne s’invente pas) ne prenne en main la ville de New York et la débarrasse de sa criminalité, Time Square et sa mythique 42ème rue était le coin des putes, des camés, des criminels en tout genre, des sex-shops et autres peep-shows, mais aussi des cinémas qui diffusaient en double, voire triple programme, des films d’exploitation de tous les genres possibles, avant de ne diffuser quasi exclusivement que du porno. C’est dans ce New York que Franck Henenlotter a découvert le cinéma dès son plus jeune âge. Après quelques court métrages, place au long, avec Frère de sang, qui reste aujourd’hui toujours aussi culte dans le cercle des amateurs de cinéma d’horreur underground. C’est avec un budget de base de 10000 dollars qu’il commence son film, complété par des investisseurs au fur et à mesure que le métrage se tournait, pour un cout total de 35000 Dollars. La bonne époque où non seulement on faisait des films avec une idée et pas d’argent, mais qui bénéficiaient en plus d’une visibilité sur grand écran qui grandissait avec le bouche à oreille. Frère de sang a d’ailleurs été diffusé pendant 2 ans sur la 42ème rue, sans doute une fierté pour Henelotter, qui en est toujours aussi nostalgique. Ce qui ne sera pas un tremplin pour autant, le réalisateur aura par la suite mis 6 ans avant de trouver des fonds pour Elmer le Remue Méninge, puis a dû donner 2 suites à Frère de Sang afin de pouvoir mettre en scène Frankenhooker, une méthode qui l’a dégouté du système et l’a poussé à s’éloigner de la réalisation avant de revenir avec Bad Biology en 2008. Entre temps, il a confirmé être un amoureux du cinéma d’exploitation en collaborant avec Something Weird Vidéo (sauveur d’un nombre fou de bobines du genre, certaines anecdotes sur leurs acquisitions valent le détour), qui lui dédie une collection.
Mais revenons au commencement avec Frères de sang, qui a pour héros Duane qui s’installe dans un Hôtel New-yorkais de la 42ème rue avec un sac à dos, une liasse de billets, et un panier en osier. Il n’est pas seul puisque dans ce panier se cache Belial (ou Marcel en VF, une traduction du nom original étrange qui amuse le réalisateur lui-même lors de ses passages en France), son frère siamois monstrueux et difforme. Leur but est de retrouver les médecins qui ont clandestinement séparés les frangins alors qu’ils étaient enfants et leur faire payer. Frère de sang part de cette idée simple mais bien trouvée pour en faire un film gore, de ce côté c’est une légère déception puisque hormis des jets de sang et quelques plans saignants, on ne peut pas dire que le métrage soit un monument du genre. Des effets spéciaux simples, sans trucages extraordinaires. Quant à Belial, le monstre fait illusion la plupart du temps malgré des techniques rudimentaires, qui vont du gant en latex à la stop motion, mais c’est surtout au niveau sonore que la bête marque, ses hurlements sont par moments flippants.
Bien que devenu culte pour son coté gore, ce qu’il n’est pas vraiment, la réussite de Frère de sang est ailleurs. En effet, c’est avant tout une histoire de deux frères considérés l’un comme l’autre comme des monstres du fait que l’un ne peut pas vivre sans l’autre. Un élément qui est le thème principal du film et l’exploite à merveille, car au-delà de l’histoire de vengeance qui est là pour amener son lots d’atrocités, Frank Henenlotter concentre son récit sur la relation entre les deux frères. Duane profite de son passage à New York pour commencer une romance qui va déclencher une relation conflictuelle avec Bélial, qui jalouse cette relation puisque tout être difforme qu’il est, il a les mêmes envies et désirs que son frère. Un début de conflit orageux, qui amène un côté dramatique (la scène où Duane raconte son enfance est vraiment réussie) à une histoire qui se soldera par une issue tragique. Pour le reste, Henenlotter soigne son film et lui donne un cachet particulier et une ambiance par moments poisseuse car tourné en plein Time Square, renforcé par des acteurs au jeu par moment mauvais mais pour la plupart recrutés à même la rue, ce qui en rajoute dans l’authenticité de la vision du réalisateur de la 42ème rue, qui livre là une sorte de lettre d’amour au New York qu’il a tant affectionné. Il réussit même à faire du panier en osier un personnage à part entière en le mettant au centre de plusieurs scènes sources de suspens, qui fonctionnent bien, si l’on omet la première apparition de Belial sacrément foirée. Autant d’éléments qui font que Frère de Sang a bien traversé les époques et à raison : si le coté effets spéciaux a pris un coup de vieux, ce n’est pas forcement pour cela qu’il est réussi.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ La relation Duane/Belial bien exploitée ♥ Le New York des années 80, comme si on y était ♥ Un coté dramatique surprenant |
⊗ Pas si gore ⊗ Ça a pris un coup de vieux sur certains aspects |
Frère de sang est un film bien plus intéressant que sa réputation de film culte gore underground ne laisse l’entendre. Frank Henenlotter parvient à rendre son histoire prenante en se concentrant sur une relation fraternelle qui amène un soupçon de drame au récit, et c’est là qu’est la réussite du métrage. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• La plupart des noms affichés pendant le générique de fin sont bidons. L’ équipe était réduite et à tout les postes, il a été décidé de ne pas répéter les mêmes noms et donc d’ en créer.
• La liasse de billet que Duane a sur lui est réelle, il s’ agit du budget du film.
• Les cris de Belial ont été fait par Kevin Van Hentenryck, l’ interprète de Duane.
Titre : Frère de sang / Basket case
Année : 1982
Durée : 1h31
Origine : U.S.A
Genre : Conflit fraternel
Réalisateur : Frank Henenlotter
Scénario : Frank Henenlotter
Acteurs : Kevin Van Hentenryck, Terri Susan Smith, Beverly Bonner, Robert Vogel, Diana Browne, Lloyd Pace, Joe Clarke