Duane se remet doucement d’une crise de nerfs qui l’a particulièrement atteint. Il découvre plus tard que son frère va devenir père, mais ne le prend pas comme une bonne nouvelle. Autrefois très proches, les deux frères ne se font plus confiance…
Avis de John Roch :
Frère de Sang 3 : la progéniture est le dernier long métrage de Frank Henenlotter avant une longue pause et pour cause : aucun de ses scripts ne trouve de financement, en revanche pour un Basket Case 4, il y a du monde. De quoi dégouter le réalisateur du métier, qui montre déjà avec ce troisième opus une certaine forme de lassitude (bien qu’il avoue avoir passé un bon moment sur le tournage en compagnie des acteurs), et regrette de s’être lancé dans la mise en scène de cette seconde suite après le succès de Frère de Sang 2, sans au préalable avoir trouvé une histoire correcte. Ajoutez à cela des conflits avec la production qui le pousse à déchirer 11 pages du script afin d’atténuer la violence, et on comprend aisément sa pause de 15 ans avant de repasser derrière une caméra, d’autant plus que le fonctionnement aurait dû être le même que lors de la mise en chantier du film précédent : Henenlotter a tourné Frère de Sang 2 avant tout pour pouvoir réaliser Frankenhooker, ce troisième opus aurait dû précéder Doll, un projet qui ne verra finalement jamais le jour.
Frère de sang 3 se déroule 9 mois après le second opus. Pour rappel, Duane sombrait dans la folie et replaçait Belial là où a toujours été sa place, juste après que ce dernier ait lâché sa purée en Eve, sa dulcinée. Quand Duane retrouve ses esprits et sort d’une cellule capitonnée, il apprend qu’il va être tonton. Eve étant sur le point d’accoucher, Ruth embarque tous les freaks qu’elle abrite en Georgie chez Hal, un médecin qui prend soin de son fils, Little Hal. Eve accouche de 12 petits Belial, pendant que Duane se met en tête de se faire pardonner par Belial qui lui fait la gueule. Ce qui va attirer l’attention des flics du patelin, qui vont kidnapper les bébés Belial et abattre Eve, l’heure de la vengeance a sonné. Frère de Sang 2 ne s’imposait pas, mais avait le mérite de prolonger la relation fraternelle entre Duane et Belial, tout en offrant une conclusion qui avait du sens. Ici le sens n’existe pas, et si la présence des bébés Belial est justifiée par rapport au second opus, le reste du scénario de Frère de Sang 3 est étrange, comme écrit à même le plateau, ce qui donne des situations insensées, en particulier en ce qui concerne Duane. Ce dernier cherche à renouer les liens avec son frangin, pour cela il s’échappe de la maison où se trouve les freaks, se fait volontairement emprisonner en dévoilant son identité et ses méfaits (les frères sont toujours recherchés pour meurtre), puis nie tout en bloc et demande à sortir lorsqu’il est enfermé. Cette partie de l’histoire n’a aucun sens, tout comme le personnage du Shérif. Présenté comme un défenseur des monstres en premier lieu, il va bizarrement disparaitre du script et revenir en changeant brusquement de personnalité et devenir le méchant de l’histoire lorsqu’il va faire connaissance de Ruth et des freaks, dans une scène en totale contradiction avec la précédente. Des exemples qui illustrent un script qui n’est jamais vraiment cohérent dans les situations où les personnages qui apparaissent et disparaissent aléatoirement.
Le reste de Frère de Sang 3 ne sauve pas les meubles. Frank Henenlotter est bien moins inspiré au niveau de la réalisation, et met en scène tant bien que mal un film qui mise sur un second degré à l’humour qui ne fonctionne jamais, souvent hystérique (la scène de l’accouchement est une torture auditive), où la relation entre les siamois est inexistante, quand ces derniers ne sont pas simplement relayés au second plan de l’histoire. Car dans Frère de Sang 3, Henenlotter mise trop sur Ruth et les freaks, présents dans la majorité du métrage, jusqu’à une conclusion qui les met en avant alors que Duane et Belial sont cachés quelque part dans cette scène qui aurait pu être le point de départ d’une nouvelle suite qui se passerait sans problème de ses anti-héros. Et Belial dans tout ça ? Si il se fait attendre et apparait au bout de 34 minutes de film, il est à l’origine d’un massacre dans un commissariat sympathiquement gore, le seul moment qui vaut le détour avec son rêve érotique qui sort de nulle part, et se prend pour Helen Ripley à bord d’un exosquelette lors d’un duel final trop mal branlé pour être convaincant. Triste fin pour une saga qui jusqu’ici tenait la route.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le massacre du commissariat | ⊗ Un scénario qui prend l’eau de partout ⊗ La relation Duane/Belial, au revoir ⊗ Des scènes à l’hystérie imbuvable ⊗ Un second degré trop présent et qui ne fonctionne jamais ⊗ La conclusion |
Frère de sang 3 est resté inédit en France jusqu’à la récente sortie en haute définition de la saga. Vu le résultat, on comprend maintenant pourquoi. Mal écrit, par moment insupportable, zappant la relation fraternelle qui pourtant constituait jusqu’ici la réussite de la saga, ce troisième opus est un ratage quasi-intégral. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Le générique de début est le même que celui de Frère de Sang 2, en sens inverse.
• Un dialogue fait référence à la télécommande de la tondeuse à gazon de Frankenhooker.
• Tourné en 27 jours.
Titre : Frère de sang 3: la progéniture / Basket case 3: the progeny
Année : 1991
Durée : 1h30
Origine : U.S.A
Genre : Rupture fraternelle
Réalisateur : Frank Henenlotter
Scénario : Frank Henenlotter et Robert Martin
Acteurs : Kevin Van Hentenryck, Annie Ross, Gil Roper, Dan Biggers, Jim O’Doherty, Jackson Faw, Jim Grimshaw, Denise Coop