Duane et son frère siamois horriblement déformé sont admis dans une maison pour personnes spéciales. Mais mieux vaut ne pas les déranger dans leur intimité.
Avis de John Roch :
Après Elmer le Remue Méninge, Frank Henenlotter cherche à vendre Insect city, qui selon ses dires aurait été un film dingue et ultra gore. Il croise la route de James Glickenhaus, réalisateur de Blue Jean Cop, le Retour du Chinois, ou encore du bourrin le Droit de Tuer. À l’aube des années 90, ce dernier passe à la production (il produira Maniac Cop) et veut travailler avec Henenlotter, mais rejette Insect City. Le réalisateur lui propose alors Frankenhooker, que Glickenhaus accepte à la seule condition qu’il tourne une suite à Frère de Sang, qui se suffisait à lui-même car d’une part la vengeance des frangins était accomplie, et d’autre part ils meurent à la fin du métrage, dans cette optique comment justifier leur retour? Frank Henelotter à son idée, les siamois rejoignent d’autres monstres, le métrage se concentrant sur eux et Duane n’était censé avoir qu’un rôle mineur dans ce qui s’ appelait House of Freaks. Ce qui n’est pas du goût du producteur qui laisse une liberté totale au metteur en scène si ces deux points sont corrigés, ainsi Duane et Belial reviennent au centre du récit, et le film ne se nommera pas House of Freaks mais bel et bien Basket Case 2.
Dans cette suite directe, Duane et Belial (qui profite du budget pour être relooké) survivent à la chute qui concluait Frère de Sang et sont conduits sous haute surveillance à l’hôpital. Après une évasion spectaculaire (ils déambulent dans les couloirs de l’hosto sans que personne ne les remarque), ils sont recueillis par Ruth, surnommée docteur monstre, une militante des droits des monstres, qui en abrite une dizaine sous son toit, un petit havre de paix pour Belial qui est parmi les siens. Quant à Duane, il tombe amoureux de Susan, la petite fille de Ruth, pendant qu’une journaliste de presse à sensation tente de les retrouver. Passons rapidement sur le manque de crédibilité du côté suite directe, tournée 8 ans après Frère de Sang, on est censé toujours être en 1982 mais l’ombre du début des années 90 plane sur tout le métrage, des tenues vestimentaires aux coupes de cheveux en passant par les véhicules ou Kevin Van Hentenrycks qui a pris de l’âge, ce second opus n’est pas convaincant sur ce point, mais l’intérêt est ailleurs. Frère de Sang 2 s’éloigne de Frère de Sang pour ne pas faire dans la redite et proposer quelque chose de nouveau, tout en conservant ce qui faisait en grande partie la réussite du premier opus: la relation fraternelle entre Duane et Belial qui prend une autre tournure. Si dans Frère de Sang, Belial refusait de voir s’éloigner son frangin pour la simple raison que celui-ci était le seul à connaitre son existence, à pouvoir communiquer avec lui et le comprendre, et donc avec qui la séparation sonnerait sa fin, ici Belial est à sa place et s’épanouit parmi les monstres, en plus de trouver l’amour, là où Duane ne se sent pas à sa place et souhaite prendre de la distance avec son frère qui n’a plus besoin de lui pour exister, et mener une vie normale au sein de gens normaux. Frère de Sang 2 exploite à nouveau correctement la relation entre Duane et Belial et en fait un prolongement intéressant de ce qui avait été exploité dans le premier film.
Cette partie de Frère de Sang 2 occupe une bonne partie du métrage, avant de redonner dans le massacre de personnes un peu trop curieuses, la journaliste donc, ainsi que son collègue et un détective privé qui mourront dans d’atroces souffrances toujours aussi chiches en gore. Point d’histoire de vengeance ici, mais un soucis de préserver la communauté de monstres d’un monde qui la rejette sauf s’il y trouve un intérêt, dans ce qui pourrait être vu comme une variation du Freaks: la Monstrueuse Parade de Tom Browning, inspiration évidente de Frank Henenlotter. Nanti d’un budget de 2.5 millions de dollars (là où le premier en a couté 35000), le réalisateur a les moyens de ses ambitions et livre un métrage à la mise en scène et au sens du cadre impeccables, tout autant que la photographie aux couleurs qui renvoient aux métrages de Mario Bava, c’est une grande qualité pour Frère de sang 2, mais aussi son plus grand défaut. En effet le film est trop propre, trop lisse et la galerie de monstres, bien que réussie, est cartoonesque, ce qui tranche trop avec son grand frère tourné dans un Time Square crasseux qui misait sur un côté réaliste et poisseux que l’on ne retrouve pas dans cette suite qui ne s’ imposait pas, mais qui reste tout de même honorable, qui de plus conclut brillamment les aventures de Duane et Belial.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ La galerie de monstres ♥ La mise en scène et la photographie ♥ La relation Duane/Belial encore bien exploitée ♥ La conclusion |
⊗ Comme pour le premier opus, pour le gore on repassera ⊗ Trop propre par rapport à Frère de Sang |
Frère de Sang 2 est une suite qui ne s’imposait pas. Elle est pourtant réussie en prolongeant la relation entre ses personnages principaux et en livrant un film peut être trop propre par rapport à son grand frère mais techniquement solide. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• David Emge, Steven dans le Zombie de Romero, joue le rôle d’ un monstre.
• un an avant le tournage, un meurtre a été commis dans le manoir où a été tourné le film.
• Le coté cartoonesque des monstres est une volonté de Frank Henenlotter.
Titre : Frère de sang 2 / Basket case 2
Année : 1990
Durée : 1h30
Origine : U.S.A
Genre : Amour fraternel
Réalisateur : Frank Henenlotter
Scénario : Frank Henenlotter
Acteurs : Kevin Van Hentenryck, Annie Ross, Heather Rattray, Kathryn Meisle, Matt Milder, Ted Sorel, Brian Filzpatrick