[Film] Frangins Malgré Eux, de Adam McKay (2008)


A 39 ans, Brennan Huff n’a toujours pas de job sérieux et vit chez sa mère, Nancy. De son côté, Dale Doback est un éternel chômeur de 40 ans qui vit encore avec son père, Robert. Lorsque Robert et Nancy se marient et emménagent sous le même toit, Brennan et Dale deviennent frères malgré eux et se retrouvent à vivre ensemble. Quand leurs querelles infantiles et leur incorrigible paresse menacent de faire exploser leur toute nouvelle famille, ces deux quarantenaires immatures imaginent un plan insensé pour réconcilier leurs parents. Mais pour y parvenir, ils vont devoir faire équipe, et peut-être même quitter la maison…


Avis de Cherycok :
Adam McKay et Will Ferrell, c’est une grande histoire d’amour. Entre 2004 et 2013, Adam McKey réalisera 5 films, tous avec le trublion du Saturday Night Live Will Ferrell. Leur collaboration donnera des films tels que les deux Anchorman, Very Bad Cops, ou Ricky Bobby : Roi du Circuit. Des films devenus cultes pour beaucoup d’américains, et même en dehors des États-Unis puisqu’il suffit de regarder un peu ci et là sur la toile pour s’apercevoir que Will Ferrell possède une fan-base des plus solides un peu partout dans le monde. Cinq collaborations, pourtant seulement quatre sont citées ci-dessus car cette cinquième semble bien plus diviser. Il s’agit de Step Brothers, sorti chez nous sous le titre Frangins Malgré eux. Le film possède son lot de gros fans, n’hésitant pas à qualifier le film de meilleure comédie des années 2000, mais aussi ses détracteurs qui parlent de faux-pas dans la carrière cinématographique des années 2000 de Ferrell. Autant vous le dire tout de suite, je me range dans la deuxième catégorie. Je suis peut-être passé à côté du film, je n’ai peut-être pas compris là où ce dernier voulait en venir, mais cette comédie était tout simplement catastrophique.

Dans Frangins Malgré Eux, il y a un nombre incroyable de choses qui ne vont pas. Le pitch de départ tout d’abord peine à convaincre tant il semble défier toute logique. Quel parent normalement constitué auraient supporté si longtemps la folie, et clairement la débilité, de leur fils fainéant. Alors oui, sans ça, pas de film, mais tout de même, il y avait moyen d’aborder les choses différemment. Mais à la limite, passe encore, des films au pitch de départ débile, il y en a plein. L’important est d’en faire quelque chose d’utile ou d’efficace, ce qui n’est clairement pas le cas ici. On a l’impression que Adam McKay est si heureux d’avoir le duo Will Ferrell / John C. Reilly qu’il les laisse enchainer leurs pitreries toutes plus crétines les unes que les autres sans se soucier à aucun moment d’une quelconque logique ou d’une réelle continuité dans son scénario. Il semble satisfait de laisser Ferrell / C. Reilly s’agiter, crier, hurler tout au long de chaque scène et il semble se dire que ça devrait satisfaire le public qui aime les deux zigotos et qui devrait trouver leurs gags hilarants. Sauf que nous montrer les âneries de deux puceaux de 40 ans qui semblent avoir 8 ans d’âge mental, ça amuse pendant deux minutes et ça fatigue rapidement. Le duo comique essaie si fort avec si peu de choses de nous faire rire que le résultat en est presque physiquement douloureux. On sent que les acteurs donnent tout ce qu’ils ont, qu’ils sont persuadés d’être drôles, que ça en est presque triste de les voir échouer. J’en vois déjà certains penser que l’humour, c’est subjectif, que ce qui en désole certains peut faire pouffer de rire les autres. Nous sommes d’accord. Mais lorsqu’on ne trouve pas une comédie drôle et que ça ne fonctionne pas sur nous, le visionnage du film peut rapidement devenir désagréable, voire pénible.

Will Ferrell nous sort une fois de plus son personnage de bouffon gémissant qui a fait son succès et John C. Reilly va aller dans la même direction. Frangins Malgré Eux n’hésite pas à verser dans le gag cru, grossier, et même blasphématoire. Rien d’étonnant venant d’une production Judd Apatow (40 ans Toujours Puceau, Délire Express, …) me direz-vous, certes. Et bon nombre de comédies versant dans le vulgaire, le scato ou le crétinoïde ont déjà fait leurs preuves. Du coup, on a droit au plus long pet du monde, à un frottement de testicules sur une batterie, ou encore une scène où il n’y a plus de papier toilette, et autres gags à couper le souffle, dans le mauvais sens du terme… Sauf qu’ici, le scénario est incapable de susciter le rire ou nous amener à nous intéresser un tant soit peu à ces deux personnages puérils et au final très agaçants. Rien n’a été fait pour créer des personnages un minimum originaux et sympathiques qui, en l’état, se contentent de dériver d’un (mauvais) gag à l’autre, d’un dialogue gratuitement vulgaire à l’autre, d’une situation forcée à une autre. Un film comme Dumb & Dumber, tout aussi con, vulgaire, et beauf, était bien plus réussi, grâce à un timing comique bien plus réfléchi et précis, ainsi que des personnages bien mieux fichus et bien plus attachants. Dans Frangins Malgré Eux, les acteurs sont un peu trop sûrs de leur talent comique et, aussi improbable que cela puisse paraitre, tout semble forcé, et la puissance comique de Will Ferrell et John C. Reilly retombe comme un soufflet. En résulte une bobine extrêmement agaçante, qui a du mal à nous décrocher ne serait-ce qu’un sourire, à la mise en scène passe-partout, et qui se révèle être un vrai gâchis.

LES PLUS LES MOINS
♥ Mary Steenburgen
♥ Richard Jenkins
♥ Adam Scott
⊗ Un humour très très lourdingue
⊗ Des personnages agaçants
⊗ Une mise en scène quelconque
⊗ Des scènes risibles

Frangins Malgré Eux rate le coche sur toute la ligne. En résulte une comédie fainéante, avec des acteurs en roue libre, des personnages agaçants et des gags d’une nullité parfois affligeante. Heureusement, le duo McKay / Ferrell se rattrapera avec son film suivant, Very Bad Cops.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Lors de la scène finale, John C. Reilly joue réellement de la batterie et Will Ferrell interprète réellement la chanson.

• Dans le commentaire, Adam McKay explique qu’à l’origine, ils s’étaient rendus sur l’île de Catalina pour les prises de vue et qu’ils ont découvert qu’ils n’aimaient pas vraiment cette île. Ils ont préféré tourner sur la côte. L’île de Catalina apparaît dans plusieurs plans, et McKay a choisi de ne pas la faire disparaître au montage numérique, en guise de plaisanterie.



Titre : Frangins Malgré Eux / Step Brothers
Année : 2008
Durée : 1h46
Origine : U.S.A
Genre : Parait que c’est drôle…
Réalisateur : Adam McKay
Scénario : Well Ferrell, Adam McKay, John C. Reilly

Acteurs : Will Ferrell, John C. Reilly, Mary Steenburgen, Richard Jenkins, Adam Scott, Kathryn Hahn, Andrea Savage, Lurie Poston, Elizabeth Yozamp, Logan Manus

Step Brothers (2008) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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