Ma, un inspecteur de police aux méthodes pour le moins musclées, tente de mettre sous les verrous le dangereux gang des Vietnamiens. Pour cela, un de ses collègues et amis proches, Wah, est infiltré parmi les criminels. Malheureusement, Wah finit par être démasqué mais parvient à échapper à la mort. Ce dernier décide alors de témoigner contre le chef de l’organisation. La date du procès approchant, il est temps pour les 2 frères du chef de gang d’éliminer tous les témoins…
Avis de Sanjuro :
Bien qu’il soit difficile d’en expliquer la raison, après les visionnages peu encourageants du très surestimé SPL et de l’infâme Dragon Tiger Gate, je continuais à garder espoir en la prometteuse mais quelque peu concluante collaboration Wilson Yip/ Donnie Yen. Et force est d’avouer que ce Flash Point, bien que très loin d’être parfait, s’avère moins refroidissant que ses prédécesseurs et répond, en partie, à mes attentes. Certes on y retrouve un grand nombre de défauts déjà présents dans Sha Po Lang (Donnie qui se la joue chippendale, action mal répartie dans le récit, scénario et personnages peu consistants, séquences « émotion » minées par l’utilisation de procédés trop grossiers et artificiels -ici la vieille maman atteinte d’Alzheimer remplace la fête des pères- etc.…) mais aussi un certain nombre de qualités absentes de ce dernier. L’ambiance moite, colorée et chaleureuse de Macao se révèle, picturalement parlant, bien plus convaincante que le visuel glacé et désespérément cheap, à base de néons « à la truelle », qui faisait office de caution arty dans SPL.
Le choix d’une esthétique « vivante » colle à l’atmosphère détendue de ce métrage comportant quelques légères touches d’humour le rendant moins austère et prétentieux que le précédent polar de Wilson Yip (et oui, quand on a un script neu-neu vaut mieux pas trop se prendre au sérieux ! Bon, promis j’arrête de m’acharner sur SPL) … Cependant, loin d’être une comédie, Flash point fait parfois preuve d’une violence sèche et un tantinet sadique (le tir à bout portant derrière l’oreille… Aïe !) même si, pour prendre un exemple récent, on reste loin de l’extrême cruauté d’un Dog bite dog. D’ailleurs, contrairement à Chat peau langue (oui, je suis lourd…), il sera cette fois-ci difficile de reprocher au film de ne pas assumer le caractère « hard-boiled » de son protagoniste principal. Ici pas de séquences mélo et pompeuses nous montrant Donnie le beau gosse culpabiliser après avoir latté un voyou. Dans Flash point le père Yen incarne un gros bourrin métrosexuel (!), n’hésitant pas à utiliser des méthodes dignes de ce bon vieux Harry Callahan pour faire régner la loi et l’ordre (si le type en face de lui y laisse sa peau c’est pas grave, de toute façon c’était un méchant !). D’ailleurs, juste avant le générique de fin, notre héros justifie (en voix off) sa façon, pour le moins musclée, d’appliquer la justice par un: « Je fais mon boulot de policier, j’arrête les vilains et je fais maintenir l’ordre… Où est le problème ? ». Wilson Yip opte pour un traitement dénué de la moindre ambigüité et nous présente ce flic comme un personnage essentiellement positif. Du coup, cette absence d’ambivalence évoque l’idiotie pataude et réac d’un Cobra (oui, le nanar faisandé où Sylvestre envoie les vilains néo-nazis au four !) mais, personnellement, je dois avouer que je trouve ce parti pris plutôt drôle à défaut d’être défendable (en même temps j’apprécie fortement les polars ritals avec Maurizio la moustache expéditive !).
Comme on pouvait s’y attendre, les 50 premières minutes du film se montrent plutôt avares sur le plan de l’action pure et dure (on est encore loin d’un Crime story ou d’un Tiger cage !). Mais paradoxalement, le fait qu’il ne s’y déroule pas grand-chose, n’empêche aucunement cette première partie de posséder un rythme relativement soutenu nous évitant, de justesse, l’ennui. Wilson Yip, visiblement peu à l’aise avec un script singeant maladroitement Infernal affairs (comme 80 % des polars HK sortis ces 5 dernières années), tente de sauver les meubles en maintenant la tension constante. Pour cela il nous ménage quelques séquences « à suspense » pas trop mal troussées. On retiendra celle à base de poulet rôti explosif, carrément foutraque dans l’esprit mais au final plutôt prenante. Maintenant passons aux choses sérieuses et venons-en à la dernière demi-heure du film qui, n’en doutons pas, ravira l’amateur d’empoignades et autres gunfights en tous genres. L’action est de qualité (voire la fusillade dans les hautes herbes, d’une grande beauté plastique) et les temps morts se font rares. A ce titre, rien que le combat final opposant Donnie Yen à Collin Chou dure aussi longtemps que toutes les séquences d’action de SPL mises bout à bout ! Cette fois ci on a bel et bien droit à plus de 10 minutes de free-fight hyper bourrin et franchement jouissif durant lesquelles la douleur et la fatigue des combattants se révèle palpable à chaque instant. La fusion entre chorégraphies « à l’ancienne » et prises au sol ou autres clés façon « Mixed Martial Arts », amorcée lors du final de SPL, trouve ici son point d’orgue. Plus longue, plus brutale et bénéficiant d’une meilleure utilisation du décor et de l’espace (la baraque délabrée dans laquelle le duel prend lieu comporte 2 étages… Idéal pour les chutes spectaculaires !), cette séquence de combat risque de rester dans les mémoires et justifie à elle seule la vision d’un film par ailleurs sympathique mais bancal.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Très bonne ambiance ♥ Les touches d’humour ♥ Les scènes d’action |
⊗ Le scénario ⊗ Action mal répartie dans le récit |
Comme on pouvait s’en douter, Wilson Yip n’a toujours pas réitéré la réussite de ses magnifiques Bullets over Summer et Juliet in Love, cependant son dernier bébé, bien que survendu (tout comme le furent SPL et Dragon tiger gate), se révèle finalement plutôt encourageant en ce qui concerne sa collaboration avec Donnie Yen. Peut-être que leur prochain projet sera un vrai bon film, qui sait ? |
Titre :Flash Point / 導火線
Année : 2007
Durée : 1h25
Origine : Hong Kong
Genre : Polar / Action
Réalisateur : Wilson Yip
Scénario : Szeto Kam-Yuen, Nicholl Tang
Acteurs : Donnie Yen, Louis Koo, Ngai Sing, Ray Lui, Wing Yu, Fan Bing-Bing, Kent Cheng, Xu Wen-Qing, Teresa Ha Ping, Helena Law Lan, Tony Ho, Irene Wong