[Film] Fair Game, de Mario Andreacchio (1986)


En Australie, Jessica gère une réserve naturelle, véritable havre de paix pour de nombreuses espèces. L’équilibre du lieu est bouleversé quand trois chasseurs de kangourous ultraviolents s’attaquent aux animaux, avant de s’en prendre à Jessica… Face à l’ignoble trio, la jeune femme est contrainte de faire face.


Avis de Cherycok :
Aujourd’hui, c’est parti pour un petit film de la Ozploitation. Pour ceux qui ne sauraient pas ce qu’est la ozploitation, ce sont des films d’exploitation qui ont commencé à fleurir en masse en Australie après l’introduction de la classification R en 1971, à peu près en même temps que la nouvelle vague australienne. Cette vague d’ozploitation a duré du début des années 70 jusqu’à la fin des années 80 et a donné des films de tous les styles : horreur, rape and revenge, sexploitation, arts martiaux, post apo ou encore des films de motards, souvent réputés pour ne pas avoir réellement de limite. Si vous souhaitez en savoir plus, je vous conseille l’excellent documentaire de 2008 « Not Quite Hollywood : The Wild, Untold Story of Ozploitation ». Et donc aujourd’hui, intéressons-nous à l’un de ces films, arrivé sur le tard, en 1986, et répondant au doux nom de Fair Game, parfois appelé La Proie du Désert dans certaines contrées francophones, un classique du genre.

Premier long métrage de Mario Andreacchio après de nombreux courts et quelques téléfilms, sa carrière ne décollera jamais par la suite, et le bougre finira par être cantonné aux films pour enfants avec des titres tels que Napoleon en Australie (1995), Coco le Perroquet qui en Savait trop (1998) ou encore Sally Marshall n’est pas une Extraterrestre (1999). Pourtant, ses débuts avec Fair Game étaient prometteurs, non pas qu’il soit le film du siècle, mais pour qui aime le cinéma brut, sans concession, Fair Game s’en sort parfaitement, avec un joli sens de la mise en scène et même un travail de caméra parfois assez stylisé. Il s’agit ici de trois braconniers décérébrés du bulbe qui prennent en grippe une jolie demoiselle, qui vont l’emmerder, et à chaque fois qu’elle se vengera, ils renchériront d’autant plus. Une escalade dans la violence jusqu’à ce que la demoiselle décide d’en finir avec ces malfrats une bonne fois pour toutes et déploie les grands moyens dans un final plein de rage et de sueur. Voilà, il n’y a pas à chercher plus loin que ça et c’est largement suffisant. L’ambiance est chaude, poisseuse, poussiéreuse, telle qu’on se l’imagine de l’Australie profonde, avec des paysages arides qui donnent chaud juste en les voyant et tout un tas de bestioles qu’on ne voit que là-bas. Il y a ici un style visuel assez unique, souvent très proche du western. L’atmosphère y est grinçante, la violence souvent gratuite mais nécessaire pour illustrer ce qu’il se passe.

Bien que de prime abord, Fair Game pourrait paraître sexiste et misogyne, c’est plutôt la montée en puissance d’une femme qui est harcelée par trois hommes qu’il faut y voir. Cette femme, Jessica, est interprétée par Cassandra Delaney qui a passé trois mois à se préparer pour ce rôle, suivant notamment un programme d’exercices physiques (jogging, gymnastique, …) mais aussi des séances d’équitation ou de conduite de véhicule. Et à l’écran, cela se sent que Cassandra Delaney est pleinement investie dans ce rôle, d’autant plus que la plupart du temps, elle est seule dans le cadre et beaucoup de choses reposent sur ses épaules. Les interactions entre Jessica et les braconniers comment comme une épreuve de force pleine de testostérone, mais va petit à petit se transformer en une bataille sans merci avec des humiliations, des viols et des meurtres. Sauf que là où les braconniers ont des armes, Jessica n’a que son courage et son imagination pour s’en sortir. Certaines scènes sont réellement marquantes comme lorsque Jessica est attachée, à moitié dénudée, sur le capot de la voiture des braconniers, tel un vulgaire gibier venant d’être chassé, et qu’ils roulent ainsi de nombreux mètres.

L’histoire d’une femme qui se fait agresser par des hommes et qui va se venger, c’est un principe assez classique du cinéma d’exploitation américain. Sauf que nous ne sommes pas en Amérique mais en Australie, et Mario Andreacchio donne à ce concept une direction assez rafraichissante et surtout plus intéressante. Ici, le personnage féminin n’est pas une proie malchanceuse et ses agresseurs ne sont pas juste des psychopathes. Jessica est une femme qui défend sa maison et sa dignité de chasseurs qui ne sont pas des monstres. Ils sont crétins, ne réfléchissent jamais, cherchent de l’adrénaline comme lorsqu’ils chassent et ne se soucient pas des répercussions de leur comportement, même lorsqu’il met en danger les autres. Et ce qui n’était au début qu’un flirt un peu trop bourrin va déraper lorsque la demoiselle va opposer de la résistance à cette grossièreté dont ils font preuve. A certains moments, c’est même le personnage de Jessica qui va élever l’intensité de son combat envers les chasseurs, donnant ainsi un peu plus de profondeur à l’intrigue. A l’inverse de beaucoup de films du même genre, la femme est ici une participante proactive dans son affrontement avec tous ces hommes et pas simplement une victime, ce qui a pour effet d’amener l’engagement du spectateur à un niveau différent et à rendre le film bien plus intelligent qu’il n’y parait. Alors oui, il y a des incohérences, comme par exemple le personnage de Jessica qui ne profite pas d’avoir coincé les trois chasseurs dans une grotte pour aller détruire leur véhicule qui lui fait tant de misère. Mais qu’importe, le résultat est suffisamment efficace pour que ces questions qu’on se pose soient vite oubliées.

LES PLUS LES MOINS
♥ L’ambiance australienne de l’époque
♥ Mise en scène dynamique
♥ Une Cassandra Delaney convaincante
♥ L’escalade dans la violence
⊗ Des incohérences
⊗ Un côté parfois putassier

Fair Game est un classique de l’ozploitation bien réalisé, bien interprété, avec une ambiance bien poussiéreuse. C’est une très belle porte d’entrée pour qui aurait envie de découvrir le cinéma d’exploitation australien.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Selon l’actrice Cassandra Delaney, sa nudité topless dans le film n’était pas scénarisée, et le réalisateur lui a demandé la permission si elle accepterait de faire les prises de vue nue. De plus, Delaney déclare que ces scènes de nudité ont été ajoutées uniquement pour la sortie de la vidéo à domicile, et n’ont apparemment pas été incluses dans la version théâtrale originale.

• L’édition 1987 de la VHS UK Embassy Home Entertainment a été coupée pendant 57 secondes par le BBFC (British Board of Film Classification) pour supprimer des plans de l’actrice Cassandra Delaney se faisant couper ses vêtements et des plans de ses seins lorsqu’elle est attachée au véhicule du film. Même avec ces coupes, le film a été classé 18+ par le BBFC.



Titre : Fair Game / La Proie du Désert
Année : 1986
Durée : 1h26
Origine : Australie
Genre : Woman vs Men
Réalisateur : Mario Andreacchio
Scénario : Rob George

Acteurs : Cassandra Delaney, Peter Ford, David Sandford, Garry Who, Don Baker, Carmel Young, Adrian Shirley, Tony Clay

Fair Game (1986) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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