[Film] Face / Off (1997)

Afin de mettre à jour un mystérieux complot visant à détruire Los Angeles, le super agent Sean Archer va devoir accepter la plus improbable des missions : prendre l’identité de son ennemi juré, Castor Troy. Un procédé chirurgical révolutionnaire doit en effet lui permettre d’emprunter le visage de Troy, tandis que ce dernier restera plongé dans un profond coma.

Avis de Oli :
« Enfin, ça y est on le tient ! » s’étaient alors écrié la plupart des fans de John Woo à la sortie de FACE/OFF. Et c’était finalement très vrai : oui on le tenait cette fois, le bon film américain du réalisateur hongkongais. Mieux que ça même, puisque le film est carrément excellent. Après un HARD TARGET acceptable (pour un Van Damme) et un BROKEN ARROW assez désastreux, le bilan américain demeurait donc tout à fait correct pour un nouvel arrivant de la trempe de Woo. Hélas l’essai ne sera jamais transformé et aujourd’hui, il faut malheureusement l’avouer, ce FACE/OFF ressemble plus à un triste (et violent) chant du cygne qu’à autre chose.

Comment John Woo réussit-il ici ce qu’il ne parviendra jamais à faire dans d’autres films aux Etats-Unis ?
Premièrement en choisissant une histoire en béton armée. Certes le scénario est truffé d’incohérences monumentales, mais l’histoire qui tient dans l’idée d’un échange fatal d’identités, entre un super flic et un terroriste psychopathe, est source de nombreuses situations géniales. Il suffit d’imaginer ce policier un peu coincé dans la peau d’un tueur sanguinaire, ou encore ce même tueur dans le rôle du bon père de famille pour s’en assurer : oui l’histoire est magnifiquement bien trouvée. Certes, elle est complètement aberrante, d’ailleurs elle avait été tout d’abord écrite pour un univers de science-fiction…mais si on accepte les règles du jeu (improbables oui), alors on s’amuse comme un petit fou.
Deuxièmement, John Woo a su écarter le coté science fiction pour implanter l’histoire dans un monde contemporain. Son idée est bonne : il a moins de difficultés pour immerger les spectateurs dans un univers urbain classique, il permet aussi à la production de faire de grosses économies. Cela a sans doute permis à John Woo de demeurer un peu plus libre que d’habitude, et de pouvoir injecter l’argent là où il le souhaitait.
Troisièmement les acteurs sont bien choisis. John Travolta est tout simplement excellent, il en fait d’ailleurs bien moins que Cage, et s’en sort mieux. Dans son style Nicolas Cage est néanmoins très convaincant, et tout à fait crédible : le face à face de ces deux pointures tient donc toutes ses promesses.

Enfin, il faut préciser qu’avec FACE/OFF John Woo signe un film qui porte indéniablement sa marque de fabrique. Ses thèmes sont très présents puisque ici le tueur et le flic se confondent, ce qui tendrait à prouver que de nombreux éléments sont faits pour les rapprocher (on pouvait déjà s’en assurer dans THE KILLER). Le bien et le mal connaissent donc les mêmes limites, les mêmes faiblesses parfois aussi. Et l’agent spécial Sean Archer aura ainsi toutes les peines du monde à se rappeler qu’il est du bon coté (syndrome dont a également souffert Tony Leung Chiu-Wai dans A TOUTE EPREUVE). Si le thème de l’amitié (cher à John Woo) est donc ici laissé de coté (et même carrément piétiné, il suffit de voir de quelle manière Castor Troy trahit ses anciens camarades), le film garde néanmoins l’indélébile signature de son auteur. Même si pour une fois ce dernier ne tourne pas en rond : en effet comme je l’ai déjà précisé il ne nous ressasse pas une nouvelle fois son thème éculé de l’amitié virile. De plus il nous propose également un vrai méchant qui partage le premier rôle avec le flic, ce qui est plutôt inhabituel (à part Waise Lee dans UNE BALLE DANS LA TETE, qui se souvient vraiment de la prestation d’Anthony Wong dans A TOUTE EPREUVE ? Qui a goûté l’interprétation hyper caricaturale de Shing Fui-On en bad guy dans THE KILLER ?).

FACE/OFF présente donc la particularité d’être à la fois le prolongement des classiques de Woo, tout en y apportant ce petit quelque chose en plus qui prouve que le réalisateur a avancé.
Film d’action renversant (l’impressionnante arrestation en ouverture, le terrible final en hors-bord) qui se permet néanmoins des scènes d’une grande originalité (essentiellement grâce au scénario malin et au jeu des acteurs), FACE/OFF est la preuve que John Woo n’est pas encore fini. Il serait toujours capable de coups d’éclats, oui il faut s’en convaincre (je sais, c’est dur). Son dernier film en date (lorsque ces lignes ont été écrites), PAYCHECK, n’encouragerait pourtant pas à l’optimisme. Car s’il a su trouver en une occasion des producteurs à son écoute (Michael Douglas), ça ne signifie pas que cela doit se reproduire à chaque fois (le mauvais exemple c’est bien entendu l’étouffant Tom Cruise).

Wait and see (and suffer ?).

 


Titre : Face / Off | Volte / Face
Année : 1997
Durée : 2h13
Origine : U.S.A
Genre : Action
Réalisateur : John Woo

Acteurs : John Travolta, Nicolas Cage, Joan Allen, Alessandro Nivola, Gina Gershon, Dominique Swain, Nick Cassavetes, Harve Presnell, Colm Feore, CCH Pounder


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Auteur : Oli

Amateur de cinéma japonais mais de cinéma avant tout, de Robert Aldrich en passant par Hitchcock, Tsukamoto, Eastwood, Sam Firstenberg, Misumi, Ozu, Claude Lelouch, Kubrick, Oshii Mamoru, Sergio Leone ou encore Ringo Lam (un intrus s'est glissé dans cette liste, sauras-tu mettre la main dessus - attention il y a un piège).
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