En rentrant chez elle le soir, Isabel de la Cruz est témoin d’un miracle. Elle se met alors à voir des choses étranges. Pendant ce temps, un détective chercher le coupable du meurtre de son partenaire.
Avis de Rick :
Sans attendre un chef d’œuvre, loin de là, j’attendais ce Exposed, anciennement appelé Daughter of God, métrage toujours sans date de sortie pour la France. Alors que j’attendais un film policier classique mais divertissant, c’est face à un métrage bancal et surtout assez artificiel que l’on se retrouve. Tout n’est pas à jeter bien entendu, mais il y a comme un fossé entre les intentions de bases et les différentes intrigues et le résultat à l’écran. Mais qui est donc ce Declan Dale qui a écrit et réalisé le métrage ? Quelques recherches plus tard et la réponse à cette question me donne même des clés pour mieux comprendre ma déception face au film. Écrit et réalisé en réalité par Gee Malik Linton, Exposed devait être un drame social se focalisant sur Isabel de la Cruz (Ana de Armas), parlant avant tout des enfants maltraités, dans une ambiance étrange entre le drame social donc et les apparitions comme Guillermo Del Toro les aime tant, jusque dans son récent Crimson Peak.
Keanu Reeves ne devait avoir qu’un rôle secondaire dans cette histoire. Mais entre son tournage et sa sortie, les droits ont été vendus à Lionsgate Films. Là, tout change, puisqu’ils ne souhaitent pas prendre de risques, et il faut avoir une tête d’affiche. Le film est remonté dans le dos du réalisateur, pour faire de Keanu Reeves et de son enquête le plus important dans le métrage, et ainsi vendre le film comme un simple film policier. Le réalisateur utilisera alors un pseudo, et le film que l’on connait n’est pas sa version. Cela ne corrige pas tout, loin de là, mais permet de mieux comprendre les intentions de base, et sur quoi le film devait se focaliser quasi intégralement. Voilà donc une gestation qui pourra rappeler celle de Dying of the Light (La Sentinelle) de Paul Schrader, dont le montage lui aura aussi échappé, également distribué par Lionsgate Films.
Exposed donc nous présente deux intrigues. La première concerne le personnage d’Ana de Armas, jeune espagnole vivant avec la famille de son amoureux, actuellement au front, à la guerre. Témoin d’un miracle (ou plutôt d’un élément fort étrange) dés l’ouverture du film, nous la suivons au quotidien, dans la famille de son copain, puis chez sa famille, à son travail également, où elle sympathisera avec une jeune fille qui semble avoir des problèmes familiaux. Et Keanu Reeves dans tout ça ? On y arrive ! Celui-ci enquête sur le meurtre de son coéquipier, un flic ripoux qui avait beaucoup d’ennemis, retrouvé mort dans une gare. Le lien entre les deux ? Vous saurez tout… 10 minutes avant la fin. Et jusque là ? Et bien, c’est là que le bat blesse, car Exposed, tel qu’il est monté et sorti actuellement, n’est pas bien passionnant. Le film passe d’une intrigue à l’autre toutes les scènes, sans réel fil conducteur, mais surtout, sans réussir à installer un vrai rythme ou une vraie cohérence. La partie espagnole avec Ana de Armas, la partie drame social donc, est sans doute celle qui s’en sort le mieux et parvient à avoir un minimum de cohérence, sans doute puisque c’est la partie la plus développée dés l’élaboration du scénario. Entrecoupée toutes les cinq minutes par l’enquête, on parvient à suivre sans avoir l’impression de franchement rater quelque chose, mais on se demande bien de quoi tout cela nous parle réellement. Une femme dont le copain est loin, une belle famille religieuse, quelques apparitions étranges de personnages en blanc, quelques pleurs, une amitié avec une enfant. Oui et ?
À côté, la partie enquête avec Keanu Reeves, puisque le film est vendu sur cet élément, a bien du mal à convaincre. On suit Keanu Reeves donc une scène sur deux, rendant visite à la veuve de son coéquipier (Mira Sorvino, convaincante), rendant visite à des suspects, passant quelques interrogatoires, puis partant vers d’autres pistes. Le souci, c’est qu’en voulant en faire sans doute une partie importante de l’intrigue, voir la plus importante, le montage se plante. D’une scène à l’autre, on a souvent l’impression d’avoir raté pleins d’éléments, on ne comprend pas toujours comment tel ou tel élément a pu amener la situation actuelle. C’est bancal et pas toujours bien amené.
Le film finalement se refuse à suivre entièrement Keanu Reeves (sans doute car étant au départ une intrigue secondaire, il n’y avait pas assez de matériel pour en faire un film entier) d’un côté ni Ana de Armas de l’autre, et coupe son rythme et son intrigue sans cesse, donnant une grosse impression de gâchis. Gâchis ? Oui, car tout n’est pas à jeter effectivement dans le métrage, même si en l’état, il n’est pas bon. Exposed aurait finalement sans doute mérité d’être deux métrages bien distincts, un drame d’un côté, un policier de l’autre. On note quelques bonnes idées par moment, des thèmes intéressants dans la partie espagnole du film, les acteurs font du plutôt bon boulot (Keanu Reeves, pour une fois, on a vraiment l’impression qu’il a vieillit), mais en découpant le film de cette manière et en voulant donner autant d’importance aux deux parties du film, l’ensemble est trop bancal et surtout la manière dont se relient les histoires est très artificielle et ne fonctionne pas. Peut-être que la vraie version du film n’aurait pas été un grand film non plus, mais elle aurait sans doute donnée plus de cohérence à l’ensemble.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ On distingue des idées intéressantes ♥ La plupart des acteurs, très corrects |
⊗ Un film très bancal ⊗ Deux intrigues reliées artificiellement ⊗ Le montage |
Exposed a beaucoup souffert avant d’arriver sur les écrans. Le résultat final n’est pas convaincant du tout, les deux intrigues ne fonctionnent pas du tout entre elles. Dommage ! |
Titre : Dominion : Exposed
Année : 2016
Durée : 1h42
Origine : U.S.A.
Genre : Policier / Drame
Réalisateur : Declan Dale (Gee Malik Linton)
Scénario : Declan Dale
Acteurs : Ana de Armas, Keanu Reeves, Mira Sorvino, Big Daddy Kane, Christopher McDonald, Laura Gomez et Michael Rispoli