Cinq jeunes campeurs sont éliminés, l’un après l’autre, par deux frères jumeaux meurtriers experts et inventifs dans le maniement du pic de mineur.
Avis de John Roch :
William Dear restera l’homme d’un seul film: Bigfoot Et Les Henderson. Pourtant, passé cette excellente production Amblin le réalisateur est reconnu dans le milieu de la pub pour ses spots multi récompensés et des pilotes de séries télé, auquel s’ajoute un genre de comeback pour le moins inattendu. Si il avait versé dans le fantastique avec Timerider et un épisode de Histoires Fantastiques rien ne laissait présager qu’un beau jour, à 63 printemps, il allait être aux commandes d’un film d’horreur qui a en moyenne 20 ans de retard tout en s’insérant dans la production horrifique d’alors. Evil Twins mélange slasher crétin tout droit issu des 80’s et tueur titulaire d’un bac +10 ingénieur tout droit hérité de la saga Saw, alors en pleine gloire. En résulte un petit film tout juste passable, une sorte de délire comme l’aurait tourné un débutant mais réalisé par un vétéran qui a visiblement décidé de faire une parenthèse gore dans sa carrière, d’autant plus qu’il est à l’origine du script. Evil Twins c’est également une histoire de famille. Le fils de William Dear, Oliver Dear, est réalisateur de seconde équipe et en plus de Blake Lively on retrouve au casting ses sœurs Robyn et Lori, en plus de son papa Ernie. Il y en a d’autres qui sont parents, mais peu ou pas connus on va donc faire l’impasse dessus. Et de toute façon, l’intégralité du casting est dominé par un Crispin Glover qui n’a jamais eu son pareil pour donner à ses personnages des airs de tarés dont il a lui seul le secret. C’est bien lui qui porte sur ses épaules, et en est même la principale attraction, ce slasher en apparence peu encourageant qui se révèle être au final un titre passable et oubliable mais qui sur le moment est une petite bande mal foutue sur pas mal de points mais suffisamment sympa pour faire le job un jour de pluie.
Evil Twins n’est pas le titre original du métrage. Si il est toujours aussi incompréhensible de remplacer un titre Anglais par un autre titre Anglais, c’est un minimum raccord avec ce qui se déroule à l‘écran, du moins en surface, et surtout traduire le titre en Français aurait été casse gueule. À l’origine, le film se nomme Simon Says et il est clair qu’ une production horrifique du nom de «Jacques a dit» ça n’aurait pas attiré grand monde. Après vérification, le distributeur Français de la chose a néanmoins tenté de jouer sur la dessus sauf que c’est con pour eux, ils ont renommé Jacques le jumeau qu’il ne fallait pas. On va donc faire comme ci je n’avais rien dit et se pencher sur Evil Twins sans sa VF de toute façon à saigner des oreilles de ce que j’en ai entendu. Evil Twins renvoi aux slasher movies des années 80 avec une bande de jeunes stéréotypés: la pouf, le beau gosse, la coincée, le fumeur de jogs et celle que l’on devine au premier plan devenir la final girl qui a comme par magie un lien avec les boogeymen (ça, c’est vite dit mais j’y reviendrai) qui ne sera jamais exploité. Il y a aussi un auto-stoppeur, un barjo en apparence qui ne recommande pas à nos teubés de protagonistes d’aller camper là où il y a eu un massacre des années auparavant et des apparitions fantastiques cheloues qui ne servent à rien, sans doute dû au fait que l’équipe avait un cheval à disposition pour le tournage, intégré tant bien que mal à un scénario qui en fait le minimum. Dans le fond, il n’y a rien de neuf dans Evil Twins, le film est scénaristiquement parlant une perle de déjà-vu qui il faut le reconnaître se centralise pas mal sur la weed. Pointer du doigt avec insistance sur le fumeur de joints à qui tout les reproches possibles, parfois sans aucune justification, sont faits est assez étriqué et moralisateur mais passons. Notre fumeur de bédos réussi à tirer des lattes coûte que coûte, c’est l’essentiel et ça amène à des situations assez fun comme lorsqu’il fume en esquivant des dizaines de pioches balancées par le jumeau maléfique.
Parce qu’il faut bien y venir à cette histoire de jumeaux dont l’un est gentil, l’autre méchant. Sauf que le métrage ne joue jamais vraiment sur cette forme de suspens. Il est très vite compréhensible que Evil Twins n’en contient pas de twins tant l’intrigue ne fait aucun effort sur ce point. Paradoxalement, ça rend l’histoire complètement conne et parfois rigolote, les personnages tombant dans des panneaux aussi crétins les uns que les autres. En parlant de panneaux, si Evil Twins renvoi directement au slasher des 80’s, il est donc un produit bien de son temps. Place donc aux pièges complètement surréalistes mais au combien jouissifs, car William Dear sur ce point ne déçoit pas. Il faudra par contre faire abstraction d’une mise en scène parfois dégueulasse au rendu numérique très prononcé, avec des effets de styles clipesques par moments assez gênants et le montage qui va bien avec. Ceci dit, Evil Twins n’est pas à jeter pour autant, le film se révélant être franchement sympa dès lors que le réalisateur verse dans un gore fun et inventif. Tel un Jigsaw forestier, le boogeyman de Evil Twins pose des pièges bien trop gros pour être plausibles, mais comment résister face à des moments qui livrent le quota de gore tels le massacre d’une équipe de paintball jouissif, des meurtres le plus souvent aériens et des salves de pioches balancées à la gueule des victimes en CGI moisis mais qu’importe, Evil Twins fait dans le généreux et est un film qui n’a aucune autre prétention que de donner ce que l’on peut en attendre, mis en scène par un vétéran qui s‘essaie au genre non sans dommages, mais sans véritable honte non plus.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Crispin Glover ♥ C’est parfois con, ça en devient rigolo ♥ Des meurtres parfois inventifs et fun ♥ Globalement, ce n’est jamais désagréable |
⊗ Du déjà vu ⊗ La mise en scène parfois dégueulasse ⊗ Un discours moralisateur limite ⊗ Un script qui fait le minimum ⊗ Les CGI |
Evil Twins est un film qui n’a aucune autre prétention que de donner ce que l’on peut en attendre, mis en scène par un vétéran qui s‘essaie au genre non sans dommages, mais sans véritable honte non plus. |
Titre : Evil Twins / Simon Says
Année : 2006
Durée : 1h27
Origine : USA
Genre : Evil Weed
Réalisateur : William Dear
Scénario : William Dear
Acteurs : Crispin Glover, Margo Harshman, Greg Cipes, Kelly Vitz, Artie Baxter, Bruce Glover, Blake Lively, Leila Johnson, Bart Johnson