[Film] Evil Dead Rise, de Lee Cronin (2023)


Les retrouvailles de deux sœurs séparées sont interrompues par l’apparition de démons possesseurs de chair, ce qui les plonge dans une bataille primitive pour la survie, face à la version la plus cauchemardesque de la famille.


Avis de Cherycok :
10 ans après le remake de Evil Dead par Fede Alvarez (Don’t Breathe), voilà que débarque sur nos écrans une nouvelle relecture du film culte de Sam Raimi. A l’origine, le film devait sortir exclusivement sur HBOMax mais il a connu un tel succès lors des projections-tests que Warner a décidé de le sortir en salles à la place. Comme c’est souvent le cas, les critiques dithyrambiques sont rapidement arrivées de la part de ceux qui avaient pu voir le film à l’avance, en festival, en avant-première, des critiques à prendre souvent avec des pincettes. Et je serais de mon côté bien plus modéré. Certes, le film se regarde et est même parfois plutôt sympathique. Je l’ai d’ailleurs abordé sans trop d’attentes tant je reste étranger à cette mode de déterrer de vieilles franchises pour les remettre au goût du jour. Mais au final, Evil Dead Rise reste un produit assez lambda qui aurait pu sortir du studio Blumhouse, noyé au milieu de leurs autres productions. Car le film ne fait que le strict minimum pour être considéré comme un Evil Dead. La déception n’est que plus grande tant Evil Dead Rise est un peu vain.

Après une introduction dans une cabane, l’action est transposée dans un immeuble d’une grande ville, un immeuble un peu délabré, un peu glauque. Pourquoi pas, le remake de 2013 avait déjà remis l’action dans une cabane, cette version 2023 a pour elle le mérite d’essayer d’apporter un peu de neuf, au moins en termes de lieu. On va y suivre Ellie, une mère célibataire, ses trois enfants Bridget, Danny et Kassie, ainsi que leur tante Beth venue leur rendre visite après avoir appris qu’elle était enceinte. Après un tremblement de terre, Danny découvre une chambre forte secrète sous le parking souterrain de l’immeuble, dans laquelle il trouve un vieux livre accompagné de trois disques vinyles assez anciens. Lorsque le jeune homme, DJ de son état, ouvre le livre et écoute les disques, il libère un mal très ancien qui se va se réfugier dans le corps de sa mère et, peu à peu, se propager aux autres habitants de l’étage. Beth va essayer coute que coute de protéger les trois enfants et de combattre le mal qui habite désormais sa sœur. Premier problème, les personnages. Alors le casting est très bon, le jeu des différents enfants ne nous fait pas serrer les dents et Lily Sullivan, qui interprète la tante Beth, s’en sort à merveille. Mention spéciale à Alyssa Sutherland qui est habitée par son rôle et qui semble prendre un très grand plaisir à jouer ce monstre sadique possédé. Mais les personnages qu’ils interprètent ne sont pas assez développés ou pas correctement caractérisés et très rapidement, on se fiche un peu de leur sort, on ne se soucie pas réellement de leur bien-être. Oui, même celui des enfants. Comme on ne s’attache pas aux personnages, la tension s’en retrouve impactée et lorsque le film tente de faire monter la pression, ça ne fonctionne qu’à moitié, ce n’est jamais effrayant. D’autant plus que ces derniers ont parfois des réactions complètement illogiques. On pourra bien sûr brandir la pancarte « oui mais on a l’habitude dans les films d’horreur ». Oui mais non. Car quand la personne qui veut exterminer ta famille est neutralisée, immobile devant toi, tu ne te barres pas en courant, même sous le coup de la peur, tu tentes de lui mettre le coup fatal en lui explosant sa grosse gueule de con.

Autre problème qui pourrait frustrer le spectateur, pourquoi exploiter seulement un appartement ? La majeure partie de l’action se déroule dans cet appartement de la famille, pourquoi ne pas avoir mis en place un jeu du chat et de la souris dans cet immeuble un peu lugubre qui s’y prêtait clairement ? L’ensemble aurait sans doute été plus impactant. Malgré tout, la mise en scène est carrée et le travail de Lee Cronin des plus professionnels. Mais son film manque visuellement de folie et d’imagination. Malgré l’ambiance un peu glauque qu’il tente d’instaurer, c’est également un peu trop propre si on considère que ce qui a plu à de nombreuses personnes dans la trilogie originelle Evil Dead, c’est son aspect foutraque, son aspect débrouille, son aspect système-D. Alors pour contenter les fans de la première heure, ce Evil Dead Rise va bien entendu faire pas mal de clins d’œil, souvent un peu trop forcés, à la saga. Ça y va parfois avec des gros sabots, avec des répliques de Ash Williams qui sont reprises, ou cette tronçonneuse qui apparait comme par magie. C’est parfois un peu plus subtil comme lorsque le nom de la pizzeria renvoie à Evil Dead 2 ou qu’on découvre la voix de Bruce Campbell lorsque le personnage de Danny écoute un des vinyles. Mais lorsqu’on tente de copier certaines scènes des films précédents (comme le coup du globe oculaire) sans l’humour noir qui faisait que ces scènes fonctionnaient dans les films originaux, c’est parfois un peu problématique. Evil Dead Rise tente une réflexion sur la parentalité, sur la peur d’être mère, sur la famille de manière générale. L’idée sur le papier est séduisante, bien que ce ne soit pas forcément ce qu’on attend d’un Evil Dead. Mais qu’importe, là n’est pas le souci. Le problème, c’est que comme on ne s’attache jamais aux personnages, cette bonne idée est un peu vaine. On voit bien les références à l’accouchement, ne serait-ce que parfois avec les postures de certains personnages, mais là aussi ça ne fonctionne qu’à moitié.

Bien qu’il soit un peu longuet à démarrer, d’autant plus vu sa faible durée (1h36 génériques compris), Evil Dead Rise va tenter de faire plaisir aux amateurs de sanquette qui tâche. Le film est gore, oui, et sa dernière partie n’est clairement pas avare en hectolitres de faux-sang (avec même un petit clin d’œil à la fameuse scène du couloir de Shining). Il est certain que, pour un film d’horreur venant d’un gros distributeur et qui plus est sortant en salles, les néophytes pourront être sur le cul et trouver le film souvent répugnant. Mais pour un amateur de cinéma horrifique, le film est loin d’être aussi méchant que beaucoup le disent. Il est même au final assez gentillet dans le sens où, oui c’est gore, mais c’est rarement brutal, rarement très sadique, rarement subversif. Ce ne sont pas les quelques plans qui sont mis là pour que le public un peu fragile détourne le regard (le coup de la râpe à fromage par exemple) qui y changent quelque chose. Ça ne frappe pas assez, le gore n’est au final pas si violent ou frontal que ça, et Evil Dead Rise est plus bruyant que brutal. Alors on en vient à rêver que pour son final, il devienne vraiment méchant, en « transformant » certains personnages que la bonne morale ne voudrait pas qu’on touche. Mais la bonne morale gagne. Le mélange effets pratiques / CGI ne fonctionne pas toujours. Autant les effets gores artisanaux font toujours leur petit effet, autant certains CGI gâchent un peu la fête. Dernier point et non des moindres, les incohérences. On a déjà parlé des réactions des personnages, mais il n’y a pas que ça. On nous présente un gros immeuble dans lequel, si on en croit les différentes lumières allumées, il y a encore un certain nombre de locataires. Mais alors que les escaliers s’effondrent, que des centaines de litres de sang s’écoulent par l’ascenseur, que ce dernier finit complètement détruit, que ça crie dans tous les sens, que ça tire des coups de fusils, personne là-dedans ne semble s’inquiéter de quoi que ce soit si ce n’est deux voisins de palier (l’ultime scène nous prouve qu’il y a des gens). Et puis c’est quoi ce broyeur en plein milieu du parking d’un immeuble ? Il était nécessaire pour les besoins du film alors on le met là et point barre ? Il aurait été simple de l’introduire différemment (par exemple un chantier quelconque au pied de l’immeuble).

LES PLUS LES MOINS
♥ Un casting convaincant
♥ Du gore qui tâche
♥ Les effets pratiques
⊗ Des personnages pas attachants
⊗ Beaucoup d’incohérences
⊗ Un cadre mal exploité
⊗ Un peu long à démarrer

Malgré de nombreux problèmes, ce Evil Dead Rise n’est pas non plus un mauvais film. Il se regarde facilement et arrive à être divertissant. C’est juste un produit assez lambda qui tombe un peu à plat et qui au final s’avère assez vain.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le réalisateur Lee Cronin a déclaré dans une interview que 6 500 litres de faux sang ont été utilisés pour le film. Il a également révélé que tous les personnages ont été nommés d’après des acteurs ayant joué dans la série Evil Dead.

• Pour entrer dans la peau d’une personnalité alternative, l’actrice Alyssa Sutherland s’est inspirée de la performance de Jim Carrey dans le rôle de Stanley Ipkiss dans la comédie « The Mask » de 1994.

• Le film s’ouvre sur le bruit d’une mouche. Il s’agit du même son que celui utilisé dans les différents films depuis le premier de la franchise et qui est devenu une tradition d’apparaître au moins une fois.



Titre : Evil Dead Rise
Année : 2023
Durée : 1h36
Origine : U.S.A
Genre : Evil Dead pshitt
Réalisateur : Lee Cronin
Scénario : Lee Cronin

Acteurs : Alyssa Sutherland, Lily Sullivan, Nell Fisher, Gabrielle Echols, Morgan Davies, Anna-Maree Thomas, Richard Crouchley, Mirabai Pease, Jayden Daniels

Evil Dead Rise (2023) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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