Pour aider Mia, la sœur d’un de leurs amis, cinq personnes décident de partir s’isoler dans une vieille cabane au fond des bois, une cabane pleine de souvenirs. Le but étant de permettre à Mia de se passer de la drogue. Mais rapidement, la bande va trouver un étrange livre dans la cave. Les invocations qu’il contient va réveiller les forces maléfiques des environs.
Avis de Rick :
A chaque remake annoncé, une légion de fans (dont je fais bien souvent parti) crie scandale. Et souvent à juste titre. Autant dans certains cas, cela permet de dépoussiérer l’œuvre de base qui prend un peu la poussière (Amityville), autant la plupart du temps, c’est un carnage. Le remake de Vendredi 13, de Massacre à la Tronçonneuse, de Zombie, des Griffes de la Nuit, ou encore la fausse préquelle / remake de The Thing, pas grand chose à sauver. A mes yeux, seul Halloween de Rob Zombie s’en sort encore relativement bien grâce à des ajouts bien différents. Pour Evil Dead, la peur était grande, tant le premier film, ou même la saga (de seulement trois films), est culte ! Le premier, bricolé au système D, possède encore une ambiance unique et fou la trouille aujourd’hui. Et pourtant, la première bande annonce laissait présager un film méchamment violent, sans scrupules, respectueux du film original. A l’aube de la sortie du métrage en France (demain), les fans l’attendent. Et de pied ferme.
Et je ne vais pas passer par quatre chemins, sans être parfait, et sans me faire oublier le film original dont je suis fan absolu, ce remake s’en sort avec les honneurs, voir bien plus, parvenant à apporter ses propres idées sans franchement changer le fond et l’ambiance de l’original. Pourtant, en voyant l’affiche française et certaines critiques Américaines, la déception pourrait être là. « Le film le plus terrifiant que vous avez vu » annonce l’affiche française. Sauf que Evil Dead, version 2013, ne fait pas peur, du moins pas de la manière dont le public actuel aime avoir peur. Pas de sons venant nous percer les tympans, ou d’éléments venant au dernier moment à l’écran pour nous faire faussement sursauter (comme dans Sinister par exemple). La peur est ici viscérale, violente, car ce remake ne recule devant rien et y va à fond, pour le plaisir du fan, mais également des non initiés (qui vont vite m’énerver en disant « Ce film a tout pompé sur La Cabane dans les Bois »).
Premier point, les personnages ne sont absolument plus les mêmes. Pas de Ash qui se coupera une main et la remplacera par une tronçonneuse comme dans Evil Dead 2 de Sam Raimi, ni même de simples jeunes partis en forêt pour boire et se droguer. Dans cette nouvelle mouture, les personnages sont une bande d’amis qui partent dans la cabane pour s’isoler afin d’aider leur amie à vaincre sa dépendance à la drogue. Le ton est ainsi directement plus sombre, plus dur. Et pourtant, tout cela est précédé d’une bien mauvaise idée qui pullule aujourd’hui sur nos écrans : une scène d’ouverture gore et provocante qui ne sert absolument à rien, si ce n’est plaire à un public qui aurait peur de s’ennuyer pendant l’exposition des personnages et veut dés le départ savoir de quoi le film retourne. Oui, la séquence d’ouverture ne sert à rien, est plutôt vulgaire et gratuite. La présentation des personnages elle, est plus étoffée que dans le film original.
Dommage que certains acteurs manquent un peu de présence, mais ceci dit Jane levy, jouant le rôle de Mia, s’en sort très bien et est très charismatique à l’écran. Quelques changements mineurs opèrent dans l’histoire, et arrivé à la fameuse séquence où les forces du mal se réveillent, le film prend alors un tournant totalement différent du film original, tout en respectant son ambiance, sa logique, et bien entendu, en mettant quelques scènes ou clins d’œil bienvenus. Si les forces du mal se « déplacent » toujours en vue subjective dans la forêt (ne pas mettre ça dans le film aurait été une honte !), la vision des démons, ou plutôt des personnages une fois qu’ils sont possédés est un poil différente, plus sombre, crade. Bon point pour le réalisateur, également coscénariste : ça fonctionne. A noter que Diablo Cody (l’amusant Juno, mais aussi le raté Jennifer’s Body) aurait participé à l’écriture, avant que le réalisateur ne préfère revenir à la précédente version de son script.
Passé la première « apparition », et donc, la scène culte dans l’original du viol dans la forêt, ici beaucoup plus graphique et sanglant, le film prend des allures de montagnes russes, tentant d’aller un peu plus loin une scène après l’autre dans le gore malsain qui fait franchement très mal, et pourtant, en évitant d’aller dans le grand guignolesque comme a si bien pu le faire la saga Saw ces dernières années. Si le gore fait mal dans Evil Dead, c’est justement parce que les situations, malgré l’aspect de possession et les démons, sont réalistes en tout point. Dans ses scènes sanglantes, le réalisateur s’éloigne d’ailleurs totalement du film original, en apportant des idées différentes, certaines réussies, d’autres ayant moins d’impact. Si la tronçonneuse est forcément présente, le reste est beaucoup plus simple : couteaux, cutter, aiguilles, pied de biche, fusil. Tout y passe, et les murs de la cabane sont très rapidement recouverts d’une nouvelle couleur : le rouge.
Ça ne semble plus s’arrêter (la bande annonce en dévoilait beaucoup, mais le film réserve encore de nombreuses surprises), respectant les grandes lignes de l’original tout en faisant du neuf, et ce jusqu’à la dernière demi-heure, qui part alors dans une direction totalement opposée, transformant alors ce remake de l’histoire en variation sur le même thème. Malgré quelques idées pas toujours joyeuses (le changement de personnage principal pas forcément fait très subtilement), le final parvient à capter notre intérêt en amenant beaucoup de nouvelles choses, notamment lors de sa scène finale, qui aurait nécessitée à elle seule 10 jours de tournage. Arrivé au bout du métrage, même si on se dit que Evil Dead premier du nom possédait un petit quelque chose de plus (sans doute l’originalité de sa mise en scène pour l’époque, et son ambiance), on se dit que ce remake n’est pas du tout déshonorant, parvenant à respecter tout en innovant un peu (bien que l’on remarque facilement des influences venant de L’exorciste ou autre). Peut être même le meilleur remake récent, tant l’exercice est finalement casse gueule.
Un remake réussi, ce qui est rare. Si on n’a pas peur, si la scène d’ouverture est ratée, si certaines idées sont étranges, le film ne fait pas un bête copié collé, et l’ensemble est méchamment gore et sérieux.
Titre : Evil Dead
Année : 2013
Durée : 1h30
Origine : Etats Unis
Genre : Remake d’un film culte
Réalisateur : Fede Alvarez
Acteurs : Jane Levy, Shiloh Fernandez, Jessica Lucas, Lou Taylor Pucci et Elizabeth Blackmore