[Film] El Bar, de Alex de la Iglesia (2017)


Madrid, 9 heures du matin. Plusieurs personnes sont attablées dans un bar. Parmi elles, Elena, qui s’apprête à rencontrer un homme qu’elle ne connaît que virtuellement, ou Israel le clochard, un habitué des lieux que la police vient de tirer de son carton. Un des clients sort du bar. Il est abattu d’une balle dans la tête. Dans la rue, la foule s’éparpille en hurlant. Elena, Israel et les autres se retrouvent prisonniers à l’intérieur du bar. Ils tentent d’identifier l’origine du tir. Lorsqu’un deuxième client est abattu, ils comprennent que le café est pris pour cible, et que personne ne semble se soucier d’eux…


Avis de Cherycok :
Alex de la Iglesia est un réalisateur que je suis attentivement et que j’ai découvert très tôt dans les années 90 avec Accion Mutante (lors de son passage sur Canal+). Un film qui, avec le Braindead de Peter Jackson et le Evil Dead 3 de Sam Raimi, m’a fait plonger tête baissée dans le cinéma horrifique. Même si certains films du réalisateur tels que 800 Ballas ou Balade Triste manquent à ma culture cinématographique (alors que je les ai depuis moult années), j’apprécie la quasi intégralité de sa filmographie. Nous allons nous intéresser aujourd’hui à El Bar (2017), sorti chez nous sous le titre Pris au Piège, un thriller sous forme de huis clos dans un bar (comme le laisse sous-entendre son titre espagnol) qui s’apparenterait presque à un vaudeville aux relents noirs. Un film où, une fois de plus, il s’associe à son scénariste fétiche Jorge Guerricaechevarría pour un résultat un peu en deçà de ce à quoi il nous avait habitué, même si on passe malgré tout un bon moment.

Présenté hors compétition et en clôture de la 35ème édition du BIFFF, El Bar est un thriller matinée de comédie noire. A moins que ce ne soit une comédie noire matinée de thriller. Bref. Un film où tension et humour vont constamment s’entremêler, avec parfois un petit côté inquiétant. L’action se situe dans un bar, en pleine ville. Huit personnes vont s’y croiser et leur destin va se lier lorsqu’un premier client, suivi d’un deuxième, se font abattre par un sniper, devant leurs yeux. Le quartier est soudain désert, et à en croire l’absence d’information à ce sujet sur les chaines info, personne ne semble se soucier de ce qui vient de se passer. Mais soudain, des évènements inquiétants vont se succéder. Pourquoi personne ne vient à leur secours ? Pourquoi le client de passage qui s’était exilé dans les toilettes du bar semble sans vie et tout bouffi ? Très vite, la tension dans le bar va monter. Les questions vont fuser, la méfiance de l’autre va rapidement arriver, et la vraie personnalité des gens va se révéler.
« La Peur révèle votre vrai visage », c’est la petite phrase d’accroche sur l’affiche française du film d’Alex de la Iglesia. C’est d’ailleurs exactement le postulat de départ de El Bar. Sous forme de huis clos, les personnages finiront (presque tous) tous par se révéler et chacun nous montrera son côté le plus sombre. De la Iglesia adore les personnages bien barrés, hauts en couleurs, qui vont en chier tout du long du film, et El Bar n’échappe pas à la règle. Ils devront sans cesse devoir faire confiance à des gens dont ils se méfient car ils n’ont d’autres choix pour essayer de survivre. C’est donc en toute logique que dans ce climat de paranoïa constante, les personnages vont se révéler.

Une fois de plus, Alex de la Iglesia va faire appel à une excellente brochette d’acteurs, la plupart des habitués du réalisateur. On citera par exemple Blanca Suarez, Mario Casas et Carmen Machi, vus dans Mi Grand Noche ; Joaquin Climent, vu dans Un Jour de Chance ; Jaime Ordoñez dans Les Sorcières de Zugarramurdi ; ou encore l’excellente Terele Pavez dans presque tous les films du réalisateur. Ils se lanceront tous dans un jeu très théâtral (comme souvent dans les comédies espagnoles, plus particulièrement celles du réalisateur) pour incarner des personnages stéréotypés mais ô combien géniaux et très bien écrits, s’échangeant des dialogues qui le sont tout autant, se balançant des fions à base de punchlines qui, même si elles sont la plupart du temps truculentes, ne servent malheureusement pas toujours le récit. Le film va se diviser en trois parties, chacune dans un lieu unique différent, et chacune faisant augmenter d’un cran la tension quasi omniprésente du film. La mise en scène de De La Iglesia est sans accroc et il est clair que les mécaniques de El Bar sont parfaitement huilées. Peut-être même un peu trop. Tellement bien huilé que, au final, le film n’apporte que peu de choses au reste de la filmographie du réalisateur. Les retournements de situations auxquels on assiste ne nous surprennent que peu tant, si on s’est intéressé à la filmographie de Alex de la Iglesia, on sait comment le réalisateur fonctionne. Malgré tout, El Bar est carré, et son visionnage est des plus agréables.

LES PLUS LES MOINS
♥ Très bon casting
♥ La tension qui monte crescendo
♥ Belle galerie de personnages
♥ La réalisation dans son ensemble
⊗ Quelques longueurs
⊗ Un Alex de la Iglesia trop sage
Loin d’être le meilleur film d’Alex de la Iglesia, El Bar est un thriller mâtiné d’humour noir révélant la nature profonde de l’être humain lorsqu’il est exposé à une situation qu’il ne maitrise pas et qui le met en danger. Le spectacle est très plaisant mais manque un peu de folie.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Depuis leur première collaboration dans Le Jour de la Bête (1995), c’est le premier film de Alex de la Iglesia tourné en Espagnole dans lequel l’acteur Manuel Tallafé n’apparait pas.


Titre : El Bar / Pris au Piège
Année : 2017
Durée : 1h42
Origine : Espagne / Argentine
Genre : L’Egout des autres
Réalisateur : Alex de la Iglesia
Scénario : Jorge Guerricaechevarría, Álex de la Iglesia

Acteurs : Blanca Suarez, Mario Casas, Carmen Machi, Secun de la Rosa, Jaime Ordoñez, Terele Pavez, Joaquin Climent, Alejandro Awada, Jordi Aguilar

 Pris au piège (2017) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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