Jonathan Banks est un psychiatre ambitieux. Quand une jeune femme, Emilie, le consulte pour dépression, il lui prescrit un nouveau médicament. Lorsque la police trouve Emilie couverte de sang, un couteau à la main, le cadavre de son mari à ses pieds, sans aucun souvenir de ce qui s’est passé, la réputation du docteur Banks est compromise…
Avis de Rick :
Soderbergh, qui dit depuis déjà quelques temps qu’il va arrêter le cinéma, continue de tourner plus vite que son ombre et ce depuis le début des années 2000, en alternant toujours un cinéma commercial (Ocean’s 11 et compagnie, Piégée) et un cinéma beaucoup plus intimiste (Bubble, The Girlfriend Experience). Et depuis 2009, le fan n’a pas à se plaindre, puisqu’il carbure, avec en moyenne deux films par ans. Après les sympathiques Magic Mike et Piégée, et après le très bon Contagion, Soderbergh retrouve justement le scénariste de celui-ci, Scott Z. Burns, et ils nous livrent cette fois un thriller médical où l’industrie pharmaceutique va quelque peu en prendre pour son grade. Le connaisseur est donc en terrain connu, retrouvant tout ce que l’on aime (ou pas) dans le cinéma de Soderbergh. Un scénario intéressant, plutôt bien ficelé, bien que pouvant comme souvent aller plus loin, et parfois prévisible, une mise en scène carrée dépourvue d’effets inutiles, des acteurs récurrents. Et comme souvent, le film se découpe en plusieurs parties.
La première est d’ailleurs sans aucun doute la plus réussie, commençant par un travelling très lent sur la fenêtre d’un hôpital, suivit par quelques plans simples qui nous indiquent déjà que l’univers qui va nous être présenté lors de cette première partie basculera. Retour en arrière, trois mois plus tôt. Soderbergh va nous présenter ses personnages, et par la même occasion, nous emmener dés le départ là où lui et son scénariste le veulent, pour mieux nous duper par la suite. Nous faisons la connaissance d’Emilie, une jeune dépressive dont le mari sort de prison. Jouée par la splendide et surtout bonne actrice Rooney Mara (Millenium la version US, le remake de Freddy, ou encore Social Network). A ses côtés, nous retrouvons deux ans après Contagion Jude Law dans le rôle d’un ambitieux psychiatre, mari et père de famille, à qui tout semble réussir. Et pour compléter le casting, Catherine Zeta-Jones (déjà vue chez Soderbergh dans Traffic et Ocean’s 12) débarque également, jouant le rôle d’une autre psychiatre ayant traité Emilie par le passé, et Channing Tatum dans le rôle du mari d’Emilie (Magic Mike et Piégée).
Une fois les personnages en place, tout comme la situation, le tout sous la caméra experte de Soderbergh qui n’en fait jamais trop, et porté par le magnifique score musical de Thomas Newman pour sa seconde collaboration avec Soderbergh 13 ans après Erin Brockovich (qui délaisse donc pour le coup ses collaborateurs habituels : Cliff Martinez et David Holmes), le film peut alors se lancer dans son intrigue pleinement, et donner de multiples significations à son titre. Emilie, testant un nouveau médicament prescrit par Jude Law, se réveille après avoir tuée son mari, sans en avoir le moindre souvenir. Le métrage prend alors une tournure de thriller aux multiples facettes, dévoilant petit à petit les personnages sous leur vrai jour, mais également de critique du milieu médical, ce qui était déjà le cas de Contagion deux ans plus tôt. Emilie serait victime des effets secondaires d’un médicament, mais finalement, chaque personnage va être victime des effets secondaires de leurs différents choix. Jude Law, jouant le docteur Banks, le premier. Du jour au lendemain, suite à une décision pouvant lui rapporter de l’argent, son monde s’écroule. Est-il aussi coupable qu’Emilie dans cette histoire. La police, ses collègues, sa famille, tout le monde le juge, son personnage est tiraillée, victime des effets secondaires d’une décision égoïste de sa part, qu’il ne reconnaît pas, car pour lui, la vie continue. Du moins, il le souhaiterait. Même s’il pourrait par moment aller plus loin dans son propos, le métrage se révèle jusque là passionnant, rondement mené, et ce jusqu’au moment où le film décide de basculer dans une intrigue lorgnant vers Hitchcock, comme Jude Law le dit lui même en interviews.
Car dans sa dernière partie, Effets Secondaires plonge totalement dans le thriller manipulateur. Scott Z. Burns n’est pas un mauvais scénariste, loin de là, il sait captiver notre attention, créer des personnages et des situations intéressantes, mais malheureusement, certains de ces choix sont plus discutables. Après l’inutilité du personnage de Marion Cotillard dans Contagion, ici, il utilise parfois des rebondissements un peu trop prévisibles dans sa dernière partie, voir par moment un peu trop gros. Qu’à cela ne tienne, Soderbergh continue de filmer son intrigue d’une main de maître, et les acteurs font un sans faute, de Mara à Law, en passant par Zeta-Jones plutôt surprenante par ailleurs, et ce jusqu’à ses derniers instants à l’écran. Oui, Effets Secondaires n’est pas parfait, et aurait sans doute du fouiller encore un peu plus loin dans ses thèmes concernant notre société qui nous force à prendre des médicaments car il faut toujours avoir l’air heureux, mais son propos est déjà suffisamment intéressant et le film captivant pour nous laisser aller à sa vision pendant 1h45. Si l’on apprécie son réalisateur, Effets Secondaires s’inscrit totalement dans ses œuvres récentes, et reste une pépite de plus, et si l’on en croit les rumeurs, l’avant dernière pépite.
Nouvelle collaboration entre Soderbergh et Burns après Contagion, un très bon film, aux ficelles parfois faciles sur la fin, mais prenant et intéressant.
Titre : Effets Secondaires – Side Effects
Année : 2013
Durée : 1h46
Origine : U.S.A
Genre : Thriller
Réalisateur : Steven Soderbergh
Acteurs : Rooney Mara, Jude Law, Channing Tatum, Catherine Zeta-Jones, Vinessa Shaw, Polly Draper et David Costabile
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