Pour avoir enregistré une conversation compromettante entre un mafioso et un député, le détective Mason Storm et sa femme sont abattus par deux policiers corrompus. Laissé pour mort, Storm reste sept ans dans le coma. Lorsqu’il en sort, un tueur arrive à l’hôpital pour l’achever.
Avis de Cherycok :
Après une petite pose, car il ne faut pas abuser des bonnes choses, je reprends mon exploration du début de la carrière de Steven « Saumon Agile » Seagal avec Échec et Mort, Hard to Kill en VO. Il s’agit du 2ème film du bonhomme (son 3ème sortira la même année) et le succès fût plutôt correct puisque pour un budget initial de 11M, le film en a rapporté 59 à travers le monde. Pourtant, sur le papier, ça ne fait pas forcément rêver car ce coup-ci, c’est Bruce Malmuth à la barre, réalisateur de… de pas grand-chose à vrai dire si ce n’est Les Faucons de la Nuit (1981) avec Stallone, de trois autres films pas bien mémorables, et de quelques épisodes de séries TV de seconde zone. Il arrêtera d’ailleurs sa carrière dès le film suivant, en 1994, l’assez médiocre Pentathlon avec Dolph Lundgren. Alors après des très sympathiques Nico, Justice Sauvage et Désigné pour Mourir, que vaut ce Échec et Mort ? C’est clairement le plus faible des quatre, mais pourtant on passe un bon moment.
Seagal est encore dans sa période affuté, où effectivement on pouvait encore l’appeler Saumon Agile. Steven y fait ce qu’il sait faire de mieux : courir avec la démarche d’une fillette de 8 ans, balancer des punchlines avec un faux accent italien, et casser des bras (mais aussi des chevilles, des jambes, des dos, …). Et si Échec et Mort est un film sympathique, c’est car il nous donne ce qu’on attend de lui, sans aucune autre prétention que celle de divertir le spectateur avec une série B bourrine. Il s’agit une fois de plus d’un film de vengeance. Alors qu’il s’apprête à faire des galipettes avec sa femme qu’il est content de retrouver après une journée de dur labeur, des méchants très très méchants arrivent chez Steven, butent sa femme, le butent lui, et cherchent même à tuer son fils (qui s’enfuit par la fenêtre car on n’aime pas tuer des enfants à Hollywood). Mais en fait, ces 3 coups de feu ont juste blessé Steven, il est dur à tuer (Hard to Kill en VO, souvenez-vous…) et après une petite sieste de 7 ans, forcément, il n’est pas content et bwouaaaaaaaa ! Il ne va pas en rester là. Voilà, le scénario est planté. On nous colle des histoires de flics corrompus, de politiciens véreux histoire d’étoffer artificiellement un scénario qui veut faire la part belle au bourrinage, mais ça a ni plus ni moins été écrit sur un coin de table lors d’un repas arrosé. En plus, le scénario ne s’emmerde pas trop avec la logique (les incohérences sont grosses comme un 33 tonnes) et l’ensemble manque parfois de cohésion à cause d’un manque d’explications sur certains points. Mais au final qu’importe, Échec et Mort n’essaie jamais d’être révolutionnaire, c’est d’ailleurs là son point fort. Il reste fidèle à son postulat de départ et va offrir 1h30 de divertissement. Certes, parfois on rigole à l’insu du film (certaines scènes sont très funs malgré elles), tant il frôle parfois le nanar, mais le principal est de passer un bon moment.
L’action est assez basique mais a pour elle d’être efficace. C’est punchy, violent, fluide et bien lisible, avec même ce côté cruel assez rigolo où Seagal y va à fond et pète des membres dans la joie et la bonne humeur. Fusillades, combats mano/mano, sbires balancés sur le mobilier, courses poursuites, … Le début de carrière de Segal rappelle certains films de Charles Bronson comme la saga des Justiciers dans la Ville avec ce héros qui fait justice tout seul. Mais Échec et Mort est plus posé que les autres films de Seagal de cette époque dans le sens où il y a une deuxième très longue partie sans action, où l’amourette se développe, où Seagal se remet en forme après son coma de 7 ans, s’entraine, fait de l’acuponcture, lit de la philosophie asiatique, … Mais lorsque l’action reprend pour le dernier acte, ça va compenser ce calme plat de 30 minutes. Seagal est toujours aussi mauvais acteur, toujours aussi mono-expressif, bloqué sur son visage de constipation, mais c’est aussi pour ça qu’on l’aime. Il faut le voir balancer, avec son air figé, des punchlines improbables telles que « Je l’amène à la banque […] à la banque du sang ! » ou encore « Je vais te mettre en prison, ça risque de ne pas arranger tes hémorroïdes ». A ses côtés, sa vraie femme de l’époque, la mannequin Kelly LeBrock, sans doute là justement parce qu’elle est sa femme, assez mauvaise également mais avec qui l’alchimie est palpable. William Sadler remonte un peu la barre en grand méchant politicien véreux, bien que son temps de présence à l’écran soit assez limité. La mise en scène dans son ensemble fait le job. Rien de mémorable mais c’est plutôt correct, tout comme la photographie qui s’en sort honorablement. Mais on sent que tout est là pour mettre Steven Seagal et les scènes d’action sur le devant de la scène.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Les scènes d’action efficaces ♥ Un Seagal impliqué ♥ Bourrin et plein de poésie ♥ Des personnages un minimum développés |
⊗ Des incohérences à foison ⊗ Un jeu d’acteur souvent aux fraises ⊗ Scénario ultra mince |
On retrouve dans Échec et Mort tout ce qu’on attend d’un film du début de carrière de Steven Seagal. Aucune surprise donc, mais un sympathique divertissement bourrin et burné, souvent à la frontière du nanar, devant lequel on s’amuse. Et c’est déjà pas si mal ! |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Steven Seagal ne s’entendait pas avec Bruce Malmuth et le considérait comme un très mauvais réalisateur, déclarant lors d’une interview en 1990 : « Je pense que c’est un miracle que ce type puisse mettre un pied devant l’autre ». Seagal se plaignait notamment de ne pas être satisfait du tournage des scènes d’action et d’être exclu du processus de montage.
• Warner Bros. a exigé que le film soit fortement coupé et réédité pour être ramené à une durée de 90 minutes, afin d’en faire un film plus direct et plus rapide et d’obtenir davantage de projections en salle. Certaines scènes ont été coupées tandis que d’autres, y compris des parties de l’intrigue, ont été supprimées, ce qui explique pourquoi le film souffre d’un mauvais montage à certains moments. La bande annonce originale montre d’ailleurs trois scènes supprimées.
Titre : Echec et Mort / Hard to Kill
Année : 1990
Durée : 1h36
Origine : U.S.A
Genre : Fallait pas l’emmerder
Réalisateur : Bruce Malmuth
Scénario : Steven McKay
Acteurs : Steven Seagal, Kelly LeBrock, William Sadler, Frederick Coffin, Bonnie Burroughs, Andrew Bloch, Branscombe Richmond, Charles Boswell, Lou Beatty Jr.