[Film] Dune (1984)

Les Atréides héritent de la planète Dune, la seule planète d’où est extraite l’épice, qui rallonge la vie et qui permet de replier l’espace, c’est à dire de se déplacer sans bouger. En fait, c’est un piège de l’Empereur pour permettre aux Harkonnens, les ennemies des Atréides, de s’emparer de Dune. Seul Paul, le fils du Duc Leto et sa mère Jessica, survivent à l’attaque. Ils trouvent refuge chez les Fremmens, les habitants du désert.

Avis de Rick :
Dune, un projet qui aura prit des dizaines d’années avant d’arriver finalement dans les salles, passant de producteur en producteur, de réalisateur en réalisateur. Venant de faire le film Elephant Man, Lynch brille, fort de son talent, les producteurs lui font confiance, et après avoir refusé de réaliser Le retour du jedi, le troisième épisode de la saga Star Wars, il accepte de réaliser pour Dino DeLaurentiis l’adaptation de Dune, en écrivant lui-même le scénario. Tâche difficile vu le pavé, mais Lynch ne se décourage pas, passant trois ans sur le projet, de son implication dans la production à la sortie en salle en 1984. Trois années difficiles, entre un tournage d’un an à Mexico, des contraintes d’argent (alors que le film était doté d’un budget de 45 millions, phénoménal pour l’époque), contraintes artistiques, contraintes de décors (des décors construits ne permettant pas à Lynch de faire ce qu’il souhaite totalement au niveau caméra) et des contraintes de durée (faire un film de deux heures, alors que Lynch aurait eu suffisamment de matériel pour un film de plus de quatre heures). Bref, un tournage difficile, pour un film que Lynch a encore au travers de la gorge, même s’il aura apprit beaucoup de choses (avoir le droit au final cut, et toujours faire un film s’il est sur d’en avoir le contrôle total). Mais finalement, qu’en est-il du métrage en lui-même ? Aujourd’hui, Dune, la version de Lynch, accuse le poids des années, notamment au niveau des effets spéciaux, mais reste pourtant encore une œuvre intéressante, que ce soit par son univers ou les ajouts de Lynch, ou par son simple aspect visuel, qui, comparé à la version télévisée faite bien des années plus tard par John Harrison (Darkside), possède quelque chose de plus, d’obsédant, et de plus réaliste.

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Lynch aura eu l’intelligence, afin de gagner du temps et de permettre à ceux n’ayant jamais posé le regard sur l’œuvre originale de Frank Herbert d’en comprendre les enjeux en deux minutes, en plaçant une introduction de Virginia Madsen (Candyman), avant de se permettre quelques libertés vis à vis du roman, en nous présentant directement le personnage de l’empereur et un navigateur de la guilde, ces êtres ayant mutés suite à une trop grande exposition à l’épice, la seule substance permettant de replier l’espace, et donc, permettant les voyages dans l’espace. Un entretien où Lynch nous montre immédiatement une vision personnelle du roman (le navigateur de la guilde, avec sa bouche en forme de vagin, il n’y avait que Lynch pour le faire) et continue de nous montrer les enjeux de l’histoire. Si cet ajout peut paraître précipité par rapport au roman, on ne peut finalement qu’applaudir, sachant que le métrage ne devait pas dépasser les deux heures. Lynch va alors reprendre le fil conducteur du roman, en nous présentant les deux peuples en guerre. Tout d’abord, les Atréides, gouvernés par le duc Leto (Jurgen Prochnow, vu dans un paquet de navet maintenant, et dans La Forteresse Noire de Michael Mann et L’antre de la Folie de John Carpenter). Nous retrouvons avec plaisir ces différents personnages, le duc, sa concubine Jessica et leur fils Paul, joué par Kyle MacLachlan, pour sa première collaboration avec Lynch (suivront Blue Velvet, la série et le film Twin Peaks).

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Lynch continuera de prendre des libertés (que ce soit des petites, comme pour l’entraînement de Paul contre un robot combattant) ou des grosses (concernant l’âge de Paul, plus jeune dans le  roman) lors de sa présentation des Harkonnens, les ennemis des Atréides. Il en fait des êtres détestables, que ce soit moralement ou physiquement (le gros baron avec ses pustules sur le visage). Des ajouts intéressants montrant bel et bien que Lynch souhaite s’approprier le roman, en donner sa propre version, à la manière de Kubrick pour Shining. Mais sa présentation des différents personnages nous montrera deux des gros points faibles du métrage. Ses effets spéciaux, particulièrement kitch pour certains, notamment en ce qui concerne les vaisseaux et les incrustations des personnages sur des décors, ou le design des boucliers, et la longueur du film. Devant condenser les deux premiers tomes de Dune en un seul film de deux heures, Lynch s’y perd quelque peu, et son manque de liberté se fait ressentir. La première partie, avant le génocide des Harkonnens sur Arakis, semble développée, et la seconde, celle où Paul rejoint les Fremmens pour les mener sur le chemin de la liberté, semble beaucoup trop courte et condensée.

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Cela donne au métrage un côté hésitant et mal équilibré sur l’ensemble de sa durée. Cependant, Lynch, grâce à un style visuel que ne possède pas la version télévisée plus récente (et entièrement tournée en studio), s’en sort haut la main. Les différents plans tournés dans le désert sont absolument sublimes, tout comme les différentes séquences oniriques, que ce soit lors des rêves de Paul, ou le passage où il va boire l’eau de la vie pour devenir l’homme qui guidera les Fremmens vers la liberté. On reconnaît parfaitement la patte de Lynch sur ses passages, et la musique de Toto conviendra à merveille, que ce soit lors des séquences oniriques ou d’actions. Autre point faible du métrage, les séquences d’actions, puisque Lynch ne semble pas vraiment à l’aise, et les séquences ont un petit côté bâclé. Elles seront heureusement plutôt rares. Lynch tentera également de pousser un peu plus loin le côté science fiction de l’oeuvre, en ajoutant aux Atréides une nouvelle arme, les modules étranges. Arme à base de son, absente du roman, mais convenant parfaitement à cet univers, censé se dérouler en 10191. Le film hésitera alors souvent entre coups de génie et ratages. La mise en scène maîtrisée, le développement des personnages et de nombreuses scènes fortes haussent le film vers le haut, nous empêchant de le détester. Dune est une œuvre hybride, qui nous montre Lynch tentant d’adapter Dune à son propre univers, avec une grande sincérité, mais qui n’y parvient pas tout le temps, la faute à trop de contraintes.

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Le métrage possède suffisamment de moments forts pour nous faire oublier un temps ses faiblesses (l’eau de la vie, les rêves de Paul, la chevauchée des vers des sables). Ajoutant à cela un grand casting (Kyle MacLachlan, Jurgen Prochnow, Brad Douriff, Everett McGill, Patrick Stewart, Sting, Dean Stockwell et une très jeune Alicia Witt, avant les mauvais Urban Legend et 88 minutes), Dune parvient à remplir son contrat, celui de divertir, tout en proposant un univers de science fiction plus sombre que La guerre des étoiles.  Un film que Lynch renie, mais qui conserve pourtant son style. Une version du film a été remontée en 1988 par le producteur afin d’être diffusée à la télévision, une version de 3h ajoutant beaucoup de passages en plus, utiles à la compréhension totale du récit. Malheureusement, l’image fut recadrée (passer d’un format 2.35 à un format 1.33, ça fait mal), faisant disparaître les côtés de l’image, et les effets spéciaux des nouvelles scènes ne sont pas finalisées, donnant un rendu étrange et parfois désagréable. Lynch fit d’ailleurs retirer son nom du générique de cette version.

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Lynch tente l’expérience des gros budgets. Il n’aura pas le contrôle total, le film accuse le poids des années, les effets spéciaux ne sont pas toujours top, quelques longueurs en première partie de récit, mais Lynch aura réussi à insérer dans le métrage un visuel époustouflant et des séquences oniriques du plus bel effet.

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dune pochetteTitre : Dune
Année : 1984
Durée : 2h15
Origine : Etats Unis
Genre : Science Fiction
Réalisateur : David Lynch

Acteurs : Kyle MacLachlan, Francesca Annis, Jurgen Prochnov, Sting, Brad Dourif, Everett McGill, Patrick Stewart et Dean Stockwell


 

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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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