[Film] Dragon Head, de Jôji Iida (2003)


Teru, Ako et Nobuo sont les seuls survivants de l’accident du train, qui les ramenait de voyage scolaire. Prisonniers dans un tunnel bouché aux deux extrémités, ils doivent s’organiser pour survivre dans l’obscurité et la chaleur. Mais Nobuo commence à voir un monstre de ténèbres qui lui fait perdre la raison. Teruy et Ako cherchent donc à lui échapper tandis que le tunnel menace de s’effondrer entièrement. Ils y parviennent, pour se retrouver dans un extérieur complètement détruit, à l’air rempli de cendres, où le peu de survivants semblent aussi avoir perdu la raison. Ils décident de se diriger vers Tokyo.


Avis de Yume :
Le genre post apocalyptique a largement été utilisé au cinéma, du plus nanardesque (soyons réalistes, la majeure part de la production post apo) au film brutal et tribal comme ceux de la trilogie Mad Max ou même Le Sang des Héros (vivement conseillé). Malheureusement pour le fan que je suis de ce genre, très peu de films actuels traitent du post apo, préférant une SF plus ancrée sur un futur technologique posant des questionnements pseudos philosophiques.

C’est donc avec un certain plaisir que j’ai accueilli la nouvelle de la production de Dragon Head. Surtout que le manga éponyme de Mintaro Mochizuki, qui se voit ici adapté, reste depuis que je l’ai découvert une de mes séries favorites car traitant avec une noirceur sans concession le thème de la peur sous toutes ses formes : peur du noir, peur de la mort, peur de la solitude, manque de courage et démission totale face à l’inconnu… un manga traité de main de maître par un auteur qui développe une histoire fouillée servie par un dessin N&B raffiné, sur 10 épais volumes. Une somme immense de travail qui se voit adaptée sur un film de 120mn. Un dur pari plutôt réussi par Joji Iida et son équipe.
Visuellement tout d’abord, Dragon Head affiche un monde désolé, détruit, recouvert d’une épaisse cendre, totalement crédible. C’est même un vif plaisir que de voir ces immeubles écroulés, ces meubles renversés, ces vitres brisées, et ces bouts de tissus flottant dans le vide. L’équipe a décidé de tourner en Ouzbekistan pour bénéficier de décors rocheux, et a fait construire des ruines recouvertes par des tonnes de cendres, pour un résultat remarquable. Les autres plans plus généraux ont évidemment été traités par ordinateur, et il faut avouer que malgré quelques mauvaises intégrations, le travail est soigné et pointilleux avec en point d’orgue une pluie de feu sur un Tokyo en ruine qui restera longtemps gravé dans ma mémoire.

Par contre, c’est malheureusement sur le principal que le film peine. La peur ne transparaît pas alors qu’elle est le thème du manga et donc de l’histoire. L’ambiance générale est très peu étouffante, suffocante, et on a presque l’impression que nos deux héros se baladent, plutôt qu’ils survivent dans un monde inconnu (à noter le jeu plus que réduit des deux acteurs principaux, ce qui n’aide pas). Pourtant le film réserve quelques bons moments comme cette première partie en huis clos dans un tunnel effondré et dénué de lumière. La tension y monte graduellement, mais sans réel paroxysme alors que justement le personnage de Nobuo est l’image même du thème du film : les peurs profondément enfouies et qui ressurgissent en situation de stress. Même les deux enfants lobotomisés, incapables de ressentir une émotion, n’arrivent pas à réellement inquiéter, tout en étant sous-utilisés malgré leur charisme malsain. C’est juste la fin du film qui parvient enfin à laisser suer cette ambiance assez malsaine du manga. On est enfin face une réaction primale de défense contre la peur, une sorte d’autisme né de l’envie de fuir l’évidence. Une scène qui met vraiment mal à l’aise le spectateur par son réalisme morbide.

LES PLUS LES MOINS
♥ Visuellement crédible et réussi
La première partie en huis clos
Le final
⊗ CGI moyens
⊗ Le thème de la « peur » mal traité
Il est évident que l’adaptation de plus de 2000 pages de manga est toujours un exercice difficile. Mais il est finalement plus que dommage que Dragon Head le film n’est pas vraiment réussi à saisir ou transformer l’essence même de matériau de base. Il en reste un film visuellement remarquable, convenable mais qui manque justement du petit plus qui aurait fait de ce divertissement spectaculaire un film réellement étouffant.



Titre : Dragon Head / ドラゴンヘッド
Année : 2003
Durée : 2h02
Origine : Japon
Genre : Post-apocalyptique
Réalisateur : Jôji Iida
Scénario : Masamuru Nakamura, Hiroschi Saito, Jôji Iida

Acteurs : Satoshi Tsumabuki, Sayaka, Takayuki Yamada, Yoshimasa Kondo, Kyusaku Shimada, Minori Terada, Isao Yatsu

 Doragon heddo (2003) on IMDb


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Auteur : yume

Un bon film doit comporter : sailor fuku, frange, grosses joues, tentacules, latex, culotte humide, et dépression. A partir de là, il n'hésite pas à mettre un 10/10. Membre fondateurs de deux clubs majeurs de la blogosphere fandom cinema asitique : « Le cinema coréen c’est nul » World Wide Association Corp (loi 1901) et le CADY (Club Anti Donnie Yen).
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