[Film] Dragon Cop, de Mathieu Caillière (2023)

Les inspecteurs de la Police de Hong Kong, Dragon Yuen et Cynthia Chan sont sur le point de démanteler une affaire de drogue impliquant la triade de Mr Chow et le criminel américain John Rickman. Mais ils vont se retrouver pris au piège par les hommes de Chow et n’auront pas d’autre alternative que de se battre pour rester vivants. Mais sur place, Dragon et Cynthia vont faire une bien étrange découverte …

Avis de Cherycok :
Les Masebrothers sont un groupe d’amis qui, à travers des sketchs, des parodies de pubs, des fausses bandes annonces, des courts métrages et même des moyens métrages, rendent hommage à ce qu’ils appellent « la plus cool des époques », à savoir les années 80. Pour cela, ils font des vidéos qu’ils autoproduisent et qu’ils mettent à disposition sur leur chaine Youtube (toutes les infos plus bas). Lorsque cela est nécessaire, car le budget le demande, ils peuvent également passer par le financement participatif sur Kickstarter. En tant que fan de la première heure du cinéma de l’ex-colonie britannique, j’allais forcément être intéressé par leur dernier court métrage de 19 minutes intitulé Dragon Cop et qui est un vibrant hommage au cinéma d’action de Hong Kong des années 80. Eh ben vous savez quoi ? C’était vraiment très très cool !

Dragon Cop n’est donc pas le premier court des Masebrothers. On pourrait par exemple citer Rage of Fire 2, un court métrage de 10 minutes hommage au cinéma et aux jeux vidéo des années 80, façon beat’em all, qui mélangeait pixels (interface à la Doom, custscenes animées, scènes façon Double Dragon) et prises de vue réelles. On trouve également sur leur chaine Boglins Return, court de 18 minutes dans lequel les boglins, célèbres jouets des années 80 (des monstres qu’on enfilait dans la main comme une marionnette) vont débarquer chez Kevin, 38 ans, pour semer le désordre et lui mener la vie dure. Un de leur gros projet était Cyborg Deadly Machine, un moyen métrage de 50 minutes qui rend un hommage respectueux aux films de science-fiction, toujours des années 80, en s’inspirant de classiques tels que Predator, Terminator, Aliens, Robocop, Hardware, Nemesis ou encore Class 1999. Une de leurs règles est d’essayer, quoi qu’il arrive, de tout mettre en œuvre pour capturer l’esthétique de cette époque et ils y arrivent clairement. Avec Dragon Cop, c’est également le cas. Ils détournent le logo de la Boho Films Company de Sammo Hung (mais en reprenant la musique) ; les couleurs semblent volontairement délavées pour donner ce teint particulier des DVD hongkongais des films de cette époque ; la musique semble faire écho à celle de films tels que le célèbre Police Story de Jackie Chan ; les occidentaux sont les méchants, possiblement en référence aux gweilos qui, à cette époque et à quelques exceptions près, incarnaient les antagonistes. Ça ressemble à un kung fu polar de Hong Kong des années 80, ça a le même goût, la même odeur, et on s’attend à tout moment à voir les personnages parler cantonais. Et sincèrement, avec un doublage cantonais par-dessus, ça aurait clairement pu faire illusion. Dragon Cop va donc suivre Dragon Yuen et Cynthia Chan qui enquêtent sur un trafic de drogue et qui vont se retrouver dans un entrepôt lors d’un rendez-vous entre les trafiquants et des acheteurs occidentaux. Les Masebrothers vont avoir le souci du détail, allant jusqu’à mettre dans les décors des cartons floqués de marques asiatiques.

Les amateurs de ciné HK le savent, qui dit entrepôt dans un kung fu polar de Hong Kong des années 80 dit scène d’action. On va du coup avoir droit à des combats secs et nerveux, filmés comme des productions HK de cette époque, avec de très bons artistes martiaux qui effectuent de très beaux mouvements (triple coups de pied sauté, diverses voltiges aériennes). Ils ont fait appel à la Team Cascade 31 pour les chorégraphies et le résultat à l’écran est vraiment bon. Pour peu, on croirait voir Cynthia Khan (le personnage féminin s’appelle Cynthia, comme par hasard) et Donnie Yen friter du sbire à l’époque des Tiger Cage et autres In The Line of Duty. En guise de final, un gunfight façon John Woo de la belle époque avec des ralentis au moment des impacts de balles, et même un combat au sabre qui pourrait renvoyer au Ti Lung du Syndicat du Crime 2 ou au Crying Freeman de Christophe Gans (qui était déjà lui-même un hommage au cinéma de Hong Kong de cette époque). Oui, on sent qu’il y a de vrais passionnés derrière et leurs références sont nombreuses, ne serait-ce que dans la façon de mettre en scène l’action : Tiger Cage 2, In The Line of Duty 4, Dragons forever, Police Story, les polars hardboiled de Woo, … A la toute fin du générique, ils dédicacent même le court métrage aux héros de leur enfance : Jackie Chan, Sammo Hung, Yuen Biao, Michelle Yeoh, Cynthia Khan, Bruce Lee, Jet Li et beaucoup d’autres. Oui, des gens de bon goût. Alors oui, le jeu des acteurs laisse parfois un peu à désirer, avec certaines lignes de dialogues qui font un peu récitées. Mais qu’importe, là n’est pas du tout l’essentiel et ce Dragon Cop, sorte de support pour lancer Dragon Cop 2 : Dragon’s Revenge actuellement sur Kickstarter et qui s’annonce encore plus ambitieux (un teaser est présent après le générique de fin), est une vraie réussite pour qui sait apprécier les hommages sincères au ciné de tatanes HK.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le court métrage a été tourné en quatre jours pour un budget de 3000€.

• Pour pousser le délire à fond, ils ont mis en ligne une bande annonce du court métrage, doublée en mandarin, avec le fameux double sous-titrage chinois / anglais comme à la belle époque des VCD.

• La durée de la suite, Dragon Cop 2 : Dragon’s Revenge, dépendra du succès du financement participatif sur Kickstarter. Le premier palier à 15000€ donnera un film équivalent à Dragon Cop, mais si cela atteint les 50000€, il pourrait atteindre les 1h.

Titre : Dragon Cop
Année : 2023
Durée : 0h19
Origine : France
Genre : Hommage réussi
Réalisateur : Mathieu Caillière
Scénario : Mathieu Caillière, Jeremy Vazzoli

Acteurs : Julien Phuong Le, Line Phe, Nicolas Gruber, Lucie Charbonneaux, Arnaud Peries, Patrick Setsoua, Marc Rattanavilay, William Yang, Jacques Rossi