Le docteur Evan Rendell s’échappe de l’asile psychiatrique. Il part se venger des habitants qui ont tué son père, un tueur en série.
Avis de John Roch :
Dr. Rictus est né de l’association de Largo Entertainment et Dark Horse comics. Le but : créer des personnages qui prendront vie à la fois à l’écran et en comics. À la réalisation, on retrouve Manny Coto, plus connu pour 24h chrono que pour cette adaptation du Dr. Maboule. Malheureusement, Dr. Rictus, le film, est un échec dans une époque où le genre horreur est sous respirateur artificiel, où le slasher movie est décédé et où la MPAA est plus sévère que jamais. Côté comics, ce n’est guerre plus reluisant, puisque les aventures d’Evan Rendell Jr. s’arrêteront au bout de deux numéros. Alors, simple raz le bol du slasher movie ou film qui mérite son échec, malgré un grand prix du jury au festival d’Avoriaz 1993 ? Et bien, Dr. Rictus est toujours aussi attrayant en 2020, peut-être pas du genre à se faire applaudir à 20 heures, mais ça reste de par ses qualités un slasher extrêmement sympathique. On y suit Evan Rendel Jr., plus connu cliniquement parlant sous le nom de Dr. Rictus (Dr. Giggles en V.O), qui s’ échappe de l’asile dans lequel il était interné depuis longtemps. Il rentre chez lui avec pour objectif d’éliminer les habitants du patelin sous prétexte qu’ils ont mis fin aux jours de son père, un médecin ayant disjoncté après que sa femme soit tombée malade, entraînant son fils dans sa folie. Entre deux consultations à domicile, il croise le chemin de Jennifer, qui souffre d’un problème cardiaque, l’occasion pour le médecin de poursuivre l’œuvre de son paternel : une transplantation de cœur.
Bien que l’idée d’un slasher en rapport avec le milieu médical ne date pas d’hier, Dr. Rictus tente de se démarquer des slasher movies classiques qui ont déferlés la décennie précédente en laissant plus de place au boogeyman que d’accoutumé. Campé par un Larry Drake à l’aise en bad guy de service, déjà dans le Darkman de Sam Raimi, le docteur Rictus est bel et bien le protagoniste du film. Bonne chose car en abordant le point de vue du tueur dans la majeure partie du métrage, celui-ci en sort grandi au niveau du rythme, impeccable. Car ici, pas besoin d’attendre la demi heure de rigueur avant de voir les premiers assauts du tueur, dès l’ouverture le carnage commence sans vraiment s’arrêter. De plus les meurtres ont été imaginés avec soin, en résulte des scènes assez jouissives dans lesquelles le docteur à la case en moins utilise des ustensiles de sa création pour soigner ses patients. En plus des traditionnels scalpels et autre tensiomètre, on trouvera un thermomètre dont le bout est une lame pointue pour un prise de température mortelle, un otoscope à l’embout bien trop long pour chatouiller le cerveau, un tuyaux à l’intérieur duquel se trouve des lames rotatives pour un lavage d’estomac, marteau à réflexe géant, ou encore un sparadrap tout aussi géant, des ustensiles auxquels se rajoute l’arme ultime du médecin généraliste Américain qui se respecte : le club de golf. Des meurtres qui débordent d’imagination, donc, mais dans la bonne humeur puisque le doc arrose ses méfaits de punchlines bien senties, qui dédramatisent tout effets horrifiques, peu saignants il faut avouer.
Si la combinaison humour/horreur qui fonctionne est la principale qualité de Dr. Rictus, c’est aussi son principal défaut. Si il faut reconnaître un petit équilibre bien maintenu tout du long du métrage, celui-ci demeure trop sage. Les répliques du docteur sont nombreuses et font mouche pour la plupart, elles sont amusantes mais jamais réellement drôles. Du coté des scènes horrifiques le constat est le même : on salue le rythme, le bodycount généreux et l’imagination des meurtres, mais ceux-ci manquent de piquant, et si la également il y a une constante dans l’appréciation des méthodes d’assassinats, Dr. Rictus fait par moment un grand écart en hésitant entre le trop cartoonesque, et le trop sérieux (les flashbacks qui creuse le passé du doc, notamment le dernier, sont plus glauques que le reste du film). Comme mentionné plus haut, Dr. Rictus se démarque du slasher traditionel, mais garde certaines séquelles des années 80, à savoir les clichés des personnages, mal ou tout simplement non écrits, à savoir le boyfriend au grand cœur, la biatch de service, et sa copine jalouse mais tout aussi biatch, le couple de queutards et le couple de blacks qui y passeront en premier. Tous bien entendu joués par une bande de tête à claque mode début 90’s du plus bel effet, mais quelque part c’est le genre qui veut ça. Le docteur, bien qu’ayant bénéficié d’un soin dans l’écriture, n’échappe pas à quelques facilités (un cinglé qui s’échappe de l’asile et rentre dans sa demeure aujourd’hui délabrée moteur de légendes urbaines, ça ne vous rappel rien ?), le personnage de Jennifer est par contre imbuvable, qui remporte la palme de l’héroïne de slasher la plus détestable vu dans le genre. Joué par Holly Marie Combs , inexpressive au possible tout en ayant un air hautain, elle donne l’impression d’en avoir rien à carrer du film dans lequel elle joue, une raison supplémentaire pour être du coté du méchant.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Larry Drake, parfait en Dr. Rictus ♥ Le rythme qui ne faiblit jamais ♥ Bodycount généreux ♥ L’inventivité des meurtre |
⊗ Ça manque cruellement de gore ⊗ Amusant, sans jamais être marrant ⊗ Holly Marie Combs, insupportable ⊗ Un film trop sage |
Si il est tout à fait recommandable, Dr. Rictus est un film trop sage pour convaincre totalement. Dans le genre, on préférera son confrère Le Dentiste, qui arrive sans peine à dégoutter du corps médical dont il est issu. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Ted Danson a été approché pour le rôle-titre
• Jennifer Aniston et Ashley Judd ont passé l’audition pour le rôle de Jennifer.
• Doug E. Doug, immortel Sanka Coffie de Rasta Rocket, a un petit rôle dans le film.
Titre : Dr. Rictus / Dr. Giggles
Année : 1992
Durée : 1h55
Origine : U.S.A
Genre : Dr. Maboule : le film
Réalisateur : Manny Coto
Scénario : Manny Coto et Graeme Whifler
Acteurs : Larry Drake, Holly Marie Combs, Cliff De Young, Glenn Quinn, Keith Diamond, Doug. E Doug, Richard Bradford, Michelle Johnson, Sara Melson, Zoe Thrilling