Ai est une call girl, elle gagne 20 000 yens de l’heure. Elle aime le risque de son métier. Elle choisit elle-même personnellement ses clients, et aime l’incertitude, ne pas savoir ce qui l’attend derrière chaque porte, avant qu’il ne soit trop tard et qu’elle ne la franchisse.
Avis de Rick :
Le voilà donc, le fameux Door 2, longtemps impossible à trouver, mais à présent disponible en Blu-Ray dans certains pays. L’attente en vallait-elle la peine ? Takahashi Banmei, toujours à la mise en scène, s’est-il surpassé après le très bon premier volet ? Nous allons voir ça. Ce qui est sûr et certains, c’est que ce Door 2, enfin disponible et parfaitement restauré, va en surprendre plus d’un, surtout ceux qui connaissent le premier film, et donc, s’attendent à un récit du même genre de la part du réalisateur. Car si Door était finalement quasiment un huis clos, parfaitement rodé et tendu malgré quelques faiblesses sur la fin, Door 2 prend des allures totalement différentes. Adieu donc l’appartement, adieu la menace extérieure, et l’on pourrait même dire, adieu l’aspect thriller et l’aspect horrifique. Door II Tokyo Diary est, dans les grandes lignes, un drame se focalisant sur le quotidien et le travail d’Ai. Ai, nom pas du tout innocent vu certains tournants du scénario dans sa dernière ligne droite, à l’écran, c’est la magnifique Aoyama Chikako. Une actrice qui a beau avoir presque une trentaine de films à son actif, dont quelques-uns bien connus (Tabou en 1999), mais qui est totalement inconnue du grand public, et connue de quelques cinéphiles déviants pour avoir eu en 1991 le rôle principal à Hong Kong dans le nanar Robotrix, où elle dévoilait également ces charmes. Ici, Ai est une call girl. Elle aime sa vie, elle aime la surprise, elle aime le danger, et elle aime choisir ses clients. Mais évidemment, dans ce métier, tout n’est pas rose, mais elle l’accepte. Après tout, il y a quelque chose d’excitant à ne pas savoir par avance ce qui nous attend. Door 2 oublie alors le côté thriller et paranoïaque du premier métrage pour prendre des allures de drame qui s’amuse à nous montrant une vaste galerie de personnages, ce qui pourrait presque en faire un drame social sur différents stéréotypes Japonais.
Pas de stalkers, pas de tueurs, pas de gros rebondissements. Plus une étude de personnages, avec au centre de tout ça, Ai, magnifique Ai. Et la mise en scène toujours aussi appliquée de Takahashi Banmei, qui malgré sans doute toujours un budget de V-Cinéma limité, redouble d’ingéniosité. C’est souvent très beau, très bien éclairé, les cadrages sont bien pensés. Bref, visuellement, c’est souvent un plaisir pour les yeux, et on s’en rend compte très rapidement, lorsque Ai, en début de film, retrouve son amie et qu’elles se baladeront dans un aquarium. Le réalisateur s’amuse avec les reflets, avec l’eau et donc les différents éléments du décor, et soigne une photographie bleutée qui vient adoucir le tout, et le visage d’Ai. Oui, dans son genre, surtout pour du V-Cinéma, c’est splendide, appliqué, et extrêmement bien pensé. Et le fond ? Heureusement, Door 2, même s’il s’éloigne radicalement du premier et donc de nos attentes, a des choses à dire, et parvient à ne jamais ennuyer. Déjà, il est cout, environ 1h20 au compteur, le plus court de la trilogie. Ensuite, il sait varier les personnages et les situations pour toujours intéresser, et pour que le spectateur, comme Ai, se demande toujours ce qui va attendre le personnage par la suite, au prochain client, à la prochaine porte. Alors oui, le principe de porte est bien éloigné du premier encore une fois, et il est possible même que tout cela paraissait un peu trop flou au départ, sans l’intervention d’Ai elle-même qui nous donnera par deux fois, au détour de dialogues, cette métaphore de portes. Et ses clients donc ? C’est sans doute là la seconde force du métrage après son actrice principale. Le métrage met en avant un grand éventail de clients.
Et du coup, le film part dans des tons souvent opposés, parfois, nous ne sommes pas loin de rire, parfois nous sommes presque dépités par ces personnages, et parfois presque attendris. Il y a ce vieil homme riche qui est seul et ne sait que faire de sa fortune (et de sa solitude), il y a cet homme aux goûts discutables qui collectionne les fausses peintures, il y a cet homme qui semble un peu trop aimer les chaussures des femmes, sans oublier des moments bien plus durs et violents, comme pour nous rappeler que oui, ce métier vieux comme le monde n’est pas le plus sûr du monde, et que justement, derrière la porte, certains clients peuvent tout faire basculer. Et Ai dans tout ça, où se situe-t-elle ? Eh bien, l’on serait tenté de dire que la jeune femme tente le diable et n’évoluera guère, sauf que le final, très réussi d’ailleurs, vient renverser tout ça. La jeune femme sortirait presque grandie de toutes ces expériences, et les accepte toutes. Door II Tokyo Diary, c’est donc, en toute objectivité, un bon film. Au sein de la trilogie par contre, il est clairement à part et pourra en décevoir plus d’un. Il tourne le dos à la tension, au thriller, pour se focaliser sur un drame social. Ce qu’il fait très bien. Mais pourra ne pas plaire. En tout cas, visuellement, Takahashi Banmei a encore fait du très bon boulot.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Aoyama Chikako sublime ♥ Une très belle mise en scène ♥ Des variations de tons qui fonctionnent ♥ Le final |
⊗ Oui, niveau interprétation, c’est parfois inégal ⊗ Un film très éloigné des attentes |
Door 2 est réussi, et a des atouts dans sa poche, dans son visuel, avec son actrice principale et dans la variété de personnages qu’il met en avant. Ceci dit, il est très éloigné des attentes après le premier opus, et s’apparente bien plus à un drame, voire un drame érotique, et décevra donc forcément une partie du public. |
Titre : Door 2 Tokyo Diary – Doa 2 Tôkyô Diary – ドア 2 TOKYO DIARY
Année : 1991
Durée : 1h22
Origine : Japon
Genre : Drame
Réalisation : Takahashi Banmei
Scénario : Mizutani Toshiyuki
Avec : Aoyama Chikako, Yamanaka Jô, Kazami Shingo, Iwamoto Chiharu, Yamada Tatsuo, Tobita Yukino, Terada Minori, Minegishi Tôru, Inuzuka Hiroshi et Ôsugi Ren
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