Dominique Ballard se suicide. Son mari David, qui cherchait à s’approprier sa fortune de son vivant, est peu à peu assailli par des visions de sa défunte épouse…
Avis de John Roch :
Oublié aujourd’hui, Dominique : Les Yeux De L’Épouvante l’était déjà avant même sa sortie. Nous sommes à la fin des 70’s, et le cinéma horrifique était alors en train de complètement se transformer. Un renouvellement qui aura eu raison de l’horreur British, la Hammer en tête dont les films deviennent instantanément vieillots pour le public, mais aussi de sa concurrente : la Amicus. Cette dernière ne fait pas que de subir de plein fouet la nouvelle vague de films d’horreur de cette époque, mais se disloque également suite à des brouilles entre ses deux créateurs : Max J. Rosenberg et Milton Subotsky. Ce dernier cofonde une nouvelle société de production du nom de Sword and Sorcery avec pour ambition de partir à la conquête de l’Amérique avec des ambitions telles qu’une adaptation des Chroniques Martiennes de Ray Bradbury ou des transpositions sur grand écran de super héros Marvel. Des projets qui tombent tous à l’eau pour diverse raisons. Milton Subotsky revient donc à ce qu’il sait faire de mieux et produit deux films à sketchs : The Uncanny et The Monster Club. Deux échecs commerciaux pour les raisons évoquées plus haut. Entre ces deux métrages, Milton Subotsky produit également Dominique : Les Yeux De L’Épouvante, adapté du roman What Beckoning Ghost? de Harold Lawlor. Adaptation dont il était déjà question du temps de la Amicus. Mais à l’inverse des deux films susmentionnés, le métrage peine à trouver acquéreur. Aucun distributeur ne veut du film, pas plus les gros que les petits qui reprochent au film son coté British que justement plus personne ne veut. Le film finira néanmoins par sortir, distribué en catimini dans les salles de certains pays du monde, directement en VHS dans d’autres, ou pire directement diffusé à la télévision. Et c’est bien dommage car oui, Dominique : Les Yeux De L’Épouvante peut paraître obsolète aux yeux des spectateurs si on le compare aux nouveaux standards de l’époque. Et alors ? C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures, et bien que le film soit classique dans son approche du fantastique et qu’il ne soit pas ce que l’horreur British avait à proposer de mieux, il fait les choses bien et aurait mérité bien plus de considération que celle qui lui a été réservée.
Classique, Dominique : Les Yeux De L’Épouvante l’est dans son histoire, le film pourrait même être perçu comme un segment d’un film à sketch produit par la Amicus étiré sur une durée de 1h40. Dominique, c’est une riche femme mariée à David, courtier de métier, dont le seul passe temps est de jouer du piano et d’errer dans son immense demeure suite à un accident, où elle cohabite non seulement avec son mari mais aussi avec la sœur de ce dernier et la maîtresse de maison des lieux. Tous semblent être contre la pauvre Dominique, tout juste tolérée, à peine considérée voire fantomatique aux yeux de ceux qui l’entourent. Pire encore, ce qui lui sert de famille la font passer pour une folle qui ne sait plus ce qu’elle fait. Dans la folie, elle y bascule définitivement dès lors qu’elle entend des voix prononcer son nom et est témoin de ce qui passe pour des apparitions surnaturelles, ce qui la pousse au suicide. Une fois mise en bière sous l’air satisfait de David, c’est lui qui est alors victime d’événements étranges : une tombe à son nom est placée à coté de celle de sa défunte épouse, son prénom est murmuré en pleine nuit, le piano de Dominique joue tout seul et surtout celle-ci apparaît devant ses yeux sous la forme d’un fantôme, à moins qu’elle ne soit bel et bien réelle et veuille à son tour faire basculer son mari dans la folie. Dans le fond, Dominique : Les Yeux De L’Épouvante n’apporte rien de neuf, pas plus du coté des genres qu’il aborde que de ce qui s’est fait chez la Amicus. Le métrage mélange film de maison hantée, film de fantôme et thriller en usant de tous les poncifs possibles vus dans des productions semblables.
Dans la forme en revanche, Dominique : Les Yeux De L’Épouvante mérite l’attention. Le scénario d’abord : classique certes mais assez bien fichu pour maintenir l’intérêt jusqu’à son générique de fin malgré une conclusion, il faut le reconnaître, tirée par les cheveux et trop vite expédiée pour totalement convaincre. L’ambiance est également l’une des forces du métrage. Dominique : Les Yeux De L’Épouvante se situe à la croisée du film d’horreur Anglais et du Giallo, ce qui donne une atmosphère par moment à la limite de l’onirisme, ce qui non seulement renforce le suspens autour de la vraie nature des apparitions de Dominique, mais aussi la beauté plastique du métrage. Car Dominique : Les Yeux De L’Épouvante est un film visuellement réussi, grâce à une photographie qui alterne avec habilité couleurs froides et d’autres plus flamboyantes, parfois dans la même scène. La mise en scène quant à elle est à l’image du métrage : classique mais efficace. Derrière la caméra, Michael Anderson, responsable de L’Age De Cristal, Doc Savage Arrive et surtout de Orca (le sous Jaws qui fait chialer), réussit malgré une réalisation posée, mais carrée et non dénuée de certaines idées de mise en scène, à insuffler un rythme à un métrage lent mais jamais long, ce qui fait de Dominique : Les Yeux De L’Épouvante un film à la cadence particulière, qui ne plaira peut être pas à tout le monde mais paradoxalement, si l’on rentre dans son histoire le temps défile pourtant à une vitesse folle grâce à des plans et un montage au tempo maîtrisés. En définitive, Dominique : Les Yeux De L’Épouvante est une œuvre aujourd’hui datée, cela ne fait aucun doute, mais au qualités bien nombreuses. Pour qui aime les productions Amicus dont le film se rapproche, ou pour qui veut découvrir cette facette du cinéma fantastique Anglais, le film n’est peut être pas une pièce maîtresse, mais n’en demeure pas moins un très bon représentant.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Un scénario qui tient en haleine ♥ La mise en scène classique mais carrée ♥ La photographie réussie ♥ La forme d’ambiance qui se dégage du métrage ♥ Lent mais jamais long |
⊗ Une conclusion décevante ⊗ Un film peut être un peu trop classique pour qui connaît le cinéma fantastique British de l’époque |
Bien que très classique dans le fond, Dominique : Les Yeux De L’Épouvante s’avère être une petite réussite dans la forme. Techniquement carré, l’ambiance réussie, c’est lent sans jamais être long, le film est surtout un vestige du passé qui nous renvoie à la bonne époque du cinéma fantastique Anglais, les productions Amicus en tête. |
Dominique: Les Yeux De L’Épouvante est disponible en Combo Blu-ray DVD chez Rimini Editions au prix de 24.99€. En plus du film, on y trouve un livret de 24 pages écrit par Marc Toullec. |
Titre : Dominique: les yeux de L’ épouvante / Dominique / Dominique is dead
Année : 1979
Durée : 1h40
Origine : Angleterre
Genre : Fantastique
Réalisateur : Michael Anderson
Scénario : Edward Abraham et Valerie Abraham
Acteurs : Cliff Robertson, Jean Simmons, Jenny Agutter, Simon Ward, Ron Moody, Judy Geeson, Michael Jayston, Flora Robson