En Écosse, six soldats anglais, effectuant un simple exercice de routine, découvrent les cadavres d’un autre bataillon. Isolés dans la forêt, sans munitions et une radio défaillante, ils réalisent qu’ils sont à leur tour à la merci d’énormes loups-garous, en cette nuit de pleine lune.
Avis de John Roch :
Dog Soldier est le premier long métrage de Neil Marshall, dont on se souviendra plus pour l’excellent The Descent que pour ses incursions dans le post-apo et le comic book movie (respectivement Doomsday et Hellboy cuvée 2019) entre autres œuvres au sein d’une filmographie mi-figue mi-raisin. Un film qui aura mis six années à se concrétiser, car le scénario de Dog Soldier, Marshall le propose dès 1995 mais ne trouve pas de financement pour deux raisons. La première c’est qu’en Angleterre, le cinéma d’horreur n’existe plus. La mort de la Hammer puis de sa concurrente Amicus, et le scandale provoqué par les vidéos nasties n’aide pas la production du genre chez les Anglo-Saxons, bien que certains films se soient faits pendant cette période. La seconde, c’est qu’avec à cette époque un seul court métrage à son actif, Neil Marshall ne met pas en confiance d’éventuels investisseurs. C’est finalement du côté des États-Unis que le réalisateur trouve un financement de 2 millions de billets, et du côté du Luxembourg qu’il trouve un lieu de tournage. Un faible budget au vue des ambitions du script, car Dog Soldiers c’est bidasses contre Lycanthropes, c’est Evil Dead et Predator qui auraient été invités à une orgie à Rio Bravo par le Loup-garou de Londres. C’est aussi un premier film sympa, mais aussi un premier brouillon certes relativement concluant, mais brouillon quand même.
Tout aussi sympathique soit-il, Dog Soldier part mal avec sa double intro catastrophique, inutile, mal réalisée, brouillonne et mal montée. Puis ça ne s’arrange pas des masses par la suite lorsque les bidasses débarquent pour une grande manœuvre, une mission d’entrainement dans une forêt écossaise. Qui dit mission d’entrainement dit balles à blanc, et là tout espoir de voir une version Lycanthropienne (oui, moi aussi j’invente des mots) de Predator s’écroule. Mais ça repart de plus belle dès lors que nos bidasses vont s’en aller en guerre lorsqu’ils découvrent un camp de militaires dévasté par une force inconnue et récupèrent de vrais guns. Sauvés in-extremis d’un massacre par une zoologiste qui trainait dans le coin, les bidasses en folie vont se retrouver dans une ferme abandonnée assiégée par une meute de loups garous. Neil Marshall connait ses classiques et ne révolutionne rien avec Dog Soldiers. On sent les influences qui vont donc de Evil Dead à Predator, en passant par Rio Bravo et la Nuit des Morts-Vivants pour la maison assiégée par la meute de lycanthropes, le générique de fin renvoit d’ailleurs au remake de 1990 signé Tom Savini. D’autres références sont à noter, on pense au Sans Retour de Walter Hill dont le point de départ est similaire, et aux contes tels que les 3 petits cochons pour la maison qui tient le coup face aux grands méchants loups (l’une des victimes captera par ailleurs qu’il est sur le point d’y passer car le loup souffle fort), ou encore boucle d’or dès lors que les militaires font comme chez eux dans ladite maison. Coté loup garou, Marshall dégraisse complètement la mythologie du lycanthrope que l’on a pu voir jusqu’alors au cinéma. Ici, pas de personnages torturés par leur malédiction, les loups garous sont constamment montré sous leur forme animale, logique puisque le sujet du métrage tend vers le film de guerre horrifique qui s’affranchit de tout élément dramatique. Tout juste aura-t-on les soldats blessés par les hommes-loup qui se transformeront, mais là on est plus dans une logique de transformation en zombie que celle du loup garou au niveau du délai. On aura également un twist si prévisible qu’il est incompréhensible que Neil Marshall entretienne un pseudo suspens sur la question.
Dog Soldiers est un film bourré de bonnes intentions, mais est bien trop bancal et brouillon pour convaincre totalement. La faute en premier lieu à de régulières baisses de rythme, car il faut reconnaitre que si globalement le film n’est pas désagréable, entre deux affrontements entre les militaires et les loups garous, le métrage peine à tenir la distance avec ses dialogues peu passionnants et ses situations qui tournent rapidement en rond. Néanmoins, Dog Soldiers se regarde sans déplaisir, notamment grâce à quelques touches d’humour qui fonctionnent. La réalisation est également en dent de scie, la mise en scène et le montage ont parfois tendance à devenir bordéliques dès lors qu’il s’agit de filmer les multiples assauts des lycanthropes à la photographie bien trop lumineuse à l’extérieur. Pourtant, Neil Marshall parvient la plupart du temps à soigner ses images, et si les premiers instants sont catastrophiques, et que la première partie du métrage se rattrape sans pour autant être exceptionnelle, Dog Soldier prend toute son ampleur dans les quarante dernières minutes où le film décolle vraiment. Les loups garous sont enfin montrés dans toute leur splendeur, les quelques scènes gores signées Bob Keen (Hellraiser, Event Horizon, I Bought A Vampire Motorcycle, Life Force…) ont de la gueule, et l’action est quasiment ininterrompue et enchaine quelques beaux morceaux à l’image d’un militaire qui se retrouve coincé dans les toilettes à la merci d’un lycanthrope pendant qu’un autre tente de le rejoindre depuis la chambre voisine, ou d’un duel à mains nues entre un loup garou et un bidasse bien vénère. Avec Dog Soldier, Neil Marshall livre un premier long métrage bancal et brouillon, mais qui montre que le réalisateur en voulait. Un sympathique petit coup d’essai cependant loin de montrer ce dont le réalisateur était capable, pour cela il faudra attendre The Descent qui l’aura propulsé dans la liste des réalisateurs à suivre.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Militaires VS. Loups garous ♥ La seconde partie ♥ Quelques scènes gores sympa ♥ Les touches d’humour |
⊗ Le début catastrophique ⊗ Les baisses de rythme ⊗ La mise en scène et le montage qui partent parfois en vrille ⊗ Ça met du temps avant de vraiment décoller |
Avec Dog Soldiers, Neil Marshall livre un premier long métrage bancal et brouillon, loin de montrer ce dont le réalisateur est capable dans ses bons jours. Reste un film tout de même sympathique, qui trouve son intérêt dans sa seconde partie bien plus que dans sa première qui va de l’acceptable au catastrophique. |
Titre : Dog Soldiers
Année : 2002
Durée : 1h45
Origine : Angleterre
Genre : Dog of war
Réalisateur : Neil Marshall
Scénario : Neil Marshall
Acteurs : Sean Pertwee, Kevin McKidd, Emma Cleasby, Liam Cunningham, daren Morfitt, Thomas Lockyer, Chris Robson, Leslie Simpson