Django, un homme solitaire et mystérieux traverse le désert. Derrière lui, il traîne un cercueil, sans que personne en connaisse la raison. Après avoir sauvé une femme des mains de bandits, il poursuit ces hors-la-loi jusque dans la ville où ils sèment la terreur. Là, à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, il va s’interposer entre un général américain et un aventurier mexicain.
Avis de Cherycok :
J’adore les westerns spaghettis. C’est un fait. Mais j’ai énormément de lacunes dans le genre. Je connais bien entendu le cinéma de Sergio Leone, toutes les comédies / western de Bud Spencer et Terence Hill, quelques trucs plus récents du genre The Salvation (2014) ou Diablo (2016), mais c’est à peu près tout. J’ai toujours eu peur de pousser un peu plus tellement le genre a été prolifique dans les années 60 et 70 et je ne savais pas par quel bout commencer. Mais il faut bien se lancer un jour, et je me penche donc sur le phénomène Django (1966) réalisé par Sergio Corbucci (Le Grand Silence, Salut L’Ami Adieu le Trésor). Le mot « phénomène » pourrait paraitre un peu fort pour certains, mais le succès de Django a engendré des centaines de suites non officielles voire non autorisées. Django Prépare ton Cercueil, A Genoux Django, Avec Django Ça Va Saigner, Django et Santana, … La liste est extrêmement longue et montre à quel point le film a marqué les esprits. Avec raison car Django est un excellent western.
A sa sortie Django est un énorme succès. Comme dit plus haut, des tonnes de films plus ou moins confidentiels utiliseront ce nom pour essayer de profiter de ce succès. Certains films déjà sortis ressortaient même avec un nouveau titre portant la mention « Django ». En Allemagne, le film était tellement populaire que le moindre western avec Franco Nero, l’interprète de Django, avait forcément Django dans son titre même si l’histoire n’avait rien à voir. Seule suite officielle à avoir vu le jour, Django 2 : Il Grande Ritorno (1987), toujours avec Franco Nero. Une bonne grosse réputation qu’il doit en partie à sa grande violence. Un impressionnant bodycount de 180 morts et une longue interdiction dans certains pays comme l’Angleterre où cette dernière a été levée presque 30 ans après, en 1993. Quentin Tarantino, qui aime rendre hommage aux films ou aux genres auxquels il voue un culte, s’est inspiré du film de Corbucci pour son Django Unchained (2012), en reprenant son thème culte en guise de générique et en donnant un cameo à Franco Nero.
Tant que nous sommes dans l’anecdote, le titre Django serait une référence au guitariste de jazz Django Reinhardt qui avait une main handicapée (justifié par une scène du film). Durant le tournage du film, le réalisateur Enzo Barboni (qui était cadreur sur le film) aurait écrit une première version de ce qui serait plus tard On L’Appelle Trinita et aurait proposé le rôle à Franco Nero. Ce dernier aurait refusé. Le rôle a été confié plus tard à Terence Hill après avoir modifié l’histoire pour en faire une comédie. Trinita qui d’ailleurs aura lui aussi droit au même phénomène de suites non officielles avec Trinita dedans, tout comme ça a été le cas avec Santana, Sabata ou encore Ringo. Il est à noter que le film Django lui-même est une adaptation non officielle du Yojimbo de Akira Kurosawa.
Après ces quelques précisions, parlons maintenant du film en lui-même. Django est un western qui sent la sueur et la boue. Un western assez sombre et on s’en rend compte dès la première scène, avec l’apparition de Django trainant ce cercueil à bout de corde comme pour annoncer la mort qu’il va engendrer autour de lui en punissant ceux qu’il juge mauvais. Les décors sont poisseux, les couleurs délavées, avec cette insistance sur la boue qui jonche le sol de la petite ville à la frontière mexicaine qui servira de cimetière aux nombreuses victimes de Django. Ce personnage a bon nombre de similitudes avec celui de Trinita. Il tire très vite et très bien, il plait aux jolies filles, il balance de la punchline bien cinglante. La ressemblance physique entre Franco Nero et Terence Hill est d’ailleurs assez troublante, il suffit de jeter un coup d’œil aux captures d’écran illustrant cette chronique pour s’en persuader. Mais avec l’humour en moins bien entendu car dans Django, on ne fait pas dans la dentelle. Il pleut des morts, la violence est omniprésente, aussi bien visuellement que dans les dialogues et certaines scènes versent même dans le sadisme (l’écrasage de mains). Le film ose même un parallèle avec les problèmes de religion extrême causés par le Ku Klux Klan aux USA avec son méchant très méchant, qui fait du tir au pigeon sur des mexicains et sa horde de fanatiques portant des masques et se baladant avec des croix en feu pour « purifier » le mal. Ha je vous l’ai dit, on n’est pas là pour rigoler.
Le tout est porté par une très bonne mise en scène de Corbucci très dans le ton des western spaghettis de l’époque, avec des longs plans superbes, des gros plans sur les yeux, une excellente musique n’essayant pas forcément de ressembler à du Morricone, et un final à la fois simple et épique. Non, vraiment, c’était vachement bien Django.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ L’ambiance poisseuse ♥ La mise en scène ♥ La musique et surtout le thème ♥ Le personnage de Django |
⊗ Parfois un peu vieillot. Mais peut-on reprocher ça à un film de 53 ans ? |
Django de Sergio Corbucci est un excellent western spaghetti dans la plus pure tradition de l’époque, peut-être pas aussi culte aux yeux des amateurs que la Trilogie du Dollar de Sergio Leone, mais tout aussi marquant cinématographiquement parlant. Un must see ! |
Titre : Django
Année : 1966
Durée : 1h31
Origine : Italie / Espagne
Genre : Western boueux
Réalisateur : Sergio Corbucci
Scénario : Sergio Corbucci, Bruno Corbucci
Acteurs : Franco Nero, José Bodalo, Loredana Nusciak, Angel Alvarez, Gino Pernice, Simon Arriaga, Giovanni Ivan Scratuglia, Remo de Angelis, Luciano Rossi