Alors que les démons semblent sur le point de revenir sur Terre pour la conquérir, le jeune Ryo Asuka permet la fusion de l’un deux avec son meilleur ami Akira Fudo. De la fusion naît Devilman.
Avis de Yume :
2004 fut, au Japon, l’année cinématographique spéciale Go Nagai. Mangaka génial, précurseur inventif du manga ou de l’anime tel qu’on le connaît, Go Nagai est surtout un touche-à-tout qui aura officié dans quasiment tous les genres de mangas, du robot géant aux farces fan service pur jus en passant par la fresque violente et nihiliste dont Devilman est la parfaite incarnation.
En effet, Devilman le manga est un réel chef d’œuvre de noirceur, ne s’arrêtant devant aucun tabou, et constituant en cinq volumes un sommet de pessimisme jouissif. Il n’est donc pas étonnant que ce manga retienne l’attention de producteurs, qui décident alors de lui donner vie dans une adaptation cinématographique qui restera sans aucun doute dans les mémoires pour l’éternité. Ils n’avaient pas tout à fait tort sur ce point. Deux crises cardiaques consécutives ont donc frappé les fans de Go Nagai en 2004 lors des annonces des adaptations live de Cutie Honey et Devilman, deux figures emblématiques d’un manga décomplexé des années 70, chères aux otakus de tous poils. Pourtant il faut bien se rendre à l’évidence que dans les deux cas, la déconvenue finale fut proportionnelle au degré d’attente. Si de son côté Cutie Honey, adapté par Anno, divise les foules, Devilman ne peut que faire l’unanimité contre lui. Mais pourquoi donc a-t-on pu croire dans la réussite (ou même une semi réussite) de ce projet ?
Rétrospectivement il faut avouer que la beauté de l’idée d’une telle adaptation a bel et bien voilé les yeux des fans hardcore de Go Nagai (et peut être même des autres). En premier lieu, le nom du réalisateur aurait dû être un indice : Hiroyuki Nasu. Un strict inconnu qui officiait en général dans les adaptations cheap de mangas ou anime à succès tel que Bee Bop Highschool, et qui était aussi à la barre d’un des films, cultissime soit dit en passant, des Morning Musume. Soyons francs, avec un tel palmarès, l’adaptation live aurait dû faire peur. Surtout que quelques temps plus tard ont commencé à circuler les premières images et teasers dans lesquels on pouvait enfin deviner l’étendue du massacre. Et le pire de tout cela c’est que, du teaser au film, il n’y eu aucune amélioration notable. Cela a déjà été dit Devilman ne peut que faire l’unanimité contre lui. Il n’y a strictement rien qui puisse être sauvé, tant le naufrage cinématographique qu’il constitue est grandiose.
Donner un avis sur un film de cet acabit pose un problème majeur : par où commencer le listing des différentes catastrophes accumulées dans le long métrage ; Sûrement par le cas, grave, des acteurs choisis pour figurer au générique. En effet la totalité d’entre eux sont empâtés dans leurs personnages, aucun n’ayant l’once minimum de charisme qui permet de rendre un personnage acceptable pour le plus indulgent des spectateurs. Ils se contentent donc de sourire bêtement (pour les filles) et faire un visage fermé à peine dérangé par un froncement de sourcil impromptu afin de simuler la grande détresse intérieure qui hante chaque seconde leur personnage. Malheureusement la technique de la non expressivité, sûrement conseillée par leur coach d’acting comme ultime solution palliative à leur manque de talent notable, ne peut cacher le vide intersidéral reflété dans leurs regards. C’est donc une pure torture que de suivre les personnages du film, et surtout de s’intéresser à leur sort. Surtout que cerise sur le gâteau, et pour coller à la mode, ceux-ci sont costumés façon gothique ou visual rock, ce qui implique des cheveux gominés plaqués sur le visage, des chemises aux grand cols blancs etc…
Comme si un style vestimentaire pouvait engendrer une ambiance gothique ou démoniaque, Devilman le film ne prend pas la peine de travailler les décors et l’ambiance générale. Le film se déroule en effet dans une demi-douzaine de lieux, tous communs et réduits à un espace minimal, mais surtout il n’y a à aucun moment un sentiment d’étouffement et de violence, comme le manga l’avait si bien suggéré. En fait c’est là la faute majeure du film : ne pas avoir su ou pu retranscrire le nihilisme ultra violent de l’œuvre de base. Là où Devilman le manga présentait meurtres gores et tourments intérieurs violents, Devilman le film se contente d’une recette ultra allégée et fade. Bien sûr il y a du sang. Bien sûr il y a des démons. Mais tout cela est lamentable. Imaginez juste des maquillages ridicules pour simuler des démons, et un semblant d’ambiance fin du monde simulée par quelques voitures renversées et des rues vides. Par moment le film pourrait même passer pour une véritable insulte envers l’œuvre de Go Nagai. Insulte aggravée en dernier lieu par le niveau des effets spéciaux. Devilman le film passe volontiers à ce niveau pour une démo de jeu vidéo période PS1, et certaines séquences entières et longues du film (comme la fin) ne sont faites que d’images de synthèses de ce niveau. Il ne faut pas non plus passer sous silence les quelques combats à la Matrix avec ralentis et accélérations à foison, ni la mollesse générale de la mise en scène.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ … | ⊗ Des acteurs sans charisme ⊗ Ambiance complètement ratée ⊗ Décors affreux ⊗ CGI immondes ⊗ Rien ne va |
En fait Devilman le film est à l’image de sa toute fin, complètement opposé au manga d’origine. Le nihilisme et la cruauté ont laissé place à un produit formaté, et surtout radicalement loupé. Go Nagai n’est certes pas un auteur facile à adapter en film live, mais même les productions érotiques tirées de ses mangas polissons arrivent à faire largement mieux que ce Devilman. Cela arrive rarement, mais avec ce film j’ai eu l’impression d’être pris pour un con. Un film honteux tout simplement. |
Titre : Devilman / デビルマン
Année : 2004
Durée : 1h52
Origine : Japon
Genre : Démoniaque
Réalisateur : Hiroyuki Nasu
Scénario : Hiroyuki Nasu
Acteurs : Hisato Izaki, Yusuke Izaki, Ayana Sakai, Asuka Shibuya, Ryudo Uzaki, Yoko Aki, Ai Tominaga, Bob Sapp, Hiroyuki Matsumoto, Hirotarô Honda