Il y a de nombreuses années, Zhou Ke s’est introduit seul dans le repaire d’un gang et a sauvé son frère Banuo, mais il a finalement été arrêté et emprisonné. Quelques années plus tard, Zhou Ke est libéré de prison et mène une vie insouciante en ville sous le pseudonyme de Li Fei. Cependant, les courants souterrains qui agitent les rues tranquilles se renforcent et la nouvelle vague de mal est encore plus horrible. Cette fois, où Zhou Ke doit-il aller ?
Avis de Cherycok :
Parfois, une bande annonce nous fait un tel effet qu’on a immédiatement envie de voir le film. Ça me le fait souvent pour les DTV chinois, bien que je sais que c’est quitte ou double, que les bandes annonces sont parfois trompeuses, surtout pour ces derniers, et qu’on se retrouve parfois (souvent ?) avec un produit complètement lambda, vu et revu 50 fois. Mais là, je l’ai bien senti immédiatement, allez savoir pourquoi, l’ambiance qui se dégageait, le style visuel, l’action qui avait l’air bien fichue. Alors hop, un petit tour sur iQiYi avant que l’abonnement ne se termine, je trouve le film sous le titre Desperado (alors que la traduction littérale du titre chinois est « Thug in a Suit »), je le lance. Je reprends mon souffle au bout de la 10ème minute après une introduction assez épique et je me dis que si le film est comme ça sur les 1h25 restantes, ça va être du bon, du très bon. Et vous savez quoi ? Desperado se classe direct dans le Top 5 des DTV chinois que j’ai pu voir. Comme quoi, on n’est jamais à l’abri d’une excellente surprise dans la jungle du DTV chinois.
Oui, cette scène d’introduction est absolument énorme, gunfight + baston pieds / poings dans une boucherie, et dressera le kiki de tous les amateurs de cinéma d’action de Hong Kong. Impossible après ces 10 minutes de ne pas avoir envie de voir la suite. On se rend compte très vite que Desperado n’est pas du tout l’adaptation du film du même nom de Robert Rodriguez, mais qu’il semble plus lorgner, ou repomper c’est selon, sur The Night Comes For Us (pour l’intro dans la boucherie), sur The Raid (pour la scène de baston dans le couloir), sur The Joker (pour le personnage central qui se déguise en clown), mais également et surtout sur le coréen The Man From Nowhere. Oui, le recyclage est total, mais le recyclage est très bien fait. L’action, bien que souvent avec une caméra très mobile qui va accompagner les différents mouvements, est très lisible. Les scènes d’action sont très réussies, aussi bien les gunfights ultra violents, bien impactants, que les bastons qui vont parfois lorgner du côté du cinéma coréen par leur violence, leur mise en scène, mais aussi de Hong Kong période SPL. C’est lisible et surtout Cheng Si-Yi choisit de ne pas trop cut son action, de faire des plans plus larges, chose assez rare dans le DTV chinois qui a l’habitude de filmer de près et de surcut façon ciné US. Le rendu est tout de suite très intéressant, on sent l’envie du réalisateur de faire un film d’action qui envoie du pâté et il va faire ce qu’il faut pour réussir. C’est intense, stylé, violent, brutal, parfois même cruel, et sincèrement très bon, sans doute les meilleures scènes d’action pour un DTV chinois se passant à une époque contemporaine aux côtés de celles de Fight Against Evil et sa suite. Et de l’action, il y en a un paquet. Pas 5 minutes ne passent sans qu’une baston, un gunfight ou une course poursuite ne se lance.
Visuellement, le film est beau, avec une photographie très travaillée, très colorée, et la mise en scène de Cheng Si-Yi est de manière générale très bonne. Ce dernier va avoir le moins recours possible aux CGI. Lorsqu’il faut froisser de la tôle, il va froisser de la tôle. Lorsqu’il faut détruire quelque chose, il va détruire quelque chose. Les personnages sont peu développés mais suffisamment pour retenir l’attention, en particulier celui du (anti)héros qui cherche à retrouver les meurtriers de sa famille. Le casting est bon, Danny Chan livre une excellente performance et ce rôle de justicier lui va à merveille, le changeant clairement de ses nombreux rôles « Brucelee-esques » dans les films et les séries (souvenez vous le goal de Shaolin Soccer). Il tente sa chance depuis 2 ou 3 ans en Chine où, s’il choisit ses films comme il le fait, il pourrait retrouver une seconde jeunesse. De manière générale, la brochette d’acteurs est bien choisie, certains se démarquant par leur physique reconnaissable là où au début de l’avènement de ces DTV chinois, ils étaient tous lisses et interchangeables de film en film. L’arrivée de ces plus ou moins vieux de la vieille du cinéma de Hong Kong semble avoir un peu changé les choses. Fait étonnant de la part d’un DTV chinois, la Police est tournée en dérision à plusieurs reprises, soit par son incompétence, soit par sa maladresse. C’est d’ailleurs la Police qui apporte le seul élément comique du film, via deux personnages, là où habituellement elle est encensée à cause de certaines contraintes imposées par la censure chinoise. Bref, si on ajoute à tout ça une très bonne bande son, brassant plusieurs styles mais surtout apportant à certaines scènes un côté encore plus fun et/ou intense, ce premier DTV chinois estampillé 2024 est une excellente surprise. On note un nouveau pas en avant en termes de qualités cinématographiques.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Visuellement réussi ♥ Danny Chan ♥ Les scènes d’action nombreuses ♥ La mise en scène ♥ Brutal et sans concession ♥ L’utilisation limitée des CGI |
⊗ Ça reste du recyclage ⊗ Des méchants pas assez approfondis |
Avec Desperado / Thug in a Suit, Cheng Si-Yi livre un film décomplexé, bourré d’action de très bonne facture, qui se classe directement dans le haut du panier des DTV chinois contemporains. Ça recycle, oui, mais ça recycle très bien ! |
Titre : Desperado / Thug in a Suit / 西装暴徒
Année : 2024
Durée : 1h39
Origine : Chine
Genre : Melting Poat très efficace
Réalisateur : Cheng Si-Yi
Scénario : Cheng Si-Yi
Acteurs : Danny Chan, Wang Bao-Tong, Muqi Miya, Xing Yu, Ken Lok, Luo Li-Qin, Shi Yan-Neng, Wei Lu, Ban Ke, Cha Li, Zheng Wen-Sen, Li Gao-Ji, Luo Da-Hua