[Film] Dernier Train pour Busan, de Yeon Sang-Ho (2016)

Un virus inconnu se répand en Corée du Sud, l’état d’urgence est décrété. Les passagers du train KTX se livrent à une lutte sans merci afin de survivre jusqu’à Busan, l’unique ville où ils seront en sécurité…


Avis de Cherycok :
Ce n’est un secret pour personne, les films de zombies / infectés ont la côte depuis maintenant plusieurs années. Il en fleurit un sacré paquet tous les ans et de tous les horizons. Mais c’est de Corée du Sud que nous vient l’ultime sensation du genre avec Dernier Train pour Busan, excellente bobine qui avec 20 fois moins de budget (10M$US) arrive à faire 20 fois mieux que son cousin ricain World War Z (190M$US), qui est pour tous les amateurs de zombies l’exemple même de tout ce qu’il ne faut pas faire. Tendu du string du début à la fin, alliant scènes d’action ultra efficaces et moments d’émotions ne tombant jamais dans la niaiserie, mettant en avant des morceaux de bravoure marquants sans oublier d’intégrer une critique sociale bien d’actualité.

Succès aussi bien critique que public, se payant une moyenne de 8/10 sur IMDB pour 2800 votes, dépassant les 90% sur Rotten Tomatoes et se ventant d’un 4.2/5 sur Allocine sur plus de 1200 votants, Dernier Train pour Busan est en fait la suite d’un film d’animation très remarqué dans divers festivals, déjà mis en scène par Yeon Sang-Ho, s’intitulant Seoul Station et se déroulant 24h avant l’histoire du film. On va suivre ici un papa peu attentionné, tellement plus préoccupé par son travail de courtier que par sa petite fille, à tel point que cette dernière, après un énième anniversaire raté à cause de son père, décide qu’elle veut revenir chez sa maman. Le lendemain, alors qu’ils embarquent dans le Korean Train Express qui doit les amener de Seoul à Busan, des évènements étranges se produisent puisque, juste après qu’une jeune fille paraissant malade monte dans le train, des voyageurs semblant enragés se mettent à attaquer les autres passagers. La panique va rapidement monter dans le train et la survie commencer à s’organiser. Mais comment s’échapper alors que les chaines de télévision diffusées dans le train annoncent un chaos encore plus grand à l’extérieur… C’est à partir de ce postulat de départ, au demeurant assez classique, que Yeon Sang-Ho va pondre sans doute un des films les plus intenses de cette année 2016.

Là où le réalisateur va être très fort, c’est dans la gestion de l’espace. Le film se déroule quasi exclusivement dans un train, avec son espace clos et répétitif, ses wagons qui se ressemblent comme deux gouttes d’eaux. Un huis-clos ferroviaire en quelques sortes. Et pourtant, à aucun moment cette problématique ne ressort. Mieux encore, Yeon Sang-Ho prend soin de rendre ses scènes d’action le plus lisible possible, en essayant de ne pas trop les découper afin de pouvoir suivre sans aucun problème les mouvements des personnages dans le chaos qui y règne rapidement. C’est d’une efficacité redoutable et cela amène encore plus d’intensité à des scènes qui n’en manquaient déjà pas. Même si, un peu à la manière d’un 28 Jours plus Tard de Danny Boyle, le réalisateur préfère axer son film plus sur l’action que sur l’horreur, on reste le cul scotché au fauteuil avec le regard qui ne décroche pas une seconde de l’écran. Pas de gore qui tâche ici, ni même de jumpscare comme ça peut être la mode dans plein d’autres film, on est ici dans la tension pure et dure, et une tension qui monte crescendo, sans jamais s’arrêter. À tel point que, un peu à la manière d’un Mad Max Fury Road, les quelques moments plus calmes nous permettent de reprendre notre souffle. Les infectés sont à la fois grotesques et terrifiants, dans le sens où le réalisateur leur donne un côté parfois comique (le coup du manteau sur la tête) et un autre extrêmement dangereux (leur désarticulation extrême qui leur donne un aspect imprévisible). Certaines scènes dégagent une puissance hallucinante malgré, avouons-le, des effets spéciaux parfois un peu trop visibles. Mais de manière générale, la mise en scène est tout bonnement excellente. Le réalisateur a su tirer le meilleur du milieu de l’animation d’où il vient et, pour un premier film, le résultat à l’écran est des plus convaincant.

Dernier Train pour Busan fonctionne aussi grâce à ses nombreux personnages. Dans un premier temps, on se dit qu’on a là tous les clichés possibles et imaginables pour ce genre de films. La petite fille, la femme enceinte, le gros bourrin, le clochard, les sportifs, l’enculé de première… Du classique de chez classique, mais on se rend compte rapidement que c’est ce qui fait qu’on va immédiatement s’attacher à eux, s’identifier à eux. On sait que tous ne s’en sortiront pas, on craint pour leur vie et, en quelques sortes, on souffre et on pleure avec eux. Et une fois n’est pas coutume, ils ne sont pas stupides (du moins, pour la majorité d’entre eux) et prennent des décisions autres que « Hey, si on se séparait ? ».
Le film aborde plusieurs thèmes plus profonds. Le cinéaste injecte un sous-texte anticapitaliste en égratignant comme il se doit le milieu de la finance et des banques qui cherchent le profit et uniquement le profit, quelle que soit la situation du pays. Un peu comme si cette épidémie était la résultante de la crise économique et du capitalisme sauvage, avec ces personnages qui n’ont plus foi qu’en une chose, l’individualisme et l’égoïsme. Chacun pour sa gueule comme dirait l’autre. Alors que l’entraide est bien souvent la seule chance de survie dans un monde désespéré où tout part en couille. Le personnage de Kim Eui-Sung (National Security, The Suspect) en est l’exemple même, et je défie quiconque de ne pas avoir envie de lui mettre un gros pain dans la gueule à la sortie de la séance.

LES PLUS LES MOINS
♥ La mise en scène
♥ Les personnages
♥ Les scènes d’action
♥ Le rythme intense
⊗ Quelques rares SFX ratés
A la fin de sa projection en Séance de Minuit au dernier Festival de Cannes, Dernier Train pour Busan a eu droit à sa standing ovation. Et c’est amplement mérité tant le film de Yeon Sang-Ho explose tout ce qui a été fait en termes de zombies ces dernières années. S’il y avait bien un film à aller voir dans les salles obscures cet été, c’était Dernier Train pour Busan.



Titre : Dernier Train pour Busan / Train to Busan / Busanhaeng
Année : 2016
Durée : 1h58
Origine : Corée du Sud
Genre : Prends ça dans ta gueule WWZ !
Réalisateur : Yeon Sang-Ho
Scénario : Park Joo-Suk, Yeon Sang-Ho

Acteurs : Gong Yoo, Jung Yu-Mi, Ma Dong-Seok, Kim Soo-Ahn, Kim Eui-Sung, Choi Woo-Sik, Ahn So-Hee, Jang Hyuk-Jin, Shim Eun-Kyung

 Dernier train pour Busan (2016) on IMDb










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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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