La plateforme Deepwater Horizon tourne non-stop pour tirer profit des 800 millions de litres de pétrole présents dans les profondeurs du golfe du Mexique. Mike Williams, électricien sur la plateforme et père de famille, connaît les risques de son métier mais fait confiance au professionnalisme de son patron Jimmy Harrell. En revanche, tous se méfient de la société locataire de la plateforme dirigée, qui ne pense qu’à son bénéfice. Lorsque cette société décide contre l’avis des techniciens de la déplacer trop rapidement, ils sont loin de se douter que les 5 millions de barils sous leurs pieds sont prêts à exploser… Le seul courage de Mike et ses collègues suffira-t-il à limiter les dégâts et sauver ce qui peut encore l’être ?
Avis de Cherycok :
La plate-forme pétrolière Deepwater Horizon louée par la compagnie pétrolière britannique BP dans le golfe du Mexique, détient le record du puits le plus profond jamais foré en offshore. Le 20 avril 2010, la plateforme-explose, tuant 11 personnes et provoquant un gigantesque incendie, ainsi qu’une marée noire de très grande envergure. Environ 5 millions de barils de pétrole, soit 780000 m3, se répandent dans l’océan et le désastre écologique est sans précédents aux U.S.A, déréglant l’écosystème local et menant plus de 400 espèces d’animaux. S’inspirant de l’article « Les Dernières Heures du Deepwater Horizon » écrit pour le New-York Times en décembre 2010, Deepwater de Peter Berg nous raconte l’incroyable histoire vraie de ce qui est considéré comme la plus grande catastrophe pétrolière de l’histoire de l’humanité. Les moyens sont déployés : un gros casting, 110M$US de budget, la célèbre société ILM aux effets spéciaux, mais le film est un des plus gros fours au box-office de 2016, rapportant péniblement 122M$US, ce qui a entrainé une perte sèche d’environ 80M$US au studio. Pourtant, le film est bon, et même très bon sur certains aspects.
Divers réalisateurs sont envisagés pour mettre en boite le film, tels que Ric Roman Waugh (Greenland, Kandahar) ou J. C. Chandor (Margin Call, Triple Frontière), mais le projet finira entre les mains de Peter Berg, bien plus expérimenté et bien plus habitué aux gros budgets puisqu’on lui doit des films tels que Battleship (2012), Le Royaume (2007), Hancok (2008) ou encore Du Sang et des Larmes (2013). Bien que les CGI soient nombreux, Peter Berg et son équipe technique ont tenu à ce que le maximum de décors soient construits afin que les acteurs soient réellement mis en situation car tout le monde voulait éviter l’utilisation des fonds verts. C’est ainsi que la construction d’une énorme structure de 21 mètres de haut est lancée, avec un héliport et des ascenseurs fonctionnels, ainsi qu’un énorme réservoir de huit millions de litres d’eau. Même chose pour les intérieurs avec une énorme recherche pour habiller ça avec la même technologie qu’en 2010. Les énormes geysers de bout, les décors qui explosent, les retours de flammes, ont presque tous été réalisés en practical pour un rendu encore plus réaliste. Les CGI sont utilisés pour améliorer l’image, rajouter des morceaux à la structure, rendre les feux et les explosions plus impressionnants et ILM a fait un travail très soigné. Le résultat est tout simplement bluffant et les images que le film nous envoie à la gueule sont parmi les plus impressionnantes qu’on ait vu depuis bien longtemps, renvoyant au rang de brouillon, voire de croquis la plupart des blockbusters d’action sortis depuis. Comme en plus Peter Berg fait tout pour nous plonger vraiment au cœur de l’action avec sa mise en scène sobre, en se mettant au plus près de ses personnages, en donnant à son film un aspect presque documentaire dans la façon de filmer, très souvent caméra à l’épaule, en nous présentant des monsieur et madame tout-le-monde, on est immédiatement plongé au cœur de cette plate-forme pétrolière au bord de l’explosion.
Il arrive immédiatement à capturer la panique, la tension et le chaos du moment et il en résulte que, même si les personnages sont au final minces, car trop nombreux pour être approfondis, l’impact lorsque certains meurent se fait réellement ressentir. D’autant plus que le casting y est vraiment excellent, des rôles principaux avec un Mark Wahlberg et un Kurt Russell réellement impliqués, aux très nombreux seconds rôles, remplis de têtes connues du cinéma hollywoodien (mais aussi des séries). Et puis un blockbuster qui dure 1h47 génériques compris et allant à l’essentiel à une époque où tout semble devoir dépasser 2h voire 2h15 avec énormément d’exposition parfois pour pas grand-chose, on ne peut que le saluer. On peut facilement voir dans Deepwater une critique du capitalisme et de l’exploitation à outrance de notre planète avec ces personnages de la société pétrolière BP, hautains, surs d’eux, qu’on nous fait immédiatement détester. Certes, on pourra reprocher au film de manquer parfois un peu de nuance dans leur caractérisation, mais quand on regarde le générique de fin, présentant des images d’archives, entre autres des procès, ou si on se renseigne un peu et qu’on constate que les organisateurs de ce forage chez BP n’ont au final jamais été inquiété malgré les 11 morts et toutes les répercutions que cela a provoqué, il y a de quoi être en colère. Et c’est bien qu’un tel film existe, d’autant plus que certains rescapés de la vraie catastrophe ont été consultants sur le tournage afin que l’ensemble soit le plus réaliste et proche de la réalité possible. Le scénario a pris quelques libertés pour rendre l’ensemble bien plus cinégénique et « blockbusterien », comme par exemple l’idée de la dent de dinosaure fossilisée ou le gaz qui sort du fond de la mer et qui ne s’est pas réellement produit, mais au final qu’importe, ce récit à suspense et inspirant sur la vie réelle de personnes ordinaires dont les valeurs sont mises à l’épreuve face à une catastrophe environnementale imminente est une très jolie réussite.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Très bonne mise en scène ♥ Des effets spéciaux très réussis ♥ Un casting impliqué ♥ Prenant et intense |
⊗ Des personnages parfois trop clichés ⊗ Il faut aimer les films catastrophe |
Deepwater est un bon blockbuster, voire très bon par moments, prenant, allant à l’essentiel, et proposant un spectacle visuellement très réussi. Difficile de comprendre le naufrage au box-office si ce n’est que les films catastrophe ne sont peut-être plus à la mode… |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Deepwater a été nominé aux oscars en 2017 pour les meilleurs effets visuels.
• C’est la 2ème collaboration entre Mark Wahlberg et Peter Berg après Du Sang et des Larmes. Ils travailleront de nouveau ensemble par la suite sur Traque à Boston (2016), 22 Miles (2018) et Spencer Confidential (2020).
Titre : Deepwater / Deepwater Horizon
Année : 2016
Durée : 1h47
Origine : U.S.A / Hong Kong
Genre : C’est beau le capitalisme
Réalisateur : Peter Berg
Scénario : Matthew Sand, David Barstow, Matthew Michael Carnahan
Acteurs : Mark Wahlberg, Kurt Russel, John Malkovich, Douglas M. Griffin, James DuMont, Gina Rodriguez, Joe Chrest, Brad Leland, David Maldonado, Ethan Suplee