[Film] Deep Dark, de Michael Medaglia (2015)

Un sculpteur raté part habiter dans l’ancien appartement de son oncle pour s’isoler du monde et retrouver l’inspiration. Il y découvre un trou dans un mur duquel s’élève une voix capable de réaliser les rêves les plus fous… mais aussi les pires cauchemars.


Avis de Cherycok :
Il y a des films parfois comme ça qui vous laissent un peu interrogatifs une fois le visionnage terminé. On ne sait pas si on a aimé ou non, on se demande si on n’a pas raté quelque chose, si on a bien compris où le film voulait nous amener, où il voulait en venir, si c’est volontaire ou non d’essayer de perdre le spectateur en cours de route. C’est le cas de Deep Dark(2015) du jeune Michael Medaglia qui nous intéresse ici, un film déjà intrigant rien qu’à la lecture de son pitch, et au final un métrage à la fois étrange, bizarre, romantique, poétique et dramatique. Un film à la jaquette trompeuse (un trou rempli de dents acérées dans un mur) puisqu’il ne rentre qu’à de très rares occasions dans la catégorie Horreur. Et rapidement, vient le problème suivant : comment parler d’un film dont on a l’impression qu’il nous a échappé à un moment donné ? Comment parler d’un film si on ne sait même pas si on a aimé ou pas ? Ben je n’en sais rien, mais on va essayer…

Deep Dark va nous raconter l’histoire d’un jeune artiste spécialisé dans l’art contemporain, sincèrement pas très doué de ses dix doigts, qui vit encore chez sa mère et qui des problèmes d’argent. Information inutile et donc capitale, je n’y connais strictement rien en art content pour rien car le principe de la chose m’échappe complètement. Accrocher des trucs improbables ensembles, ou les empiler, leur donner une signification souvent vaseuse, et dire que c’est de l’art, j’avoue avoir un peu du mal. Mais bon, parenthèse à part, retournons au film. Et donc notre jeune homme en manque d’inspiration va contacter son oncle, qui a réussi dans une autre forme d’art, pour lui demander des conseils, à contrecœur. Ce dernier lui conseillant de s’isoler plusieurs jours afin de retrouver l’inspiration, il lui parle d’un obscur appartement qui lui avait donné à lui la force de rebondir. Notre jeune héros, après hésitation, s’exécute et rejoint cet appartement sommaire, lugubre dont il découvre rapidement le secret. Derrière un cadre se trouve un trou dans le mur, duquel s’échappe une voix féminine et sensuelle disant clairement qu’elle est capable d’aider notre jeune héros si ce dernier accepte de lui tenir compagnie. Le succès sera effectivement au rendez-vous mais rapidement les termes « tenir compagnie » deviennent bien plus tendancieux qu’ils n’auraient dû…

Le plus étrange dans ce film, c’est justement cette « créature » qui parle à travers le trou du mur et surtout la relation qu’elle développe avec le héros du film. D’abord amicale, elle l’aide en sortant des œufs (???) qui, lorsqu’ils sont mis sur les sculptures, amènent la fascination pour le public, allant jusqu’à provoquer des désirs sexuels soudains. Puis une relation plus sexuelle, où elle va demander au jeune homme de faire des choses à travers ce trou. Sauf qu’on ne sait absolument rien de cette créature, ni à quoi elle ressemble, ni ce qu’elle fait là, ni si ses intentions sont sincères. Et le film ne nous donnera absolument aucune pièce du puzzle. En résulte pour le coup des scènes très étranges, à la fois romantiques et un peu gênantes, parfois à la limite de l’onirisme, parfois un peu flippant. Mais toujours avec cette question qui persiste : Qu’est-ce que le réalisateur veut nous dire ? Est-ce que cette créature est née de l’imagination de ce jeune héros en plein mal être de ne pas arriver à vivre de sa passion ? Faut-il persévérer quand la vie vous fait comprendre que vous n’y arriverez pas ? Mais peut-on être heureux si on abandonne cette passion ? Jusqu’où faut-il aller pour l’assouvir ? Est-ce que cette créature très étrange est le reflet de cet art contemporain qui l’est tout autant ?

Deep Dark est un film qui interroge tout autant que l’art dont il traite. Cette sensation très étrange qu’il laisse reste plusieurs jours après le visionnage. Le film est court (1h19 générique compris) mais lent, très lent. A vrai dire, il ne décolle jamais. Mais pourtant, il ne désintéresse à aucun moment. On veut savoir comment toute cette histoire va se terminer. On veut en savoir plus sur cette créature, sur cette relation qu’elle essaie de créer avec le héros, si elle est réellement en recherche d’affection ou si son but final est bien plus « meurtrier ». On ne sait pas trop, on se laisse porter malgré toutes les interrogations jusqu’au final réellement réussi qui, même s’il ne répond que partiellement à nos questions, aura le mérite de ne pas avoir été bâclé et d’avoir réussi à nous faire ressentir une sacré empathie pour cette « créature » sans savoir ce qu’elle était, ni même jamais l’avoir vue.
Pourtant le film n’est ni réellement bien interprété (hormis le héros), ni réellement impressionnant techniquement parlant. La photographie est classieuse mais n’a rien d’exceptionnel. La musique est tout ce qu’il y a de plus lambda. Certaines scènes tombent comme un cheveu sur la soupe (l’orgie sexuelle en pleine galerie d’art) et sont plus gênantes qu’autre chose. Il comporte quelques scènes gores plutôt bien faites mais elles ne sont clairement pas le principal atout du film. Tout cela rajoute encore plus à cette sensation étrange de « J’ai aimé ou je n’ai pas aimé ? ». Et puis on réalise que ce sont toutes ces interrogations qui font la force du film. Car là où il aurait pu être une bobine certes bizarre mais assez lambda de plus, il reste en mémoire. On se dit du coup que tout ceci est volontaire de la part du réalisateur. Ou pas en fait. Je n’en sais rien…

LES PLUS LES MOINS
♥ La relation héros / créature
♥ L’ambiance tendancieuse
⊗ Un peu plat
⊗ Le jeu des seconds rôles
Deep Dark est donc un film très étrange. L’écriture de ces lignes ne m’aura pas plus éclairé, je ne sais toujours pas si j’ai aimé ou pas le film, la note ne sera donc pas réellement représentative. Mais une chose est sûre, Deep Dark ne laisse pas indifférent. Son pari est donc quelque part réussi.



Titre : Deep Dark
Année : 2015
Durée : 1h19
Origine : U.S.A
Genre : Hole Together
Réalisateur : Michael Medaglia
Scénario : Michael Medaglia

Acteurs : Sean McGrath, Denise Poirier, Anne Sorce, Tabor Helton, Monica Graves, Mary McDonald-Lewis, John Nielsen, Don Alder, Simos Kalivas

 Deep Dark (2015) on IMDb












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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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