2050. Les Etats-Unis sont contrôlés par un conglomérat d’entreprises qui ont tous les droits. Afin de lutter contre la surpopulation croissante, ils organisent chaque année une course à la mort dans laquelle les participants gagnent des points en tuant des gens. Cette année un homme va vouloir se dresser contre le système pour arrêter le carnage.
Avis de Cherycok :
Producteur mythique, Roger Corman continue encore et toujours, à plus de 90 balais, à exprimer son amour pour le cinéma de série B voire Z après des centaines de bobines parfois tantôt sérieuses et malines, tantôt tarées et jouissives, et très souvent assez fauchées. Icône à Hollywood et pour tout un pan de cinéphiles avertis, le voilà qui relance la franchise Death Race après trois opus récents bien plus friqués chez Universal sous la houlette de Paul W.S. Anderson. Sauf qu’ici, il revient aux origines : voitures en carton, violence gratuite, kitch de tous les instants, fait de bric et de broc. Death Race 2050 est en quelques sortes un remake suite du premier Death Race 2000 (1975), baptisé à l’époque chez nous « La Course à la mort de l’année 2000 », déjà produit par Corman. Les mots d’ordre du film : du fun, du fun, et encore du fun. Et malgré toutes les craintes que nous aurions pu avoir, Death Race 2050 remplit haut la main son contrat de divertissement, ratant de peu le statut de petit bijou d’humour noir et méchant.
Alors que Death Race 1, 2 et Inferno situaient leurs courses sur des circuits, Death Race 2050 a un univers beaucoup plus proche du Death Race 2000 avec David Carradine puisqu’on retrouve le système de course à étapes à travers tous les Etats-Unis, le système de points lorsqu’ils écrasent des piétons (10 pour un adulte, 20 pour un enfant, 50 pour les vieux), et même le groupe de rebelles qui essaie de perturber la course dans le but de faire une révolution. Et quitte à pousser le vice jusqu’au bout, le côté kitchos du premier opus semble avoir été ici gardé volontairement, jusque dans la musique renvoyant aux scènes de courses poursuites vues dans des films et séries des années 70 (façon Shérif Fais Moi Peur). Et c’est ce que n’ont sans doute pas compris les premières critiques apparues ci et là sur la toile. Oui, Death Race 2050 et une grosse bouffonnerie à regarder impérativement au second degré du début à la fin. Et ça se sent dès les premières minutes que le spectacle auquel on va assister sera d’une connerie sans nom, l’apothéose étant atteinte, le temps d’une scène, avec l’improbable arrivée de ninjas armés de bâtons faisant le bruit de sabres lasers, et notre héros de s’écrier : « Putain, il y a des ninjas dans la Résistance ! ». Epique.
Death Race 2050 est un film à l’humour noir bête et méchant, volontairement ringard par moment, mais qui fait mouche la plupart du temps. Le film se fout de la gueule de la technologie, des Américains qui laissent leur gros cul assis toute la journée devant la télé en se servant de la chantilly comme antidépresseur, qui prônent la fainéantise au point de se faire livrer leur soda par drone plutôt que de lever leur derrière, de leur patriotisme exacerbé, de leur fascination pour les programmes TV décérébrés, des journalistes, des politiques et des conséquences catastrophiques de leurs décisions, des rednecks, des préjugés,… Tout le monde en prend pour son grade via des scènes parfois WTF et des lignes de dialogues des plus funs et méchantes devenant pour le coup une des attractions principales du film avec un lâchage complet dans le n’importe quoi. Ca sort de la blagounette de bas étage, de la punchline ridicule (« Regarde Tammy, je porte le slip sacré ! »). Et plus le film avance, plus on se dit que c’est bien nawak à tous les niveaux avec ces personnages improbables aux looks parfois étranges, du plan nichon gratos parce qu’apparemment, dans le futur, être dans un bar les seins à l’air c’est tout à fait normal, le look des voitures façon carton-pâte semblant sortir d’un post-apo fauché italien des années 80, ou encore la soundtrack qui mélange sans vergogne tous les styles, du métal au jazz en passant par l’électro, le hip-hop ou encore la country très typée 70’s.
Même les scènes gores sont aussi cons que le reste du film, avec des têtes qui explosent, des corps coupés en deux, trainés sur le sol, le tout de manière bien grotesque. Dommage seulement que, malgré l’utilisation parfois de gore qui tâche à l’ancienne, la majorité des giclées de sang soit en images de synthèse dégueulasses et pas du tout appropriées au look kitch que le film essaie d’entretenir. L’abus de fond vert rend parfois les gros plans de certaines courses poursuites bien moches. Mais de toute façon, on se rend vite compte que les courses dans l’absolu n’ont rien de réellement passionnant, c’est surtout le traitement qu’ils en font qui est plus intéressant, un traitement à l’image du film, c’est-à-dire souvent complètement crétin (dans le bon sens du terme), atteignant son apothéose lors d’un final partant en cacahuète totale, défonçant complètement tous les symboles que le film avait critiqués jusque-là. Un bon gros fuck, certes sur le ton de l’humour noir et volontairement débile, à toutes les strates de cette bonne vieille société américaine, du pauvre pequenaud qui n’a rien demandé mais qui suit la masse jusqu’au gros enfoiré politicard qui se croit tout permis.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le kitch ambiant ♥ Le retour aux sources ♥ Des ninjas ! |
⊗ Les SFX moyens voire mauvais ⊗ Petit mou à mi-film |
Volontairement kitch, méchant et ringard juste ce qu’il faut, Death Race 2050 est une bobine extrêmement fun qui, malgré ses défauts, propose un divertissement des plus réjouissants. |
Titre : Death Race 2050
Année : 2017
Durée : 1h28
Origine : U.S.A
Genre : : Remake / Reboot / Suite
Réalisateur : G.J. Echternkamp
Scénario : G.J. Echternkamp, Matt Yamashita
Acteurs : Manu Bennett, Malcolm McDowell, Marci Miller, Burt Grinstead, Folake Olowofoyeku, Anessa Ramsey, Yancy Butler, Charlie Olson, D.C. Douglas, Sebastian Llosa