Après s’être fait licencier par la Chaank Industries à la suite de l’échec de son projet de soldat cybernétique, l’ingénieur Jack Dante décide de se venger en lâchant dans les locaux de l’entreprise un robot géant programmé pour repérer puis éliminer ses cibles en fonction de leur degré de peur.
Avis de Rick :
Stephen Norrington est l’exemple même du réalisateur qui n’a pas de bol. Après avoir œuvré sur les effets spéciaux de Aliens le Retour, Hardware, Killer Instinct (Split Second) et Alien 3, il se lance dans la mise en scène avec ce Death Machine. Ce qui lui permettra de réaliser 4 ans plus tard Blade, et ce qui l’amènera au final sur La Ligue des Gentlemen Extraordinaires en 2003, film qui mit fin à sa carrière. Et si Death Machine, son premier film, n’est qu’un film de fanboy de science fiction, avec un budget très réduit (3 millions de dollars), et si le film lui aura ouvert des portes pour l’amener ensuite vers des films plus ambitieux, et bien il aura eu toutes les peines du monde à mener son projet à bien. Le réalisateur ne sera d’ailleurs jamais pleinement satisfait de son film, si bien que 4 montages traînent. Un ultra censuré de 1h25, la version US de 1h39, une version Director’s Cut de 1h51 et même une version bien plus longue de 2h08. Mais même en DVD, le film continue de ne pas avoir de chance. Pour preuve, je n’ai que le DVD Américain de 1h39, recadré en 4/3, rendant certaines scènes étranges par un cadrage faisant clairement amateur, voir cachant une partie de l’action… Mais on fait avec ce que l’on a comme on dit. Comme je le disais, Death Machine est un film de fanboy. Il suffit de voir les noms des personnages. Brad Dourif joue Jack Dante (hommage à Joe Dante), un autre personnage se nommera Sam Raimi, et on aura également Scott Ridley et John Carpenter. Au casting d’ailleurs, quelques belles gueules du genre, avec donc Brad Dourif dans le rôle d’un technicien qui pète un câble, Ely Pouget dans le rôle principal (bon là, sa carrière se discute… Le Cobaye 2 et un paquet de séries TV), William Hottkins habitué aux seconds rôles, Richard Brake et sa gueule que l’on reconnaît à 10 km (31, Halloween 2, Kingsman, il débutait ici) et même dans son tout premier rôle Rachel Weisz.
Outre son casting mélangeant gueules connues et nouveaux venus, les noms de ses personnages, beaucoup de situations voir de plans rappelleront de grands films aux connaisseurs. Mais est-ce que cette accumulation d’hommages fait de Death Machine un bon film ? Pas tout à fait, car malgré de bonnes intentions et quelques scènes marquantes, Death Machine souffre de deux grands défauts, à savoir son manque de budget comparé à ses ambitions, mais également une première partie assez lente et laborieuse. Oui, pendant toute la première partie, on nous présente des militaires peu intéressants et des cadres d’entreprise qui ne valent pas mieux. Il n’y a bien que Brad Dourif en roue libre qui attire notre attention tant il a l’air de se faire plaisir, et d’en faire des tonnes pour nous faire plaisir. Certes, il en fait même parfois un peu trop, mais son interprétation rend chacune de ses apparitions amusantes et divertissantes. Déjà ça. Une fois par contre que son personnage lâche après les autres un robot géant tueur, le film se bouge enfin, mais son maigre budget rend certaines scènes discutables, notamment avec l’usage de l’accéléré parfois abusif et certains effets moyens. Car si Stephen Norrington avait travaillé sur les effets spéciaux de Hardware qui mettait déjà en scène un robot psychopathe, il fait l’opposé de Richard Stanley. Lui, il avait un budget plus réduit, donc cachait souvent son robot, le cadrait de manière serrée, construisait une ambiance autour de son robot. L’opposé de Death Machine, qui préfère nous montrer souvent la bête dans son intégralité, et n’a pas une ambiance franchement captivante à côté.
Alors quand en plus, on se tape une version recadrée du métrage qui nous bouffe littéralement les deux côtés de l’image, certaines apparitions du robot en prennent pour leur grade, et c’est dommage. Malgré tout, reconnaissons à Stephen Norrington qu’il nous livre quelques scènes qui ont franchement de la gueule, notamment la scène la plus marquante du métrage, celle de l’ascenseur, mélangeant terreur mécanique avec le robot tueur, une petite tension fort sympathique grâce à un montage réussi, et surtout un peu de gore. C’est ce genre de moments qui tirent Death Machine vers le haut, ça et l’interprétation survoltée de Brad Dourif. Car à côté, nous avons surtout des personnages un peu clichés qui discutent, et un robot bien trop souvent montré. Lâcher à l’écran ces nombreuses influences, que ce soit vers Aliens, Robocop, Terminator, ou même Evil Dead, ça ne suffit pas totalement. On se retrouve clairement devant un film qui a le cul entre deux chaises, entre l’envie de bien faire du réalisateur, ses influences, quelques scènes marquantes, mais malheureusement aussi des gros défauts, une première partie longue à mourir, et un côté fauché parfois bien voyant. Le métrage demeure plus une curiosité parfois amusante qu’un vrai bon film.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ La scène de l’ascenseur ♥ Brad Dourif en roue libre ♥ Une série B pleine de bonnes intentions |
⊗ Souvent assez fauché ⊗ Beaucoup trop d’influences ⊗ La première partie, trop longue |
Petite curiosité parsemée de moments marquants, Death Machine ne parvient pas à convaincre entièrement. Une série B un peu bancale que l’on a du mal à détester. |
Titre : Death Machine
Année : 1994
Durée : 1h39 (version ciné), 1h51 (Director’s Cut), 2h08 (Final Cut)
Origine : Angleterre / Japon
Genre : Science Fiction
Réalisation : Stephen Norrington
Scénario : Stephen Norrington
Avec : Brad Dourif, Ely Pouget, William Hootkins, John Sharian, Martin McDougall, Andreas Wisniewski et Richard Brake
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