Cinq années après l’invasion planétaire de zombies qui causa l’apocalypse, des militaires et des civils survivants cohabitent dans un bunker. Parmi eux, une scientifique travaille toujours à l’élaboration d’un vaccin au virus zombie.
Avis de Cherycok :
Bien que divisant les foules, Day of the Dead de Georges Romero est un film un peu spécial pour moi parce que c’est de lui qu’est venue ma passion pour les zombies. Attention, nous rentrons dans un petit paragraphe « Je raconte ma life ». Vu à l’âge de 8 ans « grâce » à une cousine plus âgée en pleine découverte du cinéma d’horreur, ce fût un choc. Le choc genre traumatisme sévère. A faire des insomnies, péter de trouille sous mes draps qu’un zombie sorte de dessous le lit, à en délirer les rares fois où je trouvais le sommeil avec des poussées de fièvre à 40 degrés, à ne plus sortir de chez moi ou alors en regardant sous la moindre voiture garée, à ne plus pouvoir rentrer dans un cimetière de peur que l’invasion zombie commence dans mon petit bled paumé du Béarn, … Bref, le bon gros choc des familles qui a duré de nombreuses semaines. Jusqu’au visionnage, un peu forcé par des amis, de Braindead de Peter Jackson à l’âge de 13/14 ans, qui lui m’a réconcilié avec les zombies. A partir de ce moment-là, ce fût le drame. Les films d’horreur ne me faisaient plus peur, j’ai vu à peu près tout ce qui se faisait en matière de zombies depuis le milieu des années 90, et j’étais devenu fan de ces gentils petits êtres avides de cerveaux humains. Bref, autant vous dire que Day of the Dead, je n’aime pas quand on fait n’importe quoi avec. Et donc forcément, ce nouveau remake m’intriguait autant qu’il me faisait peur…
Ce n’est pas le premier remake par ailleurs puisqu’en 2008, Steve Miner (Vendredi 13 2, Lake Placid) sortait déjà sa version du film culte de Romero. Le résultat était des plus moyens, pour ne pas dire médiocre. Pire encore, sortait en 2005 Day of the Dead 2, pseudo suite de l’original où deux réalisateurs bas de gamme essayaient d’engrangerun peu de pognon en faisant n’importe quoi avec une licence qu’ils piétinaient des deux pieds. Bien gore mais aussi bien nul à chier. Et puis en 2013, on nous annonce qu’un nouveau remake doit sortir mais les informations sont assez floues. Puis voilà qu’en 2017, le film refait parler de lui et sort finalement le 5 Janvier 2018 sous le titre de Day of the Dead : Bloodline sous la houlette de Millenium Medias et de Lionsgate.
A la barre, Hèctor Hernández Vicens, réalisateur du (à priori) sympathique The Corpse of Ana Fritz. A quelle hauteur ce dernier a pu faire n’importe quoi avec le film culte de Romero et à quelle hauteur les producteurs avaient imposé un cahier des charges à suivre. Parce que rien que la scène d’introduction a de quoi faire peur. Des djeuns dans une promo de médecine vont à une fiesta de fin d’année, ils dansent, picolent, ils s’amusent à se faire peur dans la salle où ils entreposent les cadavres pour des autopsies, … Sans déconner, dans l’original, c’est dans un complexe militaire, avec des militaires qui ne font pas vraiment la fête… Oui, ça démarre mal et on sent déjà bien que le film est destiné à un jeune public en mal de zombies. Heureusement, ça dégénère rapidement avec du gore, des gorges arrachées et donc pas mal de zombies bien énervés. Ah oui, les zombies courent dans Day of the Dead : Bloodline. Je ne suis pas plus gêné que ça par le procédé mais je sais qu’il y a des gens que ça irrite. A bon entendeur. L’écran titre arrive enfin au bout de 11 minutes, s’en suit la fameuse base militaire qu’on attendait, nous voilà « rassurés ». Oui, les guillemets sont de rigueur car on craint toujours le pire pour la suite. Et ce qui devait arriver arriva…
Alors heureusement, on retrouve certains éléments du film original. La base militaire donc, gérée par un militaire imbuvable avec sa tête de con pour lequel on espère tout le long une mort atroce. Les expériences sur les zombies. L’éventrement avec tripes à l’air du chef militaire précédemment cité. Ou encore bien entendu le fameux zombie qui est capturé, Bub, renommé pour l’occasion Max, uniquement pour arriver à placer un « Relax Max » (véridique) parce que vous comprenez, il faut aussi des petites blagounettes. Sauf que toute l’essence du premier Day of the Dead, tout ce qui faisait sa force, a été ici mis de côté. Exit la lutte de pouvoir entre militaires et civils, exit l’humanisation des zombies, exit les expériences menées sur eux qui nous frappent par leur inhumanité, exit toute la critique sociétale que George Romero a essayé de faire passer et qui donnait tant de force à son film. La seule chose reprise ici, c’est que les zombies ne sont pas uniquement guidés par l’instinct de prédation mais qu’ils agissent en fonction d’une certaine forme de mémoire de leur vie passée. Mais là aussi, on tombe dans le grand n’importe quoi… Le Zombie Bub… euh Max s’accroche sous une voiture pour suivre celle qu’il avait envie de se faire avant d’être zombie, il se cache derrière des branchages pour l’observer, il escalade des trucs pour aller se cacher dans des conduits de ventilation, il amène ses victimes ailleurs pour ne pas se faire voir, il pique des clés pour se libérer plus tard, … C’est un zombie Assassin’s Creed ou quoi !?! Et pour couronner le tout, il est jaloux et fait ses petites crises ! Pourquoi faire ça… Pourquoi nous infliger ça…
Tout ça n’est pas glorieux mais ce n’est pas fini… Day of the Dead Bloodline est truffé de scènes qui soit ne servent à rien, soit tombent complètement à plat. La panne de voiture en pleine forêt à la tombée de la nuit était sans doute là pour apporter un peu de stress, mais le résultat final est proche de l’encéphalogramme de la grenouille, c’est-à-dire plat. Il faut dire que le jeu des acteurs n’aide pas. Le casting plutôt jeune manque clairement de charisme et de talent pour nous provoquer quelconque émotion et on se rend compte très rapidement qu’on se fout éperdument de leur sort. Leurs réactions débiles n’aident pas, à croire qu’ils ont juste envie de décéder déchiquetés dans d’atroces souffrances. Et puis merde, les histoires d’amour et de jalousie dans ce genre de film, ça devient ridicule en plus d’être chiant. C’est dommage car la mise en scène est souvent très correcte, avec quelques très jolis cadrages malgré une photographie un peu sombre (mais en raccord avec le thème). Il en va de même pour les effets gores qui giclent pas mal, tantôt artisanaux (très bons), tantôt numériques (déjà plus discutables), ou encore les maquillages des zombies qui s’en sortent avec les honneurs. Le petit clin d’œil à Dawn of the Dead (1978) de Georges Romero avec l’hélicoptère écrasé au bord de la route qu’on voit furtivement est bien trouvé. Mais rien n’y fait, c’est raté et les fans crieront au scandale. Et pourquoi cette fin pleine d’espoir, là où l’original versait dans le pessimisme. Non pas qu’un happy end est forcément malvenu, mais là on dénature l’essence même du film de Romero en dénaturant totalement le matériau d’origine…
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Quelques jolis plans ♥ Ça saigne pas mal |
⊗ C’est plat, sans saveur ⊗ Casting très moyen ⊗ Situations illogiques ⊗ Aucun message |
Day of the Dead : Bloodline est un remake raté du film culte de George Romero. Mieux vaut revoir le film original plutôt que de s’infliger ce bousin. Espérons que le Rise of the Living Dead du fiston Romero et le Queen of the Dead de la fille Romero, qui sortiront dans les mois à venir, arrivent à faire honneur à la trilogie zombie culte du pape du genre. |
Titre : Day of the Dead : Bloodline
Année : 2018
Durée : 1h30
Origine : U.S.A / Bulgarie
Genre : Remake of the Dead
Réalisateur : Hèctor Hernández Vicens
Scénario : Mark Tonderai, Lars Jacobson
Acteurs : Sophie Kelton, Johnathon Schaech, Jeff Gum, Marcus Vanco, Mark Rhino Smith, Lillian Blankeship, Shari Watson, Rachel O’Meara