Peyton Westlake, brillant généticien, vient de réaliser la synthèse des cellules de la peau. Sa femme, avocate, a pour client un constructeur immobilier, Louis Strack Jr, dont un document confidentiel vient de lui révéler les agissements douteux. Elle cache le document dans le laboratoire de son mari. Louis Strack Jr envoie des tueurs pour récupérer son bien. Le professeur est laissé pour mort mais il survit à ses horribles blessures. Défiguré, il réussit à se recomposer un visage, mais qui ne tient que 99 minutes, afin d’assouvir sa vengeance.
Avis de Cherycok :
Mon aversion pour les super-héros ne date pas de hier. Bien que je m’intéresse aujourd’hui aux visions différentes de ces héros aux pouvoirs surnaturels avec des films comme Jeeg Robot, Freaks Out, Brightburn ou encore la série The Boys, j’ai longtemps banni de mes visionnages tous les films (à l’exception des Batman de Burton) dont les titres pourraient faire penser à une adaptation d’un comic book de super-héros. C’est pour cela que je découvre 33 ans après sa sortie le Darkman de Sam Raimi. Pourquoi ? Eh bien parce que Sam Raimi déjà, parce que sa trilogie Spiderman est la seule qui trouve grâce à mes yeux à quelques détails près dans toute la masse informe de produits estampillés Marvel ou DC qui sortent depuis deux décennies. Parce qu’on me l’a conseillé en me disant que, justement, il évite tout ce qui me rebute dans ces derniers. Et puis parce qu’il y a un cameo de Bruce Campbell et que je ne peux pas résister à Bruce Campbell. Oui, ce dernier point est une raison suffisante pour que je me lance dans un film et je me fous de ce que vous pensez ah ah !
En 1987, Sam Raimi sort Evil Dead 2. Pendant qu’il tourne quelques clips musicaux (par exemple pour Iggy Pop), il se dit qu’il aimerait adapter The Shadow ou Batman en film. Les studios lui rient un peu au nez alors il décide d’écrire une nouvelle d’une trentaine de pages sur un « super héros » de sa création, Darkman, et part démarcher les studios avec ça en mains. Universal est intéressé et lui propose un budget de 8 à 12M$US. Raimi accepte et c’est le jeune Liam Neeson qui interprètera son Darkman (il a proposé son pote Bruce Campbell mais ça a été refusé par le studio). Quelques soucis de production faisant passer le budget à 14M$Us plus tard, le film est prêt et les p’tits gars d’Universal n’aiment pas vraiment le produit final mais décident de le sortir malgré tout, à la fin de la période estivale, sans grand espoir. A la surprise générale, le film ramène presque 50 millions et le succès sera encore plus fulgurant dans les vidéos clubs au point que deux suites verront le jour, ainsi que des comics adaptés du film, des jeux vidéo et même des figurines. Darkman, c’est l’histoire d’un homme qui a perdu son visage et qui va en prendre d’autres pour se venger de criminels, le tout sur fond d’histoire d’amour tragique façon Notre Dame de Paris et son bossu. Darkman n’a pas vraiment de super-pouvoirs. Il a malgré tout une force accrue et une insensibilité à la douleur causée par une intervention chirurgicale, mais il va surtout utiliser de la peau synthétique (il était scientifique avant qu’il lui arrive malheur) pour mener ses batailles. Darkman n’est pas à proprement parler un super-héros. Il ne va pas débarrasser sa ville des supers méchants, il veut juste se venger et à chaque fois qu’il agit, son côté obscur s’empare un peu plus de lui. Mais surtout Darkman prouve plusieurs choses. 1, on peut faire un bon film de superhéros en 1h30 (coucou les Avengers). 2, on peut faire un bon film de super héros sans de l’humour débile (coucou Thor Ragnaok et Love & Thunder). Et 3, on peut faire un bon film de superhéros sans avoir 250M$US de budget (coucou Marvel / DC). Parce que Darkman, c’est de la série B toute simple, sans artifice, efficace, réussie.
Le scénario est tout simple, avec le coup classique du mec à qui il va arriver une (grosse) tuile et qui va se venger en tuant un à un ceux qui sont à l’origine de son malheur. On y retrouve toute la maestria et la folie visuelle de Sam Raimi dans la mise en scène. C’est très bien shooté, avec des cadrages bien pensés et un excellent jeu d’ombres / lumières. Le look du Darkman est excellent, avec son chapeau, son long manteau-cape et son bandage façon momie. Les inspirations du film sont diverses. Il y a un peu de Frankenstein, de Dracula, de la Momie. On sent que Raimi a voulu rendre un hommage au Universal Monster des années 30. Mais on y trouve aussi du Batman (la pose sur le toit entre les deux gargouilles). En cherchant bien, on pourrait également y voir du Elephant Man et même du Toxic Avenger (le grand écart). Les maquillages sont excellents. Celui du visage de Darkman lorsqu’il enlève ses bandelettes est même assez impressionnant. Les scènes en fond vert ont malheureusement pas mal vieilli même si, pour l’époque (tourné en 1989, sorti en 1990), elles restent honorables encore aujourd’hui. Par contre, il ne faut pas chercher ici une quelconque crédibilité, on est dans une série B façon adaptation de comic book (sans l’être donc) et donc beaucoup de choses sont exagérées, à commencer par les chouettes scènes d’action où ça se canarde dans tous les sens (parfois sans jamais se toucher), qu’importe, ça fait du bien de voir des vrais hélicos, de vraies explosions, de vrais crashs. Même chose au niveau des personnages. Entre un très bon Liam Neeson qui offre une performance sans aucune retenue à l’inverse de ses rôles futurs dans La Liste de Schindler et de la prélogie Star Wars, et l’excellent Larry Drake dont le personnage collectionne des doigts coupés dans une belle boite de velours rouge en aimant caresser des animaux empaillés, on sent bien que malgré le ton noir de l’histoire, Raimi a voulu que son film garde un côté cartoon. Bref, tout ça pour dire que oui, j’ai aimé Darkman, car il ne ressemble pas à un film de super héros au sens où on l’entend aujourd’hui. Alors même si les deux suites n’ont pas du tout bonne réputation, eh bien je vais me les fader, pour l’amour de la blague, pour clôturer une saga de plus sur le site. Parce que j’ai survécu à une saga de 15 films produite par Charles Band, je peux survivre à une de trois films produite par Universal.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Bien mis en scène ♥ Le personnage de Darkman ♥ Va à l’essentiel ♥ Très bien rythmé ♥ Le casting |
⊗ Certains effets ont mal vieillis ⊗ Le jeu moyen de certains seconds rôles |
Avant sa trilogie Spiderman et son Dr Strange 2, Sam Raimi livrait déjà en 1990 sa vision du super héros avec Darkman, joli succès à sa sortie, mais surtout très chouette série B qui réunit tous les ingrédients pour passer un bon moment. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Plusieurs amis de Sam Raimi font un cameo dans le film. Il y a Bruce Campbell, bien entendu, mais aussi son frère Red Raimi, ainsi que ses amis réalisateurs Joel Cohen, Ethan Coen et John Landis.
• Bill Paxton a failli jouer le rôle de Peyton Westlake. Selon Paxton, il a parlé de l’audition à son ami Liam Neeson. Lorsque Neeson a obtenu le rôle, Paxton était tellement en colère qu’il n’a pas parlé à Neeson pendant des mois.
• Liam Neeson travaillait dix-huit heures par jour avec un maquillage de dix pièces, mais il aimait le défi et l’idée de travailler derrière un masque devant la caméra, ainsi que d’explorer les possibilités que cela impliquait. Neeson a également participé à l’élaboration du costume qu’il portait dans le rôle de Darkman, en particulier la cape. Le plus difficile a été de parler avec de fausses dents, car il ne voulait pas qu’elles bougent du tout.
Titre : Darkman
Année : 1990
Durée : 1h35
Origine : U.S.A
Genre : Délit de faciès
Réalisateur : Sam Raimi
Scénario : Sam Raimi, Chuck Pfarrer, Ivan Raimi
Acteurs : Liam Neeson, Frances McDormand, Colin Friels, Larry Drake, Nelson Mashita, Jessie Lawrence Ferguson, Rafael H. Robledo, Dan Hicks, Ted Raimi, Nicholas Worth