Dar, fils du roi destiné à détruire le tyran des forces du mal d’après sa prophétesse, est marqué à la naissance avant d’être sacrifié, mais il est sauvé par un homme qui le ramène dans son petit village et l’élève comme son fils. Adulte, son petit village ainsi que sa famille adoptive sont détruits par l’armée du tyran. Seul survivant, il part à l’aventure dans le but de se venger, il devient un combattant qui sur son chemin rencontrera des alliés parmi lesquels des animaux (furets, aigle et tigre noir) avec qui il communique grâce à son don, la télépathie.
Avis de Rick :
Il est l’heure de se replonger, avec nostalgie et pleins d’étoiles dans les yeux, dans Dar L’Invincible, alias the Beastmaster. Signé Don Coscarelli, qui sortait alors du succès surprise de Phantasm en 1979, il décide alors de ne pas céder à la facilité et de ne pas signer une suite à son film horrifique, pour voguer vers des horizons différents. La suite, on la connait, Don Coscarelli n’aura pas eu de chance dans sa carrière, revenant directement après avec Phantasm 2 en 1988, puis après un autre essai dans le thriller en 1989, reviendra jusqu’aux années 2000 à Phantasm avec deux nouveaux opus, avant de continuer sa carrière avec difficulté, mais nous sortant pourtant toujours des métrages intéressants à la frontière des genres, avec par exemple Bubba Ho-Tep en 2002 ou John Dies at the End en 2012. Mais revenons au début des années 80. Coscarelli écrit le scénario avec Paul Pepperman, adaptant un roman de 1959, en prenant d’énormes libertés, si bien que l’auteure demande à ce que son nom ne soit pas crédité. Coscarelli signe pour la mise en scène, et des fonds sont récoltés lors de divers marchés du film. Avec la somme de 9 millions en poche, ce qui n’est pas rien pour le réalisateur dont le précédent métrage n’avait même pas coûté un million, l’ensemble se met en place, mais le tournage ainsi que la post production ne seront pas de toute repos, Coscarelli étant très souvent en désaccord avec la production. Il voulait Demi Moore pour le rôle féminin, il aura Tanya Roberts. Il voulait Klaus Kinski pour le grand méchant, mais il demande trop cher. Coscarelli se dispute également très souvent durant le montage du film, mais Dar L’Invincible sort sur les écrans en Août 1982. Les critiques sont très mitigées, et le film rapporte 14 millions seulement en Amérique. Ce qui n’empêcha pas les producteurs de lancer des suites des années plus tard, respectivement en 1991 et en 1996. Deux suites auxquelles Coscarelli ne participe pas. Marc Singer lui reviendra pour tenir le rôle principal. Mais voilà, nous sommes ici pour parler du premier opus, film fou, puisque nous sommes en 1982, et qu’à cette époque, se lancer dans de l’heroic fantasy, ce n’était pas chose courante.
La même année, il y a l’énorme Conan le Barbare, qui lance en quelque sorte la mode, et c’est après que la fantaisie est à l’honneur, avec Conan le destructeur (un nanar), Kalidor (un nanar), Krull (que j’aime beaucoup on le sait), Legend (que j’aime à présent), Dark Crystal (culte), L’Histoire Sans Fin (culte), Willow et j’en passe. Un effet de mode qui durera surtout durant les années 80, puis retournera dormir dans les années 90 avant de revenir durant les années 2000 avec le Seigneur des Anneaux. Dar l’Invincible est donc un des premiers, et donc, un gros risque. Et si je vous parlais tout au début de nostalgie, et bien, que vaut Dar L’Invincible aujourd’hui, presque 40 ans plus tard ? Alors, c’est certain, ça a vieillit, et par moment, c’est même très kitch. Mais pas honteux pour autant. Du moins pas tout le temps, car si je pourrais sourire avec un poil de honte devant certaines scènes, ou certains costumes par moment, il faut avouer qu’à d’autres moments, le métrage fait clairement le boulot. Alors ici, on a une histoire classique, encore plus pour de la fantaisie, avec cet homme (musclé et souvent en slip) qui peut parler aux animaux, et qui après le massacre de son village par un tyran, décide de partir à sa recherche pour se venger. Voilà, une base tout ce qu’il y a de plus classique. Sur sa route, plusieurs rencontres, notamment des animaux, avec un aigle qui va s’avérer être un fidèle allié, des belettes, et une panthère (en réalité, un tigre peint en noir, apparemment, plus facile de tourner avec un tigre qu’une panthère). Mais aussi, une Tanya Roberts sauvage et peu prude, des gentils villageois, et des ennemis nombreux à tuer à coups d’épée, ainsi que quelques monstres, ce ne serait pas bien fun sinon. Le premier bon point du scénario, qui permet aisément de séparer Dar L’Invincible des autres métrages du genre de ces années là, c’est sa faculté à communiquer avec les animaux. Il faut bien ça pour en faire un héros hors du commun, car au-delà de ça, son cheminement est en soit la quête classique d’un héros dans le genre. Si le scénario est pavé de bonnes intentions, on ne pourra pas franchement dire qu’il est original dans ses grandes lignes, ou que certains personnages soient mémorables. Sympathiques oui.
Dans la forme par contre, le film bénéficie d’un certain soin. Coscarelli est après tout un réalisateur très créatif, la saga Phantasm et son univers en sont la preuve, et il va ici tenter pas mal de choses. Certaines très réussies, et d’autres malheureusement beaucoup moins, et proche du ridicule, il faut bien l’avouer, nostalgie ou non. Mais au moins, il tente, et ça n’en fait pas un film facile juste fait à la va vite pour l’argent. Contrairement aux suites. La longue scène d’ouverture présentant la naissance du personnage en est la preuve, Coscarelli soignant ses cadrages, son ambiance. On pourra juste sourire face sans doute à certains acteurs qui en font un peu trop. Mais très souvent, c’est soigné, inventif. En fait, le seul gros bémol du film, et venant quelque peu amoindrir la puissance de certaines scènes, ce sera les scènes d’action. Don Coscarelli ne semble pas totalement à l’aise, pas pour rien qu’il n’a d’ailleurs jamais réellement été un réalisateur d’action. Certains duels notamment manquent quelque peu de peps, de dynamisme, autant dans les enchainements que dans le montage, et ça c’est bien dommage. Ce sont ces quelques moments, malgré tout assez rares, qui donnent ce petit côté vieillot au film, qui ne parvient pas à cacher son âge à ce niveau. Mais on lui pardonnera, grâce à quelques images sombres, une mise en scène travaillée, des acteurs parfois bons ou rendant au moins leurs personnages attachants (et une très jolie Tanya Roberts), et même quelques moments qui tentent de faire venir l’émotion, et y parviennent de manière surprenante, notamment avec les deux furets. Oui oui ! Je veux les mêmes à la maison d’ailleurs.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Un film d’aventure sympathique ♥ Des moments assurément sombres ♥ La magnifique Tanya Roberts ♥ Les animaux, tout choupi |
⊗ Moins convaincant dans l’action ⊗ Un poil trop long peut-être ? |
Datant de la même année que Conan le Barbare, Dar L’Invincible inaugure avec lui la vague de cinéma d’héroic fantasy qui déferlera durant les années 80. Pas parfait, mais honnête, blindé de bonnes idées et de quelques passages marquants. |
Titre : Dar L’Invincible – The Beastmaster
Année : 1982
Durée : 1h58
Origine : Etats Unis
Genre : Aventures
Réalisation : Don Coscarelli
Scénario : Don Coscarelli et Paul Pepperman
Avec : Marc Singer, Tanya Roberts, Rip Torn, John Amos, Joshua Milrad, Ralph Strait et Billy Jayne
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