Dang Bireley est un gangster renommé des années 50 dont les idoles sont Elvis et James Dean. Âgé de treize ans, il tue, pour la première fois, un client de sa mère, alors prostituée. Il se fait un nom à Phra Nakorn (un quartier de Bangkok) en menant un gang qui protège moyennant finances. Dans une Thaïlande au contexte politique tourmenté, des rivalités se créent au sein du gang et celui-ci se sépare en deux clans ennemis.
Avis de Laurent :
Dang Bailey’s and Young Gangster est sans doute le film qui a permis l’émergence du renouveau du cinéma thaïlandais à la fin des années 90. Premier film de Nonzee Nimibutr, qui a signé depuis les excellents Nang Nak, Jan Dara, et qui a produit les films thaïlandais les plus marquants de ces dernières années (Les Larmes du Tigre Noir, The Eyes, Bangkok Dangerous, Bangrajan, Monrak Transistor, Last Life In The Universe). Il a su fédérer autour de lui un noyau dur de réalisateurs talentueux (Pen-Ek Ratanaruang, Tanit Jitnukul, les frères Pang …) et transformer la production locale en nouvel eldorado cinématographique à défricher.
Dang Bailey’s and Young Gangster raconte donc une histoire d’amitié entre cinq jeunes délinquants paumés qui se déchirent en deux gangs rivaux. Le récit se focalise sur la fureur de vivre de Dang, dont James Dean est l’idole, tourmenté par le fait d’être le fils unique d’une prostituée. Il promet à sa mère de se convertir en moine pour une durée indéterminée le jour où il trouvera la paix intérieure. L’action de 2499 se déroule au début des années 50 dans une Thaïlande en transition, sous domination américaine, entre les guerres de 39-45 et celle du Vietnam. Influencée par l’Oncle Sam, la jeunesse ne jure alors que par James Dean, Elvis Presley et vit au rythme du rock ‘n roll. 2499 évoque donc à travers ce drame fratricide cette période trouble pendant laquelle la Thaïlande avait perdu tous ses repères identitaires et culturels et s’adresse donc à toute une génération de Thaïlandais qui ont été les témoins directs des grands bouleversements économiques et politiques de leur pays.
Dans ce cadre historique particulier vient donc se greffer cette histoire d’amitié/haine d’une grande qualité qui débouchera sur un des plus beaux carnages du cinéma thaïlandais contemporain (difficile d’en dire plus sans spoiler). Soyons clair : Dang Bailey’s and Young Gangster est à la Thaïlande ce qu’Une Balle dans la Tête est à Hong Kong et Friend à la Corée du Sud. Vous l’aurez compris, Nonzee Nimibutr signe une œuvre référence forte émotionnellement, à la fois naïve et radicale. Filmé sobrement avec une photographie dans les tons sépia sublime, 2499 n’oublie pas les clichés du genre (antihéros attachant, rivalité amoureuse, situation politique fragile …). On regrettera simplement l’absence d’un thème musical récurrent. L’interprétation est à la hauteur de la réalisation, avec entre autres, Jesdaporn Pholdee, dans le rôle d’un Dang tourmenté, au ton très juste, que l’on retrouvera dans les suites de Iron Ladies et The Eyes. Quant à Chartchai Ngamsan, rendu célèbre grâce à son rôle principal dans le fabuleux Larmes du Tigre Noir, il reste cette fois-ci plus mesuré, mais sa prestance et son regard suffisent à assumer son rôle tout en retenue. Enfin, Attaporn Teemakorn crève l’écran dans son interprétation de Piak en jeune déboussolé, élevé par un moine bouddhiste qui hésite entre la pègre et l’école.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le carnage final ♥ Très fort émotionnellement ♥ La photographie ♥ L’interprétation |
⊗ La bande son moyenne |
Œuvre pionnière pour cette nouvelle vague de cinéastes talentueux, Dang Bailey’s and Young Gangster mérite le même succès d’estime que les chef d’œuvres de John Woo et Kwak Kyung-Taek. |
Titre : Dang Bireley’s and Young Gangsters / 2499 อันธพาลครองเมือง
Année : 1997
Durée : 1h50
Origine : Thaïlande
Genre : Gangster
Réalisateur : Nonzee Nimibutr
Scénario : Wisit Sasanatieng
Acteurs : Jessadaporn Pholdee, Noppachai Muttaweevong, Attaporn Teemakorn, Supakorn Kitsuwon, Chartchai Ngamsan, Champagne X, Apichart Choosakul