Honey Kisaragi, modeste employée de bureau très naïve, est en fait un androïde capable de se transformer en Cutie Honey, la Guerrière de l’Amour. Quand Sister Jill et son organisation criminelle Panther Claws apparaît, Cutie Honey s’oppose à elle. Elle sera aidée par une inspectrice, et un mystérieux journaliste.
Avis de Yume :
(NDR : la belle sera ici nommée Cutey et non Cutie). HONEY FLASH ! Quel fan d’anime ou même de culture populaire japonaise n’a jamais entendu cette phrase. La phrase qui permet la transformation en Guerrière de l’Amour. Remontons dans les 70’s. Un certain Nagai Go, non content d’avoir révolutionné le monde des robots géants avec Mazinger Z et consorts, continue dans sa lancée de mangas gentiment érotiques, remplis de fan service, et créé pour le plus grand bonheur de toute une génération d’Otaku la pulpeuse Cutey Honey, parodie épicée de Magical Girl. L’idée est simplissimement géniale : une jeune fille pulpeuse à souhait se transforme en Cutey Honey, une super héroïne qui peut, de plus, se transformer en n’importe qui. Bien sûr cela relève purement et simplement du cosplay avec des transformations en infirmière, reine sado maso, motarde etc… avec la dérive que cela implique avec le côté fétichiste et le déchirement rapide des habits de l’héroïne durant les combats. L’impact fut immédiat, et Cutey Honey devient un personnage culte.
Des années plus tard, un Otaku de l’époque devenu un des maîtres de l’animation japonaise, j’ai nommé Hideaki Anno (créateur de la Gainax), décide de remettre cette héroïne au goût du jour pour fêter ses 30 ans d’existence. Et parallèlement à un anime développé par son studio sous l’égide de l’équipe responsable de FLCL, Anno entame une adaptation live de Cutey Honey, avec la même base scénaristique que cet anime. Dès l’annonce du projet, les fans bavent d’impatience devant les premières photos montrant le Cutey Honey version live, jouée par Eriko Sato, mannequin japonaise aux mensurations adéquates pour le rôle (pour les echi que nous sommes, Eriko Sato c’est 1m73 et 88/58/88). Mais au-delà de ce physique, le choix d’Eriko Sato s’avère complètement désastreux, tant son jeu est tout bonnement catastrophique, à croire qu’elle a simplement appris à jouer avec Yumiko Shaku. Elle surjoue donc avec force, grimace, crie, pleure ( ?, enfin il y a une scène où je me demande encore si c’est bien l’émotion qu’elle voulait faire passer, l’investigation est toujours en cours, si quelqu’un voulait me donner une piste j’en serai heureux ^_^). Toujours est-il que grâce à la prestation de la belle, le film bénéficie d’un côté insupportable, qui ne rend finalement pas hommage au mythe de Cutey Honey.
Les autres acteurs du film ne sont d’ailleurs pas en reste, mais leur prestation bien que surjouée, reste dans la limite de l’acceptable, si on considère bien sûr que le but est de tendre vers un ton d’animé en live. Car c’est bien là que se situe le point fort du film. Anno, en véritable Otaku, a depuis longtemps assimilé les codes propres au langage du manga et de l’animé. Codes qu’il a parodié, puis fait exploser avec des animé comme Otaku No Video ou FLCL. Ici, Anno prend le pari risqué de les utiliser dans un film live. Et on peut dire que sur ce point, son challenge est plus que remporté. Formellement, le film reste une réussite qui joue donc beaucoup sur les visuels dits manga. On y retrouve en vrac des plans rapprochés sur les visages avec un effet déformant, des poses Kawai ou combatives, les phrases d’accroche avant le combat, la quasi disparition des décors au profit du personnage etc.. Avec en plus une énorme exagération lors des explosions et des combats. Il prend même un malin plaisir à mettre en scène des scènes qu’on ne retrouve en général que dans des animés par leur côté comique/infaisable, comme quelqu’un qui se fait traîner hors danger par une personne qui court, un court combat dans les airs où Cutey évite des missiles par centaines (vous savez ces missiles typiques de l’animation japonaise qui ont des tracés courbes exagérés) etc…
Mais ce qui surtout donne ce ton manga au film, ce sont les ennemis, tous plus incroyables les uns que les autres, de la bête de combat, au bellâtre chanteur (ridicule soit dit en passant, mais fortement comique), en passant par les centaines d’hommes de mains qui tombent dès qu’ils sont touchés. D’ailleurs la première partie du film est réellement un exemple de ce qu’est cette animation live. Un début de film complètement fou et rapide, contrebalancé par la mollesse de milieu de film (mais que vient faire ce clip ? Et cette séquence idiote de karaoke ?). La fin elle-même ne retrouvera bizarrement pas cette ambiance effrénée, la cause à un final qui ne tient pas ses promesses d’action en tournant au discours pseudo métaphysique (à l’instar d’un Evangelion en son temps qui avait causé la colère des fans par sa fin anti-conformiste). Toujours est-il qu’il est juste dommage que malgré cet effort de faire une véritable anime live, le film pêche par la qualité des effets employés. Anno a véritablement manqué d’un budget confortable, et les intégrations de décors, explosions, personnages en 3D sont complètement ratées. Et par moment c’est même l’animation 3D en plus de son intégration qui est ratée, les explosions en particulier. En fait on se croirait presque devant un film de V cinéma, qui aurait eu la chance inespérée de passer au cinéma. Mais malheureusement c’est bel et bien une production faite pour être diffusée au cinéma, en témoigne la disparition presque complète de ce qui faisait un des charmes de la série originelle : l’érotisme plus ou moins latent.
Anno a en fait aseptisé son film, ne cédant qu’a de rares moments à des plans de fan service, mettant en valeur la plastique d’Eriko Sato (et à mon sens le fort charisme dégagé par Mikako Ichikawa dans le rôle de l’inspectrice Natsuko Aki, mais j’ai toujours aimé les femmes froides). Mais point d’érotisme, point d’habits qui se déchirent, point d’allusions plus ou moins fines au sexe. Argh ! Cutey Honey serait-elle devenue un produit de consommation kawai ? C’est à craindre que par peur de la censure, ou par envie de plaire aux masses, Anno ait cédé à la tentation idiote de rendre l’héroïne et son univers plus politiquement correct. Etonnant de la part d’un Otaku comme lui. Etonnant quand en plus dans le même temps, Anno sort, via la Gainax, une version animée de Cutey sous le titre de Re : Cutie Honey, et dont le scénario est le même. Etonnant de plus de noter que dans cet anime, tout ce qui fait le charme de Cutey est présent, dont le fort érotisme. Drôle de façon donc que de fêter les 30 ans d’une héroïne aussi célèbre, en la dénaturant afin de la rendre grand public. Cependant la nouvelle recette choisie par Anno fonctionne. Il est clair que le film souffre d’énormes défauts, mais il a un charme particulier. Celui du presque pur film de V cinema, et celui du presque bon divertissement familial (à condition d’avoir une famille d’Otakus). Il est donc aussi facile d’être irrémédiablement déçu par le sort réservé à Cutey par Anoo, comme en être contre toute attente ravi. Mais il est aussi largement plus normal et préférable de préférer la nouvelle version animée à cette version live. Surtout que la Gainaix s’est encore une fois de plus lâchée sur l’animation, encore plus que dans FLCL.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ La plastique d’Eriko Sato ♥ Les codes de l’animé dans un film ♥ Visuellement réussi ♥ Des personnages fous |
⊗ Le jeu insupportable d’Eriko Sato ⊗ Trop asceptisé |
Un film à tenter, ne serait-ce que par curiosité. Mais attention le risque de rien y trouver est fort présent. Personnellement je suis sous le charme (mais je suis un Otaku permissible qui pardonne beaucoup et facilement). Honey Flash !!!!!! |
Titre : Cutie Honey / キューティーハニー
Année : 2004
Durée : 1h33
Origine : Japon
Genre : Honey Flash !
Réalisateur : Hideaki Anno
Scénario : Hideaki Anno, Rumi Takahashi
Acteurs : Eriko Sato, Jun Murakami, Mikako Ichikawa, Eisuke Sakai, Mitsuhiro Oikawa, Sie Kohinata, Hairi Katagiri, Mayumi Shintani, Masaki Kyomoto