
Le PDG Cheng Jie viole et agresse intentionnellement Han Mei, une employée de son entreprise, au point qu’elle se retrouve dans un état végétatif. Pour influencer l’opinion publique, lui et sa femme mentent aux médias, affirmant que l’employée l’a séduit. La sœur de Han Mei, la policière Qiu Yizhao, croit fermement que Cheng Jie ment et lance une enquête. Face à un adversaire vicieux et inhumain, elle est déterminée à se battre jusqu’à la mort pour sa sœur et pour la justice !
Avis de Cherycok :
L’industrie du DTV chinois pour les plateformes de SVOD tourne très souvent autour des mêmes intrigues, thèmes et cahier des charges, très souvent à cause de la censure qui semble assez réticente à évoquer certaines thématiques ou à jouer la carte de la nouveauté. Il est du coup très agréable de découvrir Curbing Violence qui, sur plusieurs aspects, arrive à sortir des sentiers battus. Mais je ne me suis pas lancé dans Curbing Violence par hasard. Outre sa réputation plutôt flatteuse sur la toile, il s’agit d’un des six films de Qin Peng-Fei sortis en 2024, réalisateur que les amateurs de DTV chinois connaissent très bien puisqu’il a déjà par exemple réalisé les très bons Blade of Fury (2024), Black Storm (2024), Fight Against Evil (2021) et sa suite Fight Against Evil 2 (2023), ou encore chorégraphié les très bons Eye for an Eye 2 (2024) et Destruction of Opium at Humen (2021). Et Puis Curbing Violence a été l’un des 10 films en lignes les plus lucratifs de 2024, devenant un des plus gros succès de la carrière de Qin Peng-Fei. Avouez que ça titille la curiosité.
Curbing Violence n’est pas un film avec de l’action non-stop. Malgré une introduction qui déménage, le film se calme et prend son rythme de croisière, prenant le temps de développer son intrigue, les relations entre ses personnages, les enjeux dramatiques, la tension et l’étau qui se resserre sur le grand méchant du film. On est plus dans un polar dramatique ponctué de combats que dans réellement un pur film d’action. Visuellement, c’est impeccable, avec des filtres de couleurs savamment choisis pour poser une bonne ambiance un peu craspec, se rapprochant parfois de l’esthétique des polars coréens où c’est la noirceur qui semble être le maitre mot. A L’instar de Black Storm du même réalisateur, Curbing Violence n’hésite pas à aller vers le glauque le temps de quelques scènes (un viol par exemple). On retrouve d’ailleurs quelques scènes similaires à ce dernier, comme ce passage dans l’établissement à hôtesses où l’antagoniste s’en prend violemment à une femme. Il est intéressant de noter que Curbing Violence semble être un spin off de Fight Against Evil 2 de ce même Qin Peng-Fei, le film s’ouvrant sur une scène de combat dans laquelle apparait le personnage de Li Hongqi, interprété par Tse Miu (Eye for an Eye), héros des deux films Fight Against Evil donc. A l’instar de Black Storm, Bao Bei Er (Journey to the West 2) incarne de nouveau le méchant du film, un personnage riche et maléfique qui, bien qu’il ne soit pas intimidant en soi, devient rapidement détestable. Le côté spirituel qui est amené avec la thématique de la superstition apporte une touche intéressante à son personnage. Il est intelligent et docile en public, mais devient complètement fou lorsqu’on se moque de ses croyances tant il est esclave de ses superstitions. Ça fait plaisir de voir, dans un DTV chinois, un méchant autant travaillé, la censure n’aimant en général pas quand les films romantisent les antagonistes. Le travail sur le protagoniste principal est lui aussi un peu différent de d’habitude, avec cette héroïne qu’on nous présente comme une grosse bourrine, laissant rapidement parler ses poings, ce qui lui pose des problèmes avec sa hiérarchie. On est loin des policiers modèles qui nous sont généralement présentés, qui doivent suivre à la lettre la loi et qui doivent être des modèles.
Pourtant, on sent malgré tout que le film aurait pu être bien plus méchant, bien plus ambigu et il y a des chances, sans la censure doit valider tout film chinois, on aurait pu avoir quelque chose de vraiment mémorable. Les scènes d’action sont bonnes, parfois très bonnes. Jiang Lu-Xia, dont on avait déjà pu apprécier les compétences martiales dans des films tels que True Legend (2010), Coweb (2009) ou Bad Blood (2010), nous montre une fois de plus l’étendue de ses talents. Et puis il y a également l’inévitable Tse Miu, même s’il est là dans un petit rôle, qu’on a toujours extrêmement plaisir de retrouver dans un DTV chinois tant il est désormais une valeur sûre de la tatane. Les combats sont dynamiques, très mobiles avec une caméra à l’épaule sans cesse en mouvement afin d‘accompagner les chorégraphies et nous amener au plus près des personnages, un style que Qin Pei-Feng apprécie et perfectionne film après film. Alors ça aurait peut-être mérité des bruitages un peu plus punchy, afin d‘amener plus de force à certains coups. On regrettera également qu’on sente parfois un peu trop que tous les combattants ne sont pas réellement des artistes martiaux. Dans le ciné HK de la grande époque, les réalisateurs arrivaient à faire des merveilles pour faire passer des non combattants pour des maitres d’arts martiaux. Qin Peng-Fei ne semble pas encore avoir toutes les compétences pour ce subterfuge, mais ça viendra. Quoi qu’il en soit, les combats sont rapides, inventifs, cinétiques et puissants, remplis d’émotions, avec des grands mouvements qui balaient le cadre avec beaucoup de profondeur. Bien que le réalisateur / chorégraphe ait déjà fait mieux, nous sommes malgré tout ici dans le haut du panier des DTV chinois en termes d’action.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ L’action ♥ Le casting ♥ Bien mis en scène ♥ Des personnages travaillés |
⊗ De nombreux faux-raccords ⊗ Certains combats en deçà |
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Dans le milieu du DTV chinois pour les plateformes de SVOD en ligne, Qin Peng-Fei a démontré qu’il faisait partie des meilleurs artisans et son Curbing Violence ne fait qu’aller dans ce sens. Un bon petit polar dramatique avec de bonnes scènes d’action. |
Titre : Curbing Violence / 制暴
Année : 2024
Durée : 1h40
Origine : Chine
Genre : Le pouvoir de la superstition
Réalisateur : Qin Peng-Fei
Scénario : Meng Qiao-Le
Acteurs : Jiang Lu-Xia, Bao Bei-Er, Tse Miu, Zhao Xi-Xi, Gao Yi, Monroe Zhang, Yi Mi-Na, Kevin Zhang, Liu Chao, Gong Jin-Guo, Zhang Yi-Kai, Zhu Hui, Xing Han-Qing