Les dirigeants d’une banque se disputent sur le sort de cette dernière lorsqu’elle est en difficulté. Mais lorsqu’un inspecteur de l’ICAC arrive pour enquêter sur l’agression de l’un d’eux, tout ne se passe pas comme prévu.
Avis de Cherycok :
Alors qu’on croyait en avoir fini avec la saga des Storm du réalisateur David Lam et su scénariste Wong Ho-Wah, à savoir Z Storm (2014), S Storm (2016), L Storm (2018), P Storm (2019) et G Storm (2021), quand y’en n’a plus, y’en a encore. Cette saga a beau être assez médiocre, allant du juste correct au tout simplement raté, elle a pourtant rencontré un joli succès en Chine Continentale, son interprète Louis Koo y étant apparemment pour beaucoup, le bougre étant fortement apprécie sur le continent. Alors point ici de suite, mais plutôt une sorte de spin-off, conservant le mot « Storm » dans son titre, sorti d’abord sur les plateformes de SVOD chinoises avant d’atterrir une semaine après dans les salles de cinéma de Hong Kong. Son titre, Crypto Storm, et à la barre on retrouve Terry Ng, qui après un très encourageant The Brotherhood of Rebel, semble vouloir s’imposer sur la scène cinématographique hongkongaise. Alors est-ce que Crypto Storm est aussi éminemment sympathique que Brotherhood of Rebel, malheureusement pas tout à fait.
La série de 5 films des Storm « brillait » par ses scénarios souvent ridicules mal documentés mettant en scène les forces de Police de Hong Kong et l’ICAC, la Commission Indépendante Anti-Corruption, dans diverses situations. Dans ce premier film d’une (apparemment) nouvelle saga dérivée, produit par David Lam et toujours scénarisé par Wong Ho-Wah, c’est une banque en difficulté financière qui va être au centre du récit avec à sa tête un président qui s’évertue à persuader le conseil d’administration de racheter une plateforme d’échange de crypto-monnaie afin de réaliser de gros profits et de sauver l’entreprise familiale. Mais cela va générer des embrouilles dans la famille car son demi-frère et sa belle-mère préfèreraient tout simplement vendre la banque. A cela va s’ajouter une tentative d’assassinat d’un des cadres de la banque et, du coup, un enquêteur de i’ICAC (une fois de plus) qui va être mis sur le coup. Ce dernier va tenter d’infiltrer la banque qui semble cacher quelques secrets. Le scénario est des plus simples à suivre mais il va falloir faire preuve d’une certaine indulgence en termes de crédibilité de ce qui nous es conté, aussi bien dans la façon qu’ils ont d’appliquer la loi (c’est quoi ce fonctionnement de l’ICAC !?!), que dans la façon dont sont dépeintes les crypto-monnaies et le hacking. Parce que c’est quand même parfois un peu n’importe quoi tant on tombe dans l’exagération, voire la caricature. Bien entendu, nous sommes ici dans une œuvre de fiction, et le but est de rendre la chose beaucoup plus cinématographique qu’elle ne l’est réellement, mais malgré tout, on a parfois l’impression qu’ils ne savent pas eux-mêmes de quoi ils parlent réellement lorsqu’ils évoquent par exemple la crypto-monnaie. Et c’est sans parler du hasard qui fait parfois un peu trop bien les choses.
On retrouve tout un tas d’acteurs de la nouvelle génération du cinéma de Hong Kong tels que Ron Ng (Love is Blind Hate too, Man on the Edge), Edward Ma (Call of Heroes, Detective vs Sleuths), Chloe So (Let it Ghost, Love Suddenly) ou encore Justin Cheung (Death Notice, Golden escape), qui tentent de prouver -et y arrivent plutôt bien- qu’ils ont du talent à revendre, se donnant souvent à fond dans leurs rôles. Mais également une tête bien connue des amateurs de belles plantes hongkongaises en la présence de Carrie Ng (Naked Killer, City on Fire) qui négocie très bien ce rôle de femme forte un peu diabolique. De manière générale, la performance des acteurs n’est pas mauvaise. Le réalisateur montre de nouveau, après Brotherhood of Rebel, qu’il sait créer des ambiances visuelles et la photographie de son film fait clairement partie des points forts. Il sait comment il doit être monté et mis en scène pour que l’œil du spectateur reste accroché à l’image quoi qu’il arrive et ça fonctionne. Bien que ce qui nous est raconté n’est pas toujours fou-fou, on ne s’ennuie pas (merci également le courte durée de 1h33 génériques compris) et l’ensemble sait se montrer parfois très divertissant. Même son split screen un peu gratuit ou sa course poursuite de bateaux filmée au drone lors de la scène finale ont plutôt belle allure. Toute la première partie est une enquête classique, avec filatures, longues discussions, … L’action y est rare mais la deuxième moitié change la donne et se veut plus mouvementée. Les scènes d’action ne font au final pas très nombreuses, mais elles sont bien mises en boite. La scène de fusillade de fin est intense, tout comme les séquences d’action plus rapprochées qui sont bien nerveuses, même si trop courtes, et réussies. Les chorégraphies façon « combat de rue » de German Cheung (Shaolin vs Evil Dead, The Brotherhood of Rebel) fonctionnent parfaitement.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Un casting convaincant ♥ Une bonne mise en scène ♥ De bonnes scènes d’action |
⊗ La première moitié molle du genou ⊗ Un scénario jamais crédible ⊗ Des dialogues parfois ridicules |
Crypto Storm n’est clairement pas un grand film, ni même un bon film tout court. Néanmoins, il reste suffisamment divertissant pour ne pas ennuyer le spectateur et saura même, à mi-film, le réveiller de sa torpeur avec des scènes d’action bien emballées. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• La série des 5 films Storm (voir chronique) aurait rapporté en Asie plus de 2 milliards de Yuans, soit environ 277 millions de dollars US. Une information à prendre avec des pincettes étant donné qu’il n’y a pas réellement de chiffres officiels et que ce ne sont que des « on dit ».
Titre : Crypto Storm / Crypto Crisis / 反貪風暴之加密危機
Année : 2024
Durée : 1h33
Origine : Hong Kong
Genre : Pas si pire
Réalisateur : Terry Ng
Scénario : Edmond Wong, Wong Ho-Wah
Acteurs : Ron Ng, Edward Ma, Chloe So, Justin Cheung, Carrie Ng, Adam Pak, Shirley Chan, Rebecca Zhu, Wilfred Lau, Stephen Huynh, Terry Zou, Raymond Wong