Ollie et Blair, deux cambrioleurs aguerris décidant d’un dernier coup avant de se retirer définitivement. Tout ne se passe pas comme prévu et afin de s’acquitter d’une dette, ils sont obligés de cambrioler une autre maison, avec l’aide du frère de Blair et son homme de main Riley. Ils tombent dans une maison trop simple d’accès : ils ne peuvent plus en sortir. Et qui semble l’antre d’un tueur en série qui torture et filme ses victimes.
Avis de Cherycok :
Quand on se lance dans un film qu’on a choisi au pifomètre, un peu comme à la belle époque des vidéoclubs où on se fiait uniquement à la jaquette, il faut s’attendre à du bon comme du mauvais. Alors on se lance, un peu hésitant, et puis parfois, comme avec Crush the Skull, la surprise est au final plutôt bonne. Pas le film du siècle non plus, on ne peut pas tout avoir, mais il possède assez d’atouts pour remplir son contrat sans trop de problèmes. A la base, il s’agit d’un court métrage visionné plus d’un million de fois sur la toile, et germe rapidement chez le réalisateur l’idée de l’adapter en long. Une campagne kickstarter plus tard et 75 000$US récoltés, voilà que le film se retrouve déjà sur le marché du film à Cannes et trouve même un distributeur pour une sortie DVD aux États-Unis. Le parcours parfait pour une bobine qui ne paie pas de mine mais qui malgré des maladresses se révèle plutôt maline.
Adapter un court métrage en long métrage est un exercice assez casse-gueule et cela a été prouvé maintes fois par le passé, l’exemple le plus récent illustrant cela étant sans doute Pixels de Chris Columbus, excellent dans son format court mais à côté de la plaque dans sa version de 1h30. Crush the Skull ne réussit pas complètement lui non plus. La première demi-heure du film a un fort goût de remplissage avec cette scène d’adultère. C’est maladroit, et au final cela n’apporte strictement rien en termes de construction de scénario puisque toute la partie avec la triade chinoise n’est au final qu’accessoire. Mais rapidement, le film se fait plus intéressant avec des dialogues remplis d’humour noir. Car oui, Crush the Skull n’est pas un pur film d’horreur mais plus une comédie horrifique matinée de thriller. En effet, Viet Nguyen va prendre un malin plaisir à jouer avec tous les clichés de ce genre de films : le méchant qui revient toujours à la fin, le trébuchage toujours au mauvais moment, ou encore le fait que ce soit toujours le « black » qui meurt en premier dans les endroits sombres lors d’une réplique prononcée par un personnage asiatique qui se prend pour un caïd du Queen’s. Les personnages eux-mêmes sont d’ailleurs tournés en dérision. Tous sont soit un peu bêtes, soit un peu maladroits, soit carrément les deux. Tous les gags ne font pas mouche, certaines situations tombent à plat, et on ne rit jamais aux éclats. Néanmoins, un sourire se fait régulièrement sentir sur notre visage, en particulier grâce au personnage de l’acolyte un peu con-con du frère de l’héroïne, interprété par Tim Chiou (Droit de Passage, Initiation). Il en devient même particulièrement attachant tant jouer ce type de rôle semble complètement naturel chez lui. Malheureusement, le jeu d’acteur est très variable. Autant le héros incarné par Chris Dinh (Comfort, Everything Before Us) s’en sort admirablement, autant on ne peut pas en dire de même de celle qui interprète sa femme dans le film, Katie Savoy (Living with Models, Sequestered), à côté de la plaque sur une bonne partie de ses scènes.
Le scénario ne fait pas dans l’originalité. Le coup du cambriolage qui tourne mal a déjà été vu plusieurs fois, surtout lorsqu’il est mis en scène comme ici en huis-clos et que les victimes sont piégées à l’intérieur sans aucune possibilité de joindre les secours. Néanmoins, le réalisateur s’en sort très bien avec ce côté labyrinthique qu’il donne à cette grande maison et avec le personnage du psychopathe parfaitement incarné par un Walter Michael Bost (les séries Veronica Mars, iZombie) inquiétant à souhait. Le budget était pourtant très serré, à peine 75 000 $US, et il n’était pas simple de retranscrire quelque chose qui tienne la route. Mais hormis des SFX ratés en termes de giclées de sang ou quelques effets un peu grossiers du genre harnais bien trop visible lorsqu’un personnage se retrouve pendu, l’environnement dans lequel évoluent les acteurs tient la route. Il est à noter que, malgré le propos du film (des gens enfermés chez un psychopathe qui se filme en train de tuer ses victimes), et ce n’est pas du tout une critique en soi, Crush the Skull se montre relativement avare en gore. Hormis une tête tranchée, l’ensemble reste très léger à ce niveau-là et tout se passe hors-champ. Viet Nguyen sait à quel moment relancer l’intérêt avec l’arrivée d’un nouveau personnage même si, dans l’ensemble, son film est assez prévisible. Seule la scène d’introduction du film nous interroge, la réponse ne nous est d’ailleurs donnée que durant le générique de fin.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ L’humour fonctionne bien ♥ Budget bien géré |
⊗ Le jeu d’acteur parfois bancal ⊗ Début du film maladroit |
Crush the Skull est un petit film sans prétention aucune, mais qui remplit parfaitement son contrat de divertissement. On sourit, on s’attache aux personnages, et on passe 1h23 fort agréable. |
Titre : Crush the Skull
Année : 2015
Durée : 1h23
Origine : U.S.A
Genre : Comédie horrifique / Thriller
Réalisateur : Viet Nguyen
Scénario : Chris Dinh, Viet Nguyen
Acteurs : Katie Savoy, Chris Dinh, Tim Chiou, Chris Riedell, Lauren Reeder, Walter Michael Bost, Lincoln Hoppe, Nathan Moore, Devyn Stokdyk