[Film] Criminally Insane, Nick Millard (1975)

Une femme obèse récemment sortie d’hôpital psychiatrique se met à tuer froidement quiconque l’empêchera de manger.


Avis de John Roch :
Avec la crise des opioïdes, le surpoids est le principal problème sanitaire des USA. Pour les spécialistes de l’alimentation et de la santé, l’obésité chez les Américains a réellement débuté dans les années 70, décennie pendant laquelle le sucre est remplacé par du sirop de maïs et les graisses traditionnelles par de l’huile de palme. Les snacks envahissent les rayons des magasins, les fast foods connaissent un essor sans précédent, même les écoles servent de la malbouffe et suppriment les cours de sport pour cause de restrictions budgétaires. Daté de 1975, Criminally Insane, aussi connu sous le titre Crazy Fat Ethel, était-il un film alerte sur une situation qui n’a fait que de se dégrader avec le temps? Possible, mais ce qu’il y a de certain, c’est que ce métrage tourné pour pas grand-chose en 1973 sur une période de cinq semaines par un artisan venu du porno qui s’est ensuite tourné vers l’ horreur et l’ action a tout du film destiné aux cinémas d’ exploitation. Un film qui si il avait bénéficier de plus de soin sur son aspect technique et son scénario aurait pu donner quelque chose de franchement intéressant. Criminally Insane est risible sur bien des points, mais demeure être un métrage bizarrement mi-réussi mi-foiré, d’ un amateurisme qui prête à sourire mais parfois expérimental, qui semble avoir des choses à dire sans vraiment savoir si c’est volontaire ou non.

«250 pounds of maniacal fury!», l’ affiche du film ne tourne pas autour du pot pour nous présenter un psycho killer original et pas commun à l’époque: une obèse qui tue pour manger. Son nom est Ethel, et elle sort d’ un hôpital psychiatrique sous la tutelle de sa grand-mère. Mais plus que les électrochocs, ce qui a encore plus bousillé Ethel c’est la nourriture de l’hosto, pas pour la qualité mais pour la quantité. Une situation qui ne s’arrange pas lorsqu’elle retourne vivre chez sa mamie qui enferme la bouffe dans un placard. Prise d’une folie meurtrière, Ethel assassine alors sa grand-mère, la première d’une liste qui ne va que s’allonger: un coursier qu’elle ne peut pas payer, son psy ou encore sa sœur dépravée et son amant, en fait n’importe qui se mettant d’une manière ou d’une autre entre elle et son éternel repas. Le scénario est simple et ne se résume finalement qu’à ce schéma: Ethel qui mange, Ethel qui tue, Ethel qui mange, Ethel qui tue, Ethel qui mange, Ethel qui tue, copié, collé. Le film n’est pourtant à certains moments pas dénué d’intérêt. Déjà le réalisateur de la chose, Nick Millard, ne bascule jamais dans la complaisance, le metteur en scène ne tombe pas dans la facilité de faire de son actrice un genre de freak, là ou d’autres ne se serait pas gêner pour multiplier les gros plan sur Ethel qui se gave ou sur son anatomie. Mais si il ne fait pas du personnage interprété par une certaine Priscilla Alden assez impliquée dans son rôle (ce qui n’est pas le cas de la majorité d’un casting d’inconnu si l’ on excepte George ‘Buck’ Flower) une bête de foire, il n’en fait pas une allégorie de l’obésité morbide non plus, la faute à une psychologie de personnage primaire. Il y a pourtant des scènes intéressantes tel ce moment qui bascule dans le trip expérimental où Ethel démembre un mannequin, représentant sûrement l’idéal féminin, avant de se faire belle pour aller faire une balade onirique.

Ce sera par ailleurs la seule scène à sauver d’ordre technique. Et encore, car sur ce point Criminally Insane est foiré de A à Z. La mise en scène est inexistante et le montage est si catastrophique qu’il en devient comique. Quant aux meurtres, ils font partie des moins crédibles de l’histoire du cinéma avec ces pots de peinture rouge balancés à la tronche du casting et les armes tranchantes qui rebondissent sur les corps des victimes. Et que dire des bruitages d’un ridicule à peine croyable (pour les coups de hachoir, ce n’est ni plus ni moins que le bruit d’une barre de fer que l’on tape contre un poteau). Dans la forme Criminally Insane est un ratage, mais un ratage attachant. C’est court, jamais ennuyeux, on peut y trouver une forme de fond, passé le comique involontaire il y a un petit humour noir et une ambiance aussi calme que pesante typique du cinéma d’exploitation qui aurait pu être un petit classique si il avait bénéficié de plus de soin à à peu près tout les niveaux. Il est clair que si vous n’êtes pas familier de ce type de cinéma, vous pouvez passer votre chemin. Pour les autres, Criminally Insane restera un mauvais film, mais aussi une curiosité à voir pour ses quelques qualités.

LES PLUS LES MOINS
♥ C’est techniquement si foiré que ça en devient comique
♥ Un point de départ pas inintéressant
♥ Priscilla Alden
♥ C’est court et rythmé
♥ L’ambiance
♥ Que ce soit volontaire ou non, il y a du fond
⊗ Techniquement, c’est quand même sacrément foiré
⊗ Un scénario qui fait le strict minimum
⊗ Le casting aussi
⊗ C’est répétitif
⊗ Des meurtres ridicules

Criminally Insane est dans la forme un sacré ratage. Il y a pourtant du bon qui en ressort, faisant ainsi de ce métrage une curiosité à découvrir pour les amateurs de cinéma d’exploitation.



Titre : Criminally Insane / Crazy Fat Ethel
Année : 1975
Durée : 1h01
Origine : USA
Genre : Malbouffe
Réalisateur : Nick Millard
Scénario : Nick Millard
Acteurs : Priscilla Alden, Michael Flood, Jane Lambert, George ‘Buck’ Flower, Robert Copple, Ginna Martine, Cliff McDonald
Criminally Insane (1975) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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