[Film] Créance de Sang, de Clint Eastwood (2002)

Terry McCaleb est un des meilleurs agents profiler du FBI. Lorsqu’il se lance à la poursuite du « tueur au code », McCaleb est victime d’un infarctus. Deux ans plus tard, il vient de subir une opération durant laquelle on lui a greffé un nouveau cœur. Peu après la sœur de la donneuse vient lui demander d’élucider le meurtre de sa sœur. Il quitte donc sa paisible retraite pour enquêter et, en quelque sorte, payer la vie qu’il doit à sa sauveuse. Peu à peu, au fil de ses investigations en compagnie de son étrange voisin, il découvre que comme la victime d’un précédent assassinat la jeune femme a été tuée parce qu’elle était donneuse d’organe et compatible avec McCaleb.


Avis de Rick :
Au début de chaque décennie, on a souvent l’impression que Clint Eastwood est touché par la grâce. Et qu’il y a toujours un intrus. Regardez le début des années 90. Il aura enchaîné tout de même trois chefs d’œuvres, avec Impitoyable, Un Monde Parfait et Sur la Route de Madison. Rien que ça oui. Et juste avant, La Relève, petit film policier sans envergure mais sympathique. Le début des années 2000, c’est un peu ça, avec Mystic River (un de mes préférés du réalisateur), Million Dollar Baby, et juste avant, ce Créance de Sang, petit film policier un peu oublié aujourd’hui, très classique, sans grande envergure, mais qui mérite pourtant le coup d’œil de la part des fans. Première collaboration d’ailleurs avec le scénariste Brian Helgeland, qui signera l’année suivante pour Eastwood le script de Mystic River, mais à qui l’on devait également aussi le scénario d’Assassins de Richard Donner, de L.A. Confidential de Curtis Hanson, de Payback qu’il réalisa lui-même, et par la suite de Man on Fire de Tony Scott ou encore Green Zone de Paul Greengrass. Pas un manchot donc. Eastwood ici, qui produit, réalise et tient le rôle principal, est un agent du FBI, qui, alors qu’il est sur les traces d’un tueur en série qui lui laisse des messages, est victime d’un arrêt cardiaque. Le temps passe, et après une greffe réussie du cœur, il se met au vert, s’installe dans un bateau où il sympathise avec son voisin Buddy (Jeff Daniels). Tout pourrait aller pour le mieux, il peut profiter de sa retraite. Sauf que non, puisqu’une jeune femme vient le trouver pour lui demander d’enquêter sur le meurtre de sa sœur. McCaleb (Eastwood) pourrait refuser, sauf que le cœur qui bat dans sa poitrine est le cœur de la défunte sœur, et il accepte donc de se renseigner. Bien entendu, l’affaire qui commence doucement s’avère plus complexe que prévue, et McCaleb se retrouve plongé dedans, se sentant obligé de toujours fouiller plus loin, même si la police ne voit pas forcément son implication d’un bon œil.

Sur le papier donc, Créance de Sang est un polar tout ce qu’il y a de plus classique. Ce qui change, comparé aux précédents rôles tenus par Eastwood, c’est l’âge et la condition physique du personnage, qui le rend plus fragile, et du coup forcément, un peu moins fonceur et burné qu’un inspecteur Harry. Ses soucis de cœur, sa récente retraite, un certain recul finalement face au monde qui l’entoure. Même si à peine plongé dans l’enquête, les vieilles habitudes reprennent le devant, bien évidemment. Mais cela ajoute une certaine fragilité au personnage, fragilité plutôt rare dans les précédents rôles d’Eastwood. En tout cas, durant 1h30, le métrage, sans rien réinventer au genre, fonctionne plutôt bien. On a plaisir à voir Eastwood jouer ce vieux loup retraité, Jeff Daniels (Speed, Arachnophobia) que j’apprécie énormément est sympa en sidekick amenant quelques scènes légères, Anjelica Huston est convaincante bien que peu présente. L’intrigue se suit bien, se fait bien ficelée, et la mise en scène d’Eastwood est comme toujours simple et très propre. Rien à redire. Là où le film déçoit immédiatement un peu plus, son premier souci, ce sera finalement les autres personnages. Les autres personnages secondaires, comme le duo de flics, n’est absolument pas convaincant. Pas irritants, mais les tentatives d’humour ne fonctionnent pas des masses, et ils sont du coup oubliables. Quand à la relation entre McCaleb et Glauria, très critiquée, elle reste plausible, mais probablement pas assez xploitée au final. Mais rien de trop dommageable. Par contre, il faut bien l’avouer, la dernière partie du métrage est bien moins prenante, accumulant les retournements de situations pour nous faire croire à cette histoire tordue, puis se faire plus musclée comme pour justifier le genre et l’histoire torturée.

Le final débarque d’un coup, sans prévenir, et ça ne fonctionne jamais pleinement, alors que certes, ça utilise quelques artifices déjà vu et revus dans le genre, mais oui, quelque chose cloche. Rien qui ne vienne faire du film un mauvais film, loin de là, cela reste très solide, mais il manque un petit quelque chose. Un peu comme si arrivé à ce stade, à ce dernier acte, le film voulait alors abattre rapidement ses cartes restantes pour jouer uniquement sur l’efficacité. Et ça fonctionne, c’est efficace, et ce dés que Clint se retrouve avec un fusil à pompe en main à peine quelques minutes avant ce dernier acte. Car qu’on se le dise, voir le vieux Clint avancer, le regard sûr de lui en armant son fusil à pompe, ça aura toujours autant la classe pour le cinéphile. Mais à force de vouloir aller vite par la suite, en multipliant les pistes et indices, le scénario laisse plusieurs trous. Ainsi, je suis peut-être stupide, mais je n’ai pas compris cette histoire de code laissé par le tueur. Oui, il manque le chiffre 1, mais, et alors ? Qu’est ce que ça veut vraiment dire ? Je l’ignore encore aujourd’hui. Des petits défauts, par-ci par-là, un final efficace mais finalement un peu moins prenant que le reste, et quelques moments assez prévisibles et qui sont un peu dommage, ce qui donne un polar très bien réalisé comme toujours, où l’on a plaisir à voir Eastwood mais également Daniels (le reste du casting est assez anecdotique). L’ost discrète de Lennie Niehaus (fidèle collaborateur d’Eastwood) fonctionne également très bien. Beaucoup de bonnes choses donc, mais pas assez de surprises pour en faire un film inoubliable dans la carrière d’Eastwood, surtout vu les films qui le suivent. Car comparé à d’autres œuvres importantes, ce qu’il manque à ce Créance de Sang, c’est sans doute de l’émotion.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un polar efficace
♥ Mise en scène sobre et fonctionnelle
♥ De bonnes idées
♥ Eastwood et Daniels
⊗ Manque d’émotions
⊗ Très classique au final
⊗ Final en dessous du reste
note2
Créance de Sang est un bon polar, malgré son côté classique, mais reste un film mineur dans la carrière de Eastwood. Tout à fait recommandable, mais peu marquant.



Titre : Créance de Sang – Blood Work

Année : 2002
Durée :
1h50
Origine :
U.S.A.
Genre :
Policier
Réalisation : 
Clint Eastwood
Scénario : 
Brian Helgeland d’après le roman de Michael Connelly
Avec :
Clint Eastwood, Jeff Daniels, Anjelica Huston, Wanda De Jesus, Tina Lifford, Paul Rodriguez et Dylan Walsh

 Blood Work (2002) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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