Ruja, qui vit en Amérique avec sa fille Rachel, qui doit subir une opération des yeux, retourne en Thaïlande après le décès de son père. Elle hérite de deux peintures valant des millions, et doit les restaurer afin de les vendre, et ainsi payer l’opération de sa fille. Sauf que les peintures cachent un lourd secret.
Avis de Rick :
Un peu comme pour l’Inde, l’Indonésie ou le Vietnam, je connais peu le cinéma Thaïlandais, et malgré quelques expériences assez décevantes, il y a bien eu un film qui m’a donné espoir, et qui me permet de laisser à chaque fois le bénéfice du doute en leur cinéma en termes de cinéma horrifique. Comme beaucoup, j’ai été marqué par Shutter il y a une dizaine d’années, un métrage qui maitrisait à la perfection les rouages du genre et avait su me terrifier. D’ailleurs, à quand une magnifique ressortie en Blu-Ray chez nous ? Du coup, j’ai voulu donner une chance à un de leur dernier essai dans le genre horrifique à base d’apparitions spectrales, de malédictions, et ce coup-ci, pas de photos mais de peintures, avec ce Cracked, fraichement débarqué en 2022. Et au final, malgré un côté très classique, comme si le film avait un peu oublié qu’il débarquait si tard et venait d’un lointain passé où le genre commençait à prendre de l’ampleur, et bien ce fut très sympathique. Si on le compare au récent essai Vietnamien dans le genre avec The Ancestral, on peut carrément crier au chef d’œuvre ici. On y suit les mésaventures de Ruja, qui revient en Thaïlande avec sa fille Rachel après la mort de son père, héritant de la maison, mais surtout de deux peintures hors de prix qui sont dans l’atelier. L’une d’elle avait d’ailleurs déjà été vendue, mais l’ancien propriétaire se serait pendu après avoir tué toute sa famille, laissant un message pour que la peinture revienne à son créateur. Les peintures sont malheureusement en pauvre condition, ayant subit quelques aléas (les fameuses craquelures du titre, Cracked), et Ruja va donc faire appel à un jeune homme pour réparer les peintures, les vendre, et ainsi faire une croix finale sur son passé, et payer l’opération des yeux de sa fille, qui perd la vue petit à petit, et pourrait bien devenir aveugle.
D’entrée de jeu, Cracked coche un peu toutes les cases de l’horreur asiatique traditionnelle. Une maison perdue au milieu des bois, une petite fille qui voit des choses, une servante à la maison qui semble cacher quelque chose, de lourds secrets familiaux, une peinture qui serait probablement hantée. Oui, toutes les cases sont cochées, mais pour autant, le film n’est pas indigne d’un quelconque intérêt, puisque le réalisateur, qui signe il me semble son tout premier métrage, ne balance pas ses influences au hasard à l’écran, mais essaye d’inscrire le tout dans un ensemble homogène et donc agréable à regarder. Jamais vraiment surprenant, mais suffisamment fait avec sérieux pour divertir sur sa courte durée, en étant assez efficace dans ses scènes dites horrifiques. Car sans pour autant se trainer en longueurs, le film parvient à poser une petite ambiance résolument sympathique et inquiétante qui vient relever le niveau et rendre l’expérience divertissante. Evidemment, on n’échappera pas aux clichés, aux apparitions d’un coup avec lumières qui clignotent, aux sons étranges venant d’esprits possiblement vengeurs, mais l’ensemble fonctionne, et même en étant quelque peu blasé du genre (comme moi), le visionnage est des plus sympathiques. Car le réalisateur a aussi l’intelligence de ne pas abuser de ses effets, et de jouer sur une relative sobriété de l’ensemble, malgré tout ce que j’ai pu énoncer plus haut, avec les jumpscares, les apparitions. Pas de CGI pour montrer ses créatures, des effets parfois simples mais efficaces, bien que prévisibles, comme les yeux de la peinture suivant le personnage du regard, au départ uniquement grâce à un simple effet d’optique, grâce au placement de la caméra. Le simple fait de placer l’intégralité de son intrigue dans une maison aide aussi à placer une ambiance, à familiariser le spectateur avec les lieux et éléments importants afin de jouer avec par la suite.
En fait, Cracked, c’est clairement le film d’un amoureux du genre, qui veut rendre hommage à tout ce qu’il aime, non sans oublier de raconter en premier lieu son intrigue, aussi simple soit-elle, et aussi prévisible soit-elle pour l’amateur qui a bouffé de ce genre de films depuis plus de 20 ans maintenant. D’ailleurs, les moments les moins convaincants du métrage, plutôt rares heureusement, sont les rares moments ayant recours à des CGI, par exemple lorsqu’un élément assez lointain arrive à toute vitesse pour s’accrocher à un acteur. L’effet n’est pas particulièrement mauvais en soit, mais ses artifices sont si rares dans le métrage en réalité que la différence avec les autres effets les rend voyants. Le film a également l’intelligence pour son final de recentrer son propos et ses enjeux à échelle humaine, et je n’en dirais pas plus pour les possibles spectateurs, même si on pourra regretter là aussi un petit effet en dessous des autres. Pour le reste, et bien c’est finalement sympathique, correctement emballé, porté par un casting sérieux bien que minimal (si l’on retire les flashbacks, juste quatre acteurs), pour une intrigue classique mais sans fausses notes, le tout porté par une ambiance qui fonctionne la plupart du temps. En soit, c’était même plutôt inespéré.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Filmé avec sérieux ♥ Une intrigue classique mais prenante ♥ Une bonne ambiance ♥ Quelques apparitions fonctionnent très bien |
⊗ Un film très prévisible dans son genre ⊗ Tous les clichés et éléments connus ⊗ Quelques rares effets ratés |
Si Cracked n’invente rien dans le genre, et utilise pas mal d’éléments bien connus des amateurs, il n’en demeure pas moins un sympathique divertissement, bien rodé, filmé sérieusement et qui fait passer un bon moment. |
Titre : Cracked – ภาพหวาด
Année : 2022
Durée : 1h33
Origine : Thaïlande
Genre : Fantastique
Réalisation : Surapong Ploensang
Scénario : Ornusa Donsawai, Pun Homchuen, Surapong Ploensang et Eakasit Thairaat
Avec : Chayanit Chansangavej, Byron Bishop, Sahajak Boonthanakit, Nichkhun, Nutthatcha Padovan et Machida Sutthikulphanich
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