Une pandémie dévastatrice explose à l’échelle du globe… Au Centre de Prévention et de Contrôle des Maladies, des équipes se mobilisent pour tenter de décrypter le génome du mystérieux virus, qui ne cesse de muter. Le Sous-Directeur Cheever, confronté à un vent de panique collective, est obligé d’exposer la vie d’une jeune et courageuse doctoresse. Tandis que les grands groupes pharmaceutiques se livrent une bataille acharnée pour la mise au point d’un vaccin, le Dr. Leonora Orantes, de l’OMS, s’efforce de remonter aux sources du fléau. Les cas mortels se multiplient, jusqu’à mettre en péril les fondements de la société, et un blogueur militant suscite une panique aussi dangereuse que le virus en déclarant qu’on « cache la vérité » à la population…
Avis de Rick :
Les films sur les contagions et les virus ne sont pas rares, loin de là. Tout ce qui effraie l’homme et pourrait le mener à sa perte a toujours passionné les réalisateurs, que ce soit dans des petits budgets ou des gros budgets. Alors quand Steven Soderbergh veut s’y coller à son tour avec le scénario Scott Z. Burns avec qui il avait déjà travaillé sur The Informant ! et retravaillera par la suite sur Effets Secondaires, on ne peut qu’être enthousiaste et curieux du résultat, surtout que le réalisateur a eu un budget confortable pour ça (68 millions de dollars). Derrière la caméra, Soderbergh retrouve ses collaborateurs habituels, que ce soit à la musique avec Cliff Martinez (Sexe mensonges et vidéo, Solaris) ou à la production, mais également devant la caméra, avec Matt Damon (Ocean’s Eleven et ses suites, The Informant), Jude Law (Effets Secondaires), et trouve quelques nouvelles stars à mettre en avant, comme Marion Cotillard (La Môme) ou Laurence Fishburne (Matrix, The Colony). Alors, finalement, avec ce Contagion, Soderbergh a-t-il laissé place à la facilité pour livrer un produit commercial calibré, ou bien nous livre-t-il encore une fois un film propre ayant indéniablement sa patte ? Et bien malgré quelques faux pas, ce sera bel et bien une réussite. Contagion ne cède pas à la facilité du film de panique, en voulant en mettre plein la vue, mais va surtout s’attarder sur ses personnages, et leur façon de réagir face à la contamination, qu’ils soient militaires, docteurs, biologistes, ou fassent parti de la population. Et pour traiter de la façon dont la contamination va toucher tous ces différents personnages, Steven Soderbergh va nous refaire un film choral, passant ainsi d’un personnage à un autre, comme il l’avait déjà fait par le passé avec le bon (mais surestimé) Traffic.
Et dès la scène d’ouverture, il parvient à nous plonger dans l’ambiance, grâce au score électrique de Cliff Martinez, et à une succession de gros plans pour bien nous montrer comment le virus évolue. Quelqu’un qui tousse, un verre touché, une poignée de porte, une rampe de métro. Dès l’ouverture, Soderbergh nous prouve qu’il n’a pas perdu de son talent et nous implique en tant que spectateur, en filmant comme souvent avec soin (il est là encore son propre directeur de la photo et son monteur), et en évitant de vouloir en mettre plein la vue pour se focaliser sur le plus important : l’aspect réaliste de son film et de ces personnages. Ainsi, rapidement, au fur et à mesure que l’on découvre les différents personnages, Soderbergh peu aborder toutes les différentes facettes de la contamination, de son aspect scientifique, militaire, de la panique sur la population, les choix du gouvernement, le travail sur un anti-virus, la quarantaine, la manipulation, les médias. Tout y passe, lorsque nous passons d’un personnage à un autre. Si Matt Damon, dont le seul but est de protéger sa fille, pourrait être vu comme le personnage principal, livrant une prestation sobre et efficace, nous aurons à ses côtés Laurence Fishburne en docteur, Jude Law en blogueur sur internet faisant circuler des rumeurs, Kate Winslet (Titanic) et Marion Cotillard en professionnelles biologique, sans oublier Gwyneth Paltrow en première infectée. Ils font tous de l’excellent boulot en restant très sobres et impliqués dans leur rôle, ce qui augmente l’identification à leurs personnages.
Malheureusement, gros point faible à ce niveau, la pauvre française Marion Cotillard ne sert pas à grand-chose finalement dans le métrage, et son personnage ralentit parfois quelque peu le rythme du métrage. Un personnage finalement peu nécessaire, tant toutes les facettes de la contamination sont parfaitement traitées. Car comme dit plus haut, Soderbergh se refuse comme souvent à verser dans le spectaculaire, et va rester sobre. Pas besoin de nous montrer des images apocalyptiques ou des destructions de masse pour faire passer le message. Quelques scènes parviennent à faire froid dans le dos en ayant limite plus d’impact alors qu’elles ne sont que focalisées sur les personnages. Voir des familles en deuil, la pénurie d’articles dans les magasins, ou encore un tirage au sort pour la distribution d’un vaccin ou des plans sur des lieux publics désertés fait beaucoup plus froid dans le dos que des artifices visuels gratuits. Soderbergh et son scénariste l’ont compris, et fonce dans cette direction en permanence, le tout appuyé par un montage efficace, un décompte constant à l’écran des jours de contamination, et la photographie limite glaciale et terne que Soderbergh a choisi. Perfectible, mais oh combien prenant et inquiétant.
Soderbergh qui fait dans le film de contamination, ça donne Contagion. Rien de spectaculaire, le film se focalise sur l’aspect humain de la catastrophe pour réussir à nous inquiéter.
Titre : Contagion
Année : 2011
Durée : 1h42
Origine : U.S.A
Genre : Thriller
Réalisateur : Steven Soderbergh
Acteurs : Matt Damon, Laurence Fishburne, Jude Law, Marion Cotillard, Gwyneth Paltrow, Kate Winslet et Bryan Cranston
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