Brillant psychanalyste new-yorkais, Bill Capa est tellement ébranlé par le suicide d’une de ses patientes qu’il décide d’interrompre provisoirement son activité. Il part chercher réconfort auprès de son ami le docteur Bob Moore, qui l’intègre à une psychothérapie de groupe. Bill se retrouve avec Sondra, une nymphomane sujette à la violence, Clark, un avocat maniaque, Buck, un ancien policier affecté par la mort brutale de ses proches, Casey, un peintre atteint du complexe d’OEdipe et Ritchie, un ado à la sexualité trouble. Bill découvre par ailleurs que Bob Moore entretient une relation avec une jeune femme et qu’il a reçu des menaces de mort. Quelques jours plus tard, Bob est sauvagement assassiné dans son bureau. Apprenant la mauvaise nouvelle, ses patients demandent à Bill de prendre la relève. Celui-ci accepte malgré tous ses doutes. Dans le même temps, il rencontre Rose, une jeune et belle jeune femme…
Avis de Rick :
En 1992, le sulfureux film Basic Instinct de Paul Verhoeven lance une mode, celle des thrillers érotiques. Rares sont les bons métrages à avoir surfés sur cette vague d’ailleurs. Silver (encore avec Sharon Stone), Harcèlement et Striptease avec Demi Moore, jusqu’en 2006 encore avec Basic Instinct 2 de bien triste réputation, on ne pourra véritablement retenir que le métrage qui aura lancé la mode, et un intéressant Last Seduction avec Bill Pullman. Sorti en 1994, Color of Night fut précédé d’une sulfureuse réputation. Il faut dire que le casting comprend Bruce Willis, que l’on connaît bien plus pour ses films dont il est le flic dur à cuire comme Die Hard, et surtout Jane March, rescapée de L’Amant, qui n’a aucune difficulté à se dénuder, on le sait.
On y verra même le pénis de Bruce Willis, du moins dans la version non censurée de 2h15 (contre la version courte de 2h01). Cette publicité ne fut pas bénéfique pour le film, qui fut un cuisant échec au box office et mit un terme radical à la carrière de son réalisateur, Richard Rush. Échec à tort ? Absolument pas, puisque dans les faits, Color of Night, malgré quelques bonnes idées et de bonnes intentions, n’est assurément pas un bon film, accumule les défauts, flirte souvent avec le ridicule en plongeant dans le nanar, se fait racoleur et totalement gratuit, et pour toutes ces raisons, a mon capital sympathie.
Bref, objectivement, oui, Color of Night est un mauvais film. Son scénario déjà hésite sans arrêt entre plusieurs directions, à savoir le thriller psychologique, le film érotique totalement gratuit, et le thriller sérieux avec rebondissements à la pelle, enquête policière et tout ça. Seulement aucune de ces trois parties n’est vraiment aboutie, sérieuse à 100%, ou véritablement captivante. La partie psychologique, voulant parler du sexe, de ses travers, excès et pratiques autres, aurait pu être intéressante. D’autant plus que les différents acteurs sont bien connus et souvent appréciés des amateurs de séries B.
Passons sur Bruce Willis et Jane March, on trouve dans les seconds rôles Scott Bakula (Code Quantum, Le Maître des Illusions), Brad Dourif (Chucky) ou encore Lance Henricksen (les Aliens). Du bon monde, malheureusement sous exploité la plupart du temps, et dont l’écriture des personnages laisse à désirer. Oublions la subtilité, le scénario, malgré quelques bonnes idées, se fait souvent classique, lourd et amène ses idées de manière évidentes et prévisibles. La partie thriller manipulateur arrivera assez tardivement, en deuxième partie de métrage, et ne sera pas non plus très réussie, d’autant plus que le métrage se sent obligé de nous ressortir des scènes vues dans Basic Instinct, comme par exemple un meurtre (mais au couteau) et une course poursuite en voiture.
Le côté érotique est bien entendu totalement racoleur, gratuit, n’hésite pas à nous montrer les acteurs sous tous les angles. Les scènes s’éternisent pour pas grand-chose (oui, honnêtement, on comprend vite tout les messages véhiculés par le film, nous mettre plusieurs scènes de sexe dont certaines de 5 longues minutes, ça ne sert à rien, sinon à vouloir provoquer). Peu importe l’angle sous lequel on prend Color of Night, le film se fait un peu bâtard. Et si l’écriture manque de subtilité, on pourra dire la même chose de la mise en scène, entre ses longs plans s’attardant sur la poitrine (ou le cul) de Jane March, ses gros plans sanglants peu utiles au final, on nage dans le nanar involontaire. En parlant de nanar, et sans en dire trop, le final part en plein dedans, avec des retournements de situations ridicules à la pelle, un peu de gore, de la provoc, des acteurs en roue libre (mais totalement parfois), un peu de vulgarité, puis un petit happy end sur une douce mélodie.
Il fallait s’en douter après tout, dés la scène d’ouverture où l’on verra une actrice sucer le canon d’un revolver avant de se défenestrer 5 minutes plus tard. Après ces moments ridicules, le réalisateur nous propose quelques belles images et beaux moments, puis se sabote lui-même en retournant dans le nanar provocateur, et ainsi de suite. Les rebondissements scénaristiques en sont la preuve, tout comme le personnage du flic, joué par Ruben Blades (Desperado 2) qui au final n’apporte rien, si ce n’est un peu plus de vulgarité dans le film et quelques plans sanglants. Oui, Color of Night, c’est nul ! Vous êtes prévenus, ou le savez déjà ! Inutilement long, érotique mais injustifié, gratuit, parfois bancal, mal écrit. Mais sous un bon jour, c’est aussi parfois rigolo, gratuit (oui je l’ai aussi dit dans ses défauts), et surtout attachant, de par sa naïveté, car toute l’équipe semblait y croire !
Color of Night, c’est un gros ratage. Suivant l’humeur, une catastrophe chiante, ou une catastrophe plutôt rigolote et attachante, avec des scènes très très nanardes, du cul et un peu de gore.
Titre : Color of Night
Année : 1994
Durée : 2h15
Origine : U.S.A
Genre : Thriller érotique
Réalisateur : Richard Rush
Acteurs : Bruce Willis, Jane March, Ruben Blades, Lesley Ann Warren, Scott Bakula, Lance Henriksen et Brad Dourif
Galerie d’images :