Pod quitte son village natal pour aller travailler à Bangkok. Il y fera la rencontre de Jin, une jeune femme obsédée par un étrange livre blanc dont elle ne comprend pas le texte, les romans d’amour et la propreté.
Avis de Yume :
Il est maintenant impossible de dire que quelque chose n’est pas en train de venir de Thaïlande. Production inconnue il y a encore 5 ans, le cinéma thaïlandais retrouve une certaine vitalité généreuse depuis. Et bien que la majorité de la production locale se focalise sur la cible des 15-25 ans avec films d’horreur ou d’action, quelques films émergent en montrant que la Thaïlande a aussi des réalisateurs talentueux. On peut citer Pen-ek Ratanaruang, mais aussi Wisit Sasanatieng qui nous revient ici quelques années après son premier film et succès critique international, Les Larmes du Tigre Noir. Adapté du roman éponyme de Koy Nuj (la femme du réalisateur), Citizen Dog marche sur les traces de son prédécesseur tout en adoptant un ton beaucoup plus personnel et moins référentiel.
Les premières images ne trompent pas. Wisit Sasanatieng a une fois de plus travaillé les décors et les couleurs de son film pour faire naître une ambiance très pulp et fictionnelle. C’est donc dans un Bangkok hors du temps où toutes fantaisies sont possibles que se déroule Citizen Dog. Et de la fantaisie, le film en regorge. On pense bien sûr au Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, mais aussi aux Temps Modernes ou à différentes comédies musicales comme Les Parapluies de Cherbourg. Mais loin de ne constituer qu’un étalage de références plus ou moins visibles, Citizen Dog est surtout empli d’une fantaisie toute thaïlandaise, avec une certaine nostalgie remise au goût du jour. Ce style rétro moderne se retrouve d’ailleurs de plus en plus dans les productions récentes, constituant une sorte de nouvelle identité visuelle et thématique à un cinéma qui renaît de ses cendres.
C’est donc dans un décor pastel et hors du temps que commence Citizen Dog. Un monde où les soucis n’existent pas, et où les nounours parlent, fument et boivent du bourbon. C’est sous forme de sketches que le film débute pour nous présenter les personnages principaux. Drôles, tendres, généreuses, imaginatives et surréalistes ces quelques vignettes mettent en place l’inévitable histoire d’amour, et n’épargnent en rien une certaine vision de Bangkok. Car finalement la bluette, dont la fin ne peut qu’être heureuse, n’est qu’un fil conducteur pour construire une satire tantôt tendre, tantôt féroce de la vie urbaine à Bangkok, avec ses inhérents problèmes de communication et bien sur ses problèmes écologiques. Avec une ironie quelque fois violente, Wisit Sasanatieng dépeint un monde familier et pourtant totalement étrange où il pleut des casques, où les grand-mères se réincarnent en gecko, où une montagne de bouteilles en plastique surplombe le centre de la ville, et où un homme se prend pour un chien et lèche tout et tout le monde. Avec sa vision poétique et décalée, Citizen Dog n’en reste pas moins un manifeste appelant à vivre sa vie selon ses envies, quelques en soient les conséquences. L’héroïne par exemple vit dans son monde avec un véritable but : comprendre cet étrange livre blanc écrit en langue étrangère. Le héros, de son coté, fait tout avec naïveté pour conquérir l’élue de son cœur.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Visuellement réussi ♥ La satire ♥ L’humour décalé |
⊗ Quelques toutes petites longueurs |
Confirmant Les Larmes du Tigre Noir, Wisit Sasanatieng livre avec Citizen Dog une œuvre quasi parfaite (peut être juste un peu longue), où s’entremêlent rêves, poésie et moments de purs bonheurs. Une vraie belle réussite. |
Titre : Citizen Dog / Mak Nakorn / หมานคร
Année : 2005
Durée : 1h39
Origine : Thaïlande
Genre : Ecolo Pulp
Réalisateur : Wisit Sasanatieng
Scénario : Wisit Sasanatieng
Acteurs : Mahasamut Boonyaruk, Saengthong Gate-uthong, Sawawong Palakawong Na Auttahaya, Chuck Stephens, Raenkum Saninn, Pen-ek Ratanaruang