Une société de produits chimiques tente de promouvoir son image par le biais d’un nouveau porte-parole en vogue, Ricky Coogan. Celui-ci se rend en Amérique du Sud pour voir de lui-même les effets des produits chimiques, et se retrouve dans une ferme habitée de monstres mutants. Elijah, qui fait fonctionner la ferme, est trop heureux de pouvoir tester sa machine à monstre sur un nouveau sujet humain…
Avis de Cherycok :
Film méconnu chez nous, la seule édition trouvable étant une VHS sortie à l’époque chez le fameux éditeur Delta Vidéo, La Cité des Monstres (Freaked en VO) se traine une solide réputation de film culte aux States où il a même eu droit à son édition DVD collector. Ecrit par une bande de dégénérés bossant à ce moment-là pour MTV (lorsque celle chaine valait encore quelque chose), La Cité des Monstres est le digne représentant d’une époque (années 80 / début 90) où le politiquement incorrect avait une grande place dans le cinéma, une époque où on montrait les gens vomir, s’insulter, se faire des bras d’honneur, où on arborait fièrement une succession gags graveleux tous plus à la noix les uns que les autres, où la stupidité assumée et le second degré permanant donnaient lieu à des films tout bonnement ahurissants. La Cité des Monstres, c’est ça. J’en ai vu des craquages de slips, mais celui là, il rentre directement dans le top 5 des trucs les plus improbables qu’il m’ait été donné de voir ! Un film sans temps mort, surprenant de bout en bout, complètement déjanté, qu’on regarde les yeux écarquillés, où se succèdent des gags visuels et des blagues pipi caca complètement cons, mais avec une telle assurance, une telle impertinence, une telle générosité que ça en devient énorme et qu’on ne peut s’empêcher de rire. Attention mesdames et messieurs, La Cité des Monstres, c’est du grand art !
Originellement prévu pour être un film d’horreur à petit budget, le film a connu quelques soucis de pré production. Son scénario subit différentes réécritures, et les pré-tests en public se sont avérés des plus catastrophiques. Il ne connut donc qu’une distribution plus que limitée, sortant dans un tout petit nombre de salles, et fût sans grande surprise un four commercial ayant bien mis dans la merde l’un de ses réalisateurs, Alex Winter (acteur dans Les folles aventures de Bill et Ted, Generation Perdue), qui signait là son premier long métrage. Il faut dire qu’il est compliqué d’imposer sur le grand écran un OFNI (Objet Filmique Non Identifié) à mi-chemin entre un Tex Avery où un Looney Tunes sous stéroïdes et un Troma de la grande époque (La Cité des Monstres fait penser sur bien des points à Toxic Avenger), le tout à la sauce ZAZ (la saga des Y’a-t-il un flic, Hot Shots,…) voire parfois Monty Pythons. Un bon gros délire qui fait très cartoon, jusque dans ses bruitages et ses effets visuels complètement barrés, où vont se croiser des personnages hauts en couleur tels qu’un mec qui ne s’exprime qu’en rigolant ou un autre capable de propulser du vomis avec une vélocité hors catégorie. Oui, tout ceci semble improbable, mais attendez de voir la suite car c’est du délire et du nawak top niveau, et ce dès le générique d’introduction psychédélique sur fond de musique métal avec son chanteur s’écriant quasiment non stop d’une voix poétiquement suave FREAKKKKK !
Puisqu’il va être assez compliqué de réellement décrire ce film assez inclassable, où les gags, les clins d’œil et les références abondent, arborant fièrement son humour de méchant gamin gâté, je m’en vais citer ci-après quelques personnages et autres moments parfois gênants, parfois rentre-dedans, mais tout le temps génialement drôle. Alors, en vrac… Un vieux en fauteuil roulant et un gosse se font éjecter d’un avion de ligne en plein vol. L’histoire émouvante d’une clé à molette transformée en marteau. Un homme chien qui se gratte, debout, l’oreille avec son pied. Un mec qui roule des pelles à une chèvre, un chien sans tête mais avec deux queues. Un héros mi-homme mi-troll qui a du pus qui sort de ses boutons dès qu’il s’énerve. Une Académie des Neufs un peu particulière. Un homme ver de terre qui creuse des tunnels à vive allure. Un homme-nez. Un homme vache (transcription littérale du Cowboy donc). Une femme à barbe interprétée par Mister T (Barracuda dans la série L’Agence Tous Risques) qui confie ses secrets de beauté. L’homme à tête de chaussette. La Flamme Eternelle, authentique pétomane qui produit éternellement une flamme de 30cm avec son cul. L’homme grenouille qui parle… français. Rosie la tête d’épingle qui chante comme une casserole. Un gorille qui chante et danse sur du hip-hop. L’homme animal qui récite du Richard III habillé comme un valet du Moyen-âge. Des globes oculaires rastas armés de flingues et portant des Converses. Un homme grenouille qui attrape avec sa langue un avion de ligne, l’avale, et recrache l’hélice. Une poule bicéphale. Ou encore ce moment à la fois gênant et hautement improbable qu’on regarde avec les yeux à la limite de sortir des orbites, où l’homme nez trait l’homme vache pendant que la flamme éternelle chauffe un ballon de chimie avec les flammes qui sortent de son cul. Une chaussure qui prend vie. Un bazooka « lance produit chimique ». Une flaque humaine. Et la liste est beaucoup plus longue ! Je savais que j’allais vous faire rêver…
La Cité des Monstres, c’est une avalanche de gags complètement cons et déjantés, quasi non-stop tant une connerie est toujours en train de se passer à l’image. Mais surtout le film est surprenant du début à la fin tellement il se moque d’absolument tout. Jeux TV, vieux, enfants, chanteurs, marques,… toute la culture US mainstream est passée à la moulinette pour le plus grand plaisir du spectateur qui n’en finira pas de se marrer comme une baleine. Mais La Cité des Monstres est également très surprenant au niveau de la qualité de ses décors, créés par Catherine Hardwicke, chef décoratrice sur des films tels que Vanilla Sky, Tombstone, Tank Girl, Les Rois du Désert, ou encore… Twilight, mais surtout de ses effets spéciaux pondus par toute une tripotée des meilleurs spécialistes des années 90 dont le célèbre Screaming Mad George à qui l’ont doit certains maquillages et SFX de films tels que Freddy, 3, 4, Society, Faust, Predator, Re-Animator 2, Necronomicon, ou encore Jack Burton Dans les Griffes du Mandarin. Les idées pleuvent au niveau des différents designs des créatures, et ils se sont fait plaisir. Que ce soit dans les maquillages classiques, le stop motion façon Wallace et Gromit ou les animatronics, on est en plein old school à cette époque où l’image de synthèse ne s’était pas encore réellement imposée et le résultat à l’écran tient toujours la route plus de 20 ans après. Mention spéciale aux deux « trolls » géants de la scène finale qui nous abreuvent d’un combat de boxe tout bonnement dantesque !
Et dans tout ce joyeux bordel, toute une tripotée d’acteurs qui semblent s’amuser comme des petits fous, qui n’ont honte de rien, constamment dans le surjeu, certains totalement à contre emploi comme c’est le cas de Brooke Shields, avec en plus quelques sympathiques cameos comme celui de Morgan Fairchild (La maman de Chandler dans Friends). Un petit coup d’œil à certaines scènes du making of trouvable sur youtube confirmeront que même Keanu Reeves, qui interprète l’homme-chien, semble s’éclater comme un malade alors qu’il refusera que son nom figure au générique.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Un gag à la seconde ♥ Incroyablement généreux ♥ Une ode au WTF ♥ Les effets spéciaux à l’ancienne ♥ Rythme effréné |
⊗ Quasi introuvable chez nous ⊗ Faut adhérer à l’humour con |
La cité des Monstres est une vraie perle. Très politiquement incorrect, parfois méchant, souvent très con, imparfait mais généreux comme pas possible, et surtout incroyablement drôle, un chef d’œuvre du gros n’importe quoi, du non-sensique et de l’absurde. |
Titre : La Cité des Monstres / Freaked / Hideous Mutant Freekz
Année : 1993
Durée : 1h20
Origine : U.S.A
Genre : Fucking What the Fuck !?!
Réalisateur : Tom Stern, Alex Winter
Scénario : Tim Burns, Tom Stern, Alex Winter
Acteurs : Alex Winter, Michael Stoyanov, Megan Ward, Randy Quaid, Derek McGrath, Mr. T, Keanu Reeves, Jeff Khan, John Hawkes, Alex Zuckerman, Bobcat Goldthwait, Tim Burns, William Sadler, Brooke Shields, Patti Tippo